Saint-Raphaël : La Compagnie des Philosophes

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Il est partout question d’identité. Personnelle, collective, culturelle… Mais en quoi consiste cette notion ? Comment a-t-elle évolué ? Pourquoi est-elle devenue l’objet de tant de conflits et de débats ? Pour avancer dans cette réflexion, une journée d’analyses, dix philosophes, et vos questions.

Vendredi 5 mai 2023
09h00 à 20h30
Palais des Congrès
101 Quai Commandant le Prieur
83700 Saint-Raphaël

Programme

09 h 00 – 09 h 30 ouverture
Par Frédéric Masquelier, Maire de Saint-Raphaël, Président d’Estérel Côte d’Azur Agglomération

Introduction de Roger-Pol Droit
Pourquoi l’identité ?
09 H 30 – 10 H 00 Les paradoxes de l’identité par Sophie Nordmann
Que deviennent les identités ? se demande-t-on. Mais une identité peut-elle seulement devenir ? Si le propre de l’identité est de demeurer identique, comment une identité peut-elle être soumise à la temporalité du devenir ? Ce paradoxe logique n’est pas purement spéculatif : il touche à des questions existentielles, sociales et politiques qui résonnent avec notre temps, et nous invite à penser ce qu’on entend, en réalité, par identité.

Sophie Nordmann est normalienne, agrégée, docteur et habilitée à diriger des recherches. Elle est actuellement professeur à l’École pratique des hautes études, et directrice de la Maison des étudiants de la francophonie à la Cité internationale universitaire de Paris. Elle a notamment publié Du singulier à l’universel. Essai sur la philosophie religieuse de H. Cohen, Philosophie et judaïsme : H. Cohen, F. Rosenzweig, E. Levinas, Levinas et la philosophie judéo-allemande, et Phénoménologie de la transcendance. Elle co-dirige, avec Mazarine Pingeot,  la collection « Disputatio » aux éditions Mialet- Barrault.

10 H 00 – 10 H 30 Identité, singularité, unicité par Paul Audi
Il arrive que l’on confonde ces trois notions, dans la mesure où elles se rapportent toutes les trois à l’individualité d’un être. Leur différence existe pourtant, mais elle a besoin pour surgir de la philosophie, voire de l’éthique. Une fois surgie, elle permet de comprendre en quoi et à quel point le processus de l’identification peut être « réducteur » pour la reconnaissance de soi.

Paul Audi est agrégé de philosophie et docteur en philosophie. Il est membre statutaire de l’équipe de recherches PhiléPol (Université Sorbonne Paris Descartes) et membre du Comité de rédaction de la revue Cités. Il est l’auteur de plus d’une trentaine d’ouvrages dont la plupart sont consacrés aux relations entre l’éthique et l’esthé­tique en Occident, au cours des Temps Modernes. Bibliographie sélective : Supériorité de l’éthique (Champs-Flammarion, 2007) ; Créer. Intro­duction à l’esth/éthique (Verdier, 2010) ; Qui témoignera pour nous ? Albert Camus face à lui-même (Verdier, 2013) ; Analyse du sentiment intérieur (Verdier/poche, 2017) ; Réclamer justice (Galilée, 2019) ; De l’érotique (Verdier/poche, 2021) ; Liberté, égalité, singularité. Rousseau en héritage (Vrin, 2021) ; Troublante identité, Stock, 2022.

11 H 00 – 11 H 30 L’identité trouble de l’enfance Par Vincent Delecroix
Occupé à regarder l’enfance comme un âge préparatoire, dont la vie adulte doit constituer le but, on n’y observe que la tâche difficile et contrariée de se construire une identité. Oubliant un instant ce but supposé, on voudrait ici la considérer à l’inverse comme un état dans lequel on se défait perpétuellement de son sortilège et de son assignation : non pas une identité en devenir, mais une manière, ou des manières, peut-être bienvenues, de troubler le règne mortifère de l’identité.

Vincent Delecroix est philosophe et romancier. Normalien, agrégé et docteur en philosophie, il est actuellement directeur d’études à l’École Pratique des Hautes Études en philosophie de la religion. Spécialiste de la philosophie de Kierkegaard, il a aussi publié des essais sur le thème de la perte, de la négation et de la consolation. Il a reçu le Grand prix de littérature de l’Académie française pour son livre Tombeau d’Achille et l’ensemble de son œuvre. Dernières publications : Consolation philosophique, Paris, Payot et Rivages, 2020 ; Leur enfance, Paris, Payot et Rivages, 2022.

11 H 30 – 12 H 00 De la nécessité d’un retour à Hegel Par Christian Godin
La prolifération des ouvrages et des discours sur le thème de l’identité, qu’elle soit subjective ou collective, est davantage le symptôme d’une crise que celui d’une certitude. Le démantèlement de l’identité auquel nous assistons actuellement produit par contrecoup la revendication d’identités à la fois rigides et abstraites, qui occupent l’espace au lieu de se penser dans le temps. Pas d’identité sans la non-identité, nous rappelle Hegel, c’est-à-dire sans le travail du négatif, en d’autres termes sans altérité, sans différence, et même sans aliénation.

Né en 1949, Christian Godin a enseigné la philosophie au lycée, puis à l’université. Il est l’auteur d’une soixantaine d’ouvrages, certains à destination du grand public (La Philosophie pour les Nuls, plusieurs fois rééditée), d’autres de nature universitaire (La Totalité, 7 volumes, Champ Vallon 1997-2003) ; une troisième catégorie étant constituée par des essais touchant le monde contemporain (Le Triomphe de la volonté, Champ Vallon, 2007 ; La Haine de la nature, Champ Vallon, 2012 ; Ce que sont devenus les péchés capitaux, Les Éditions du Cerf, 2016 ; Qu’est-il arrivé à la beauté ?, Kimé , 2019 ; La Société schizophrène, Pocket Agora, 2021). Christian Godin est par ailleurs rédacteur en chef de la revue trimestrielle Cités.

14 H 00 – 14 H 30 Le fil conducteur du multiple par Frédérique Ildefonse
Que devient l’identité quand nous nous rendons sensibles à la multiplicité que nous éprouvons, c’est-à-dire lorsque nous ne l’écrasons pas sous des concepts tout faits que nous ne prenons pas la peine d’interroger ? Quelle est la leçon que nous pouvons tirer des textes de l’Antiquité grecque, quand précisément nous ne projetons pas sur eux des concepts modernes qui recouvrent et saturent d’emblée la nouveauté qu’ils permettent d’approcher ?

Frédérique Ildefonse est directrice de recherche au CNRS et travaille principalement sur l’Antiquité grecque, entre philosophie et anthropologie. Elle a publié Le multiple dans l’âme. Sur l’intériorité comme problème (Vrin, 2022), Il y a des dieux (PUF, 2012), Les Stoïciens I. Zénon, Cléanthe, Chrysippe (Les Belles Lettres, 2000) et La naissance de la grammaire dans l’Antiquité grecque (Vrin, 1997). Elle a traduit le Protagoras de Platon (GF-Flammarion, 1997), les Dialogues Pythiques de Plutarque (GF-Flammarion, 2006) et, avec J. Lallot, les Catégories d’Aristote (Seuil, 2002). Elle a co-dirigé, avec G. Aubry, Le moi et l’intériorité (Vrin, 2008), avec C. Darbo-Peschanski, L’acte fou (Classiques Garnier, 2017), avec C. Brunet et S. Laugier, Variations Claude Imbert (T&P Publishing, 2019).

14 H 30 – 15 H 00 Les Limites De l’identité par Ilaria Gaspari
Ce que les écoles de la Grèce antique peuvent nous apprendre sur l’art paradoxal de devenir ce qu’on est.
Ilaria Gaspari est née à Milan mais vit maintenant à Rome. Ancienne élève de l’ENS de Pise, elle est Docteure de recherche en Philosophie de l’Université Paris I Panthéon-Sorbonne. Auteure d’essais et romans traduits en plusieurs langues, y compris le français (les derniers : Leçons de bonheur, et Petit manuel philosophique à l’intention des grands émotifs, les deux parus aux PUF, dans la traduction de Romane Lafore), elle collabore avec journaux et radios et anime un atelier d’écriture en Italie.

15 H 00 – 15 H 30 Déplacer la lune de son orbite. L’identité de la Grèce de l’antiquité à aujourd’hui à travers sa réinvention (et son vol) par Andrea Marcolongo
Pourquoi avons-nous tant besoin de placer toute origine de notre identité en Grèce ? Cette antiquité que nous croyons originaire a-t-elle vraiment existé, ou bien avons-nous eu besoin de la réinventer, pour en constituer les bases de notre modernité ? Et si, un jour, la Grèce nous demandait la restitution de toutes les idées que nous lui avons prises pendant les siècles, que resterait-il de notre identité ?

Andrea Marcolongo est née en 1987 en Italie. Helléniste et diplômée de Lettres classiques de l’Università degli Studi de Milan, elle est l’autrice de La Langue géniale, La Part du héros, Étymologies et L’Art de résister. Ses livres sont traduits dans 28 pays et comptent plus de 400 000 lecteurs. Elle vit désormais à Paris et est vice-présidente des Écrivains de Marine. Elle est aussi membre du jury du prix du Grand Continent et écrit pour Le Figaro et La Stampa. Son dernier ouvrage est paru en avril 2023, chez Stock, dans la collection « Ma nuit au musée » sous le titre Déplacer la lune de son orbite.

16 H 00 – 16 H 30 « Le moi, je le mets loin de moi », introduction à la pensée de Clément Rosset sur l’identité par Raphaël Enthoven
Et si, pour vraiment comprendre ce qui est en jeu dans la question de l’identité, il fallait commencer par mettre de côté ses aspects subjectifs, personnels, égocentrés ?

Après avoir travaillé au Magazine Lire, Raphaël Enthoven a participé au lancement de Philosophie Magazine où il tient une rubrique régulière depuis le premier numéro, dont les textes ont été rassemblés dans trois recueils parus chez Gallimard (L’endroit du décor, Le Philosophe de service et Matière Première). Son premier livre, à mi-chemin de l’essai et du roman, Un jeu d’enfant – la philosophie, est paru chez Fayard en 2007. Tout en concevant et animant l’émission « Philosophie » sur ARTE, il a produit et animé, Les Nouveaux chemins de la connaissance, proposant aux auditeurs de France-Culture une heure quotidienne de philosophie, d’histoire de l’art et de littérature. Prix Fémina de l’Essai pour le Dictionnaire amoureux de Marcel Proust, co-écrit avec Jean-Paul Enthoven (éditions Plon/Grasset il a publié Morales Provisoires aux éditions de l’Observatoire, puis Nouvelles morales provisoires qui reprennent l’ensemble de ses chroniques. Son dernier roman, Le Temps gagné,  est paru aux éditions de l’Observatoire.

16 H 30 – 17 H 00 Faut-il se méfier des politiques de l’identité ? par Manon Garcia
Mon idée est de prendre au sérieux la question de savoir si ce que l’on appelle communément identity politics (féminisme, antiracisme, etc.), et en particulier la façon dont ces positionnements façonnent le questionnement philosophique, mettent en danger la capacité pour la philosophie de dire le vrai sur le monde et si elles impliquent nécessairement une forme de relativisme moral et culturel. Je répondrai par la négative.

Manon Garcia est philosophe, spécialiste de philosophie morale et politique et de philosophie féministe. Normalienne, agrégée et docteure en philosophie, elle a enseigné la philosophie à Harvard et à Yale et est désormais professeure junior à Freie Universität à Berlin. Elle est l’autrice d’On ne naît pas soumise, on le devient (Flammarion, 2018) et de La Conversation des sexes, philosophie du consentement (Flammarion, 2021) qui a reçu le Prix des Rencontres philosophiques de Monaco 2022. Elle a également dirigé le volume Textes-clés de philosophie féministe : Patriarcat, savoirs, justice (Vrin, 2021). 

17 H 00 – 17 H 30 Devenir quelqu’un pour cesser de l’être par Tristan Garcia
Comment articuler des politiques de la reconnaissance, qui réclament la visibilisation des personnes invisibilisées, et des politiques d’émancipation attachées à l’idéal de l’anonymat, du quelconque, critiques de toute identification ou fixation de l’identité ?

Tristan Garcia est né en 1981. Il est philosophe et romancier. Il enseigne la philosophie à l’Université de Lyon III. Il a publié plusieurs ouvrages, traités de philosophie et romans, dont Forme et Objet (réédité en collection de poche PUF, Quadrige), Nous (Grasset, réédité au Livre de Poche), La Vie Intense (Autrement), le livre d’entretiens L’architecture du possible (avec Jean-Marie Durand, PUF) et du côté de la littérature, La meilleure part des hommes, Mémoire de la jungle, 7, ou Âmes (premier volume de son Histoire de la souffrance), parus dans la collection Blanche de Gallimard. Laisser être et rendre puissant, son dernier ouvrage de métaphysique, a paru aux PUF cette année.

18 H 59 – 20 H 30 L’identité, grandeur et décadence ?
Grand débat avec tous les intervenants.

Informations
Gratuit sur réservation à l’accueil du Centre Culturel : 04 98 11 89 00 – billetterie@ville-saintraphael.fr

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