Sans-Domicile : Objectif Zéro !

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Aujourd’hui, la Fondation Abbé Pierre lance un appel adressé aux candidat(e)s à l’élection présidentielle.

Mesdames, messieurs les candidat-es à l’élection présidentielle,
« Une société civilisée ne peut tolérer sur ses routes des comportements barbares », déclarait Jacques Chirac en 2002.
Poussé par la société civile, le président de la République décidait alors que la France ne pouvait plus laisser 8 000 d’entre nous mourir sur les routes chaque année.
Aussitôt, faisant de ce chantier une « grande cause nationale », un grand plan était édicté. Trois ans plus tard, on comptait 3 000 morts de moins par an.

3 000, c’est le nombre de morts de la rue estimé annuellement en France. Pourtant, sur ce sujet également, l’approche à adopter est désormais bien connue : sortir de la précarité les 143 000 personnes sans-domicile, dont 30 000 mineurs, en leur proposant un vrai logement pérenne, avec un accompagnement renforcé si besoin, au lieu de les assigner encore et toujours à des places d’hébergement d’urgence ou à des hôtels inadaptés et coûteux pour la puissance publique.

Il y a urgence : le nombre de sans-domicile a bondi de 50 % entre 2001 et 2012 et a sans doute augmenté encore depuis.

La France est un pays riche, qui a su, au cours des Trente Glorieuses, éradiquer les bidonvilles.

Il a les moyens d’en finir avec le scandale des sans-domicile, en moins de cinq ans dans les villes petites et moyennes, et en moins de dix ans dans les métropoles.

Cela suppose d’agir en même temps et durablement sur plusieurs leviers à la fois : attributions Hlm aux personnes sans-domicile, production de 150 000 logements vraiment sociaux par an, mobilisation chaque année de 40 000 propriétaires privés pour louer leur logement à des personnes en difficulté, accueil digne des personnes migrantes, limitation au maximum des expulsions locatives.

Cette ambition, appuyée sur l’expertise de nombreux acteurs et de la Fondation Abbé Pierre, doit être portée avec volontarisme par l’État et adossée à une loi de programmation financière pluriannuelle, mais mise en oeuvre par nous tous : élus locaux, bailleurs privés ou sociaux, associations, bénévoles, simples citoyens, mal-logés.

Les solutions qui marchent sont connues, à bien des égards elles sont déjà mises en oeuvre ici ou là, en France ou à l’étranger.

Reste à les généraliser en nous assignant une obligation de résultat : ne plus laisser personne, homme, femme, enfant, sans un vrai logement pour se reposer, se ressourcer, se reconstruire. Pour vivre tout simplement. Nul besoin d’un nouveau diagnostic ou d’une nouvelle grande loi pour agir en ce sens.

Tout est sur la table, reste maintenant à agir avec détermination. C’est pourquoi nous vous demandons de vous engager solennellement à mettre en oeuvre ce plan dès votre arrivée au pouvoir.

Ainsi, comme l’avait dit l’abbé Pierre lorsqu’il avait pris la parole devant le pays au matin du 1er février 1954 : « Aucun homme, aucun gosse, ne couchera ce soir sur l’asphalte ou les quais de Paris ». De Paris et d’ailleurs.

Merci.

1 COMMENT

  1. ZERO SDF, C’EST POSSIBLE

    Tel est l’appel lancé lundi par la fondation Abbé Pierre à tous les candidats à la Présidentielle. Son directeur des études, Manuel Domergue en a exposé la faisabilité.

    « Il y a plusieurs leviers à actionner pour atteindre cet objectif en 5 ans dans les villes moyennes, 10 ans dans les métropoles. Cela passe d’abord par un changement de philosophie sur le logement comme priorité.

    Mais s’il fallait identifier un outil que l’on peut utiliser rapidement pour aider les personnes à la rue, ce serait celui du parc social qui appartient à la collectivité. Il y a 500 000 attributions de logements sociaux par an pour 143 000 personnes sans domicile.

    Question : Comment se fait-il que les ménages qui ont les plus bas revenus aient moins de chances d’accéder aux HLM ? »

    M. Domergue :  » C’est paradoxal mais il y a, en effet, plus de barrières pour ce public. Cela s’explique par des attitudes de frilosité des élus locaux et des bailleurs sociaux qui ne souhaitent pas accueillir des personnes en grande difficulté ou des migrants. Ensuite il existe une difficulté structurelle à entrer dans le parc social où les loyers sont trop élevés, voire en augmentation pour les constructions les plus récentes.

    Quand on touche les minima sociaux on ne peut pas atteindre le taux d’effort demandé. Enfin il existe la préférence communale : des villes qui acceptent des pauvres mais uniquement ceux de leur commune. »

    Question : quels leviers faudrait-il renforcer ?

    M. Domergue : « D’abord il faut établir un système de cotation transparent qui permettrait des baisses de loyer si nécessaire en aidant les bailleurs, ou des aides en termes d’accompagnement des ménages pour remplir les obligations administratives et s’insérer dans le logment social.

    Ces dépenses sont des investissements qui permettent ensuite de faire des économies sur les soins et l’hébergement. »

    Entretien réalisé par Ixchel Delaporte
    paru dans « l’Humanité « 4/4/17

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