Retrouver le dialogue par les territoires

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L’enchaînement des violences depuis maintenant près d’un mois ; la mobilisation accrue d’une large frange de la population où se côtoient jeunes, seniors, chômeurs, artisans, retraités, salariés du public et du privé, indépendants….et le soutien de la Nation toute entière à ce mouvement ne peut laisser personne indifférent.

Aujourd’hui, notre système démocratique vacille. Depuis 250 ans, garant de cohésion sociale, il a permis à tout un peuple de s’élever ; il a fait avancer les droits des plus démunis, les droits de l’homme.

Par les contre-pouvoirs institutionnels mis en place par nos constituants, nos libertés ont été affirmées puis protégées.

Notre liberté d’expression reste une des plus avancée d’occident ; les droits de l’opposition ont toujours été préservés.

Et pourtant ce système qui a fait la France vacille aujourd’hui sous les coups de boutoir d’un peuple qui hurle sa colère de ne pas être entendu par ses dirigeants.

Estimant ne plus pouvoir faire confiance aux élus, aux partis politiques, aux syndicats, ce peuple de France en appelle à une forme de gestion citoyenne directe « sans intermédiaire ».

Cette nouvelle forme de mobilisation non structurée, protéiforme, jouant à saute-mouton avec les corps intermédiaires afin d’interpeler directement le Président de la République, traduit au bout du compte une certaine ubérisation de la démocratie, une démocratie 3.0 qui se passe allègrement de toute forme d’intermédiaire.

En voulant casser les codes, basculer dans un nouveau monde, Emmanuel MACRON n’a-t-il pas allumé une mèche lente par le choix de ses futurs députés candidatant sur internet ? En rabaissant le rôle de l’Assemblée Nationale, en « jupitérisant » le pouvoir à l’Élysée, Emmanuel MACRON n’a-t-il pas, malgré lui, contribué à faire disparaître les corps intermédiaires ?

Aujourd’hui, le voilà seul face à cette contestation. Aucune approche graduelle de la concertation n’est possible, c’est un face à face qui nous mènera droit dans le mur.

Désormais, il faut retrouver le dialogue, et devant le blocage actuel redonner la main aux territoires qui doivent être les moteurs de cette consultation car enfin, cette révolte de la France périphérique était annoncée par beaucoup depuis bien longtemps.

Quand les services publics fuient la ruralité ; quand la téléphonie mobile ne couvre pas encore la totalité de nos campagnes et que les opérateurs annoncent la fin des lignes fixes ; quand la formation, les transports désertent la ruralité ; quand une route est coupée depuis près de 10 ans suite aux inondations et qu’aucune solution n’est avancée pour la rouvrir ; quand les services de l’État imposent toujours plus de contraintes aux élus locaux ; quand le pouvoir d’achat de nos concitoyens baisse, qu’ils ne sont plus en mesure de se loger décemment …à quoi peut-on s’attendre sinon une flambée de violence dont tous les signaux avaient été remontés aux représentants de l’État dans chacun des départements.

Nous devons retrouver le chemin du dialogue en organisant au niveau de chaque département une conférence territoriale afin de mettre sur la table tous les sujets irritants.

Cela fait plus d’un que je la demande ici, dans le Var.

Ne pas vouloir s’ouvrir à la discussion, occulter nos difficultés comme on pousse la poussière sous le tapis ne peut qu’amener une crise populaire et son corolaire : la violence.

Il est donc urgent d’instaurer sine-die dans chaque département une conférence territoriale sous forme d’états généraux départementaux qui pourrait dans un premier temps, et parce qu’il y a urgence, décliner un plan de transition écologique dans lequel État, Région, Département, Intercommunalités et Communes accompagneraient nos concitoyens afin de ne pas les laisser seuls face à la fiscalité écologique. La tenue de ces états généraux départementaux lors du 1er semestre 2019 nous amène à proposer un moratoire pour la même période sur toute augmentation de taxes, particulièrement celles liées à la transition écologique.

Chacun l’aura bien compris, ce plan de transition devant être la porte d’entrée à des discussions portant sur le mieux vivre de nos classes moyennes sur nos territoires : transport, formation, accès aux services publics, accès au logement décent, peuvent trouver des solutions au niveau de nos territoires pour peu que l’État assiste les collectivités.

« Avec la parole, on ne se perd jamais » affirme un dicton africain. Il est grand temps d’ouvrir un dialogue franc et sincère avec toutes et tous, avant qu’il ne soit irrémédiablement trop tard.

Olivier AUDIBERT-TROIN
Président de la Communauté d’Agglomération Dracénoise
Ancien Député du Var

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