Six-Fours présente Rover

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Samedi 8 Avril 2016 | 20H30

Pop / Rock
Tarifs : 15 € Abonnés / 20 € Tarif plein
Concert debout

ROVER
rover-%e2%88%8f-julien-mignot-1Rover a sorti en 2012 un premier album unanimement salué par la critique et le public (disque d’or avec plus de 50 000 ventes et une nomination aux Victoires de la Musique « Révélation du public »), sorte de fulgurance électrique viscérale, drapée d’un velours rouge où il était possible de s’oublier. Rover a donné plus de 200 concerts depuis, a traversé les frontières, croisé les peuples, les âmes, il a compris que ses chansons pouvaient illuminer la vie des autres. Rover ne veut pas que l’indifférence dicte les débats. Il faut l’aimer ou le haïr. Rover a décidé de récidiver.

Quand on le rencontre, on ne peut s’empêcher de voir une silhouette à la carrure colossale et aérienne. Une voix d’ange qui résonne, son calme est une tempête accueillie avec la joie de celui qui n’ignore pas que l’aventure ne peut se passer de la peur. Il ressemble à sa musique : démesuré, mystérieux, généreux, fidèle, pas dupe. Il sait que pour créer des choses d’envergure, il faut d’abord s’abandonner, ne pas tuer l’enfant, au contraire, le pousser, le provoquer, lui murmurer d’aller encore plus loin. Rover fascine parce qu’il commence à enregistrer quand le chemin n’est plus balisé. Quand il a effacé tous ses disques durs internes. Il n’oublie pas d’où il vient et sait surtout que la vie, c’est d’abord la trans- mission, la capacité à préserver cette magie fragile, cet artisanat d’importance, quand le rien se transforme en tout, à condition d’y mettre ce qu’il faut de tripes et d’accidents.

Quand il évoque “Let It Glow”, son deuxième disque oxymore, gorgé de chansons cristallines ou rocailleuses, il parle de nouveau chapitre, il reconnaît que cette fois-ci, il a plutôt laissé faire. Il n’a rien forcé. Rover écrit la nuit, souvent. Pendant neuf mois, tout seul, avec une boîte à rythmes, sa voix, un vieux piano, un CP-70, déniché sur la toile et qu’il est parti récupérer en voiture, en Allemagne, road trip salutaire (“une merveille, un objet très inspirant, dès qu’on le voit, on a envie de s’y mettre”), un enregistreur quatre pistes et toutes ses ombres qui valsent autour de lui. Il se découvre ainsi, il se surprend, remonte les époques, même celles qu’il n’a pas vécues, surtout celles qui n’ont jamais existé et avance. Il préfère les bandes aux ordinateurs. Pas un snobisme, il aime trop la musique pour s’offrir des œillères. « On n’a pas à la voir, la musique” dit-il. Et puis, le numérique empêche le travers, l’erreur. Il encadre, contraint. La perfection est un mythe, une course folle et perdue d’avance. Ce n’est pas pour lui.

Rover a réalisé l’album lui-même, l’a enregistré dans un studio breton , Kerwax, accompagné de Christophe Chavanon (maître des lieux et magicien du son) et d’Arnaud Gavini (fidèle batteur de la première tournée), avec des amplis aux lampes capricieuses, des instruments qui sonnent différemment selon la météo, l’heure de la journée… Analogique. “Choisir des instruments qui ont déjà vécu, c’est comme choisir une vieille voiture, c’est opter pour une non fiabilité, pour quelque chose qui peut avoir ses caprices. On sent qu’il y a des fantômes. Et pour celui qui est à l’écoute, ils peuvent devenir de vrais partenaires.” Un album qui a

privilégié les accidents, l’instinct, le laisser-aller donc. Quant au mastering, il a été confié à Bob Ludwig (Led Zeppelin, Nirvana, Radiohead, Beck, Daft Punk…) dont les studios sont situés à Portland.

Rover : “J’ai très vite chassé cette angoisse du deuxième disque. De toute façon, la peur, les angoisses, les doutes, j’essaye toujours d’en faire des alliés. D’exploiter ces émotions plutôt que d’aller à l’encontre. Et le disque parle beaucoup de ça en réalité. D’une angoisse liée à l’être humain et qui m’obsède indirectement à l’écriture. J’aimerais que les gens écartent les murs, qu’ils n’aient plus peur de l’avenir, que les gens aient confiance. Cette peur omniprésente notre époque est quelque chose de sournois, qui permet de contenir certaines attitudes. Et je sens que ça se répercute sur l’art, sur beaucoup de choses, sur les relations amoureuses, amicales. Il y a des sujets qui ressortent de façon constante comme l’épanouissement contrarié, la crainte de demain au sens propre, la crainte du changement, de l’autre… Les phobies et les névroses. Avec ce disque, je voulais voir le côté positif de tout ça. Je crois foncièrement que tout ça peut être apprivoisé, il faut accepter que tous ces sentiments planent autour de nous. Il faut assumer son époque, ce qui est bien comme ce qui ne l’est pas. Ne serait-ce que le titre du disque, “Let It Glow”. Ça signifie : laisser les choses s’illuminer, briller par elles-mêmes. Ne pas les cloisonner, ne pas avoir le contrôle sur tout. Il existe aujourd’hui cette volonté de tout cadenasser, de tout écrire en fin de compte… Les choses sont mieux maîtrisées dès lors qu’on leur fait confiance. Et du coup, toute l’écriture du disque est là-dessus, tout l’enregistrement, la façon de procéder, avec qui je m’entoure, chaque micro détail est motivé par ça, par cette volonté de ne pas être dans le bluff et d’assumer ses défauts. Il ne s’agit pas de tout montrer, au contraire même mais de recréer le rêve dans son aspect le plus noble. Cet album, c’est aussi assumer le présent. Le présent angoisse, il est sans cesse en train de nous échapper. Le passé, on peut l’embellir, en faire ce que l’on veut, et avec le futur, on peut rêver ou cauchemarder. Le présent, c’est tout assumer : son corps, son âge, ses capacités, c’est être en face du miroir.”

“Let It Glow” est un disque non pas de son époque mais pour son époque. Rover allume une torche qu’il tend ensuite vers les cieux. C’est Bowie, Lennon et tous ceux qu’on voudra bien retrouver. Rover n’est pas un usurpateur. Et mérite mieux que des étiquettes paresseuses de toute façon. Et sa musique, très vite, écrase les facilités. Est-elle pop, est-elle rock ? On ne sait pas et à vrai dire, on s’en moque.

 

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