Prise en charge des prothèses à 100% … qui paiera?

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La plupart des candidats à la présidence de la République annoncent la prise en charge à 100% de la prothèse dentaire. Pour la CNSD, c’est une approche restrictive de la santé bucco-dentaire.

Il y a 40 ans, pour pallier l’absence d’investissement de l’Assurance maladie dans le secteur bucco-dentaire, les politiques ont choisi de libérer les honoraires de prothèse et de l’orthodontie. Ils ont ainsi fait de ces deux secteurs la variable d’ajustement des évolutions des techniques, des coûts et des charges des cabinets dentaires.

Ce qui ne devait être qu’une disposition transitoire s’est inscrite dans la durée et c’est ainsi que le secteur à honoraires libres a permis aux politiques de se dédouaner du problème dentaire. Progressivement, ce secteur est devenu majoritaire et concurrentiel: il attise les convoitises d’acteurs qui en ont fait un business (low-cost, tourisme dentaire, réseaux de soins).

Aujourd’hui, prothèses, orthodontie et soins non pris en charge représentent 20% du volume des actes bucco-dentaire et financent l’ensemble du secteur. La prévention ne concerne que quelques catégories de français (enfants, adolescents et femmes enceintes). De nombreux actes qui permettent d’éviter de faire de la prothèse ne sont pas pris en charge, et sont donc difficilement accessibles aux patients.

C’est une réforme globale que la Confédération Nationale des Syndicats Dentaires (CNSD) réclame depuis des années. Permettre de prendre en charge plus précocement, de réaliser des actes selon des techniques modernes et conservatrices, mettre en place une véritable éducation thérapeutique, rendre ses financements aux interventions dans les écoles et donner un véritable choix aux patients : il ne sert à rien de rembourser la prothèse à 100% s’il n’y a pas de véritable incitation aux soins précoces.

Tout ça ne pourra se faire sans investissements. Les politiques doivent l’entendre et ne pas mentir aux Français en leur vendant des prises en charge à 100% : le reste à charge des patients représente 2,4 milliards d’euros … qui le paiera ? Certainement pas les chirurgiens-dentistes qui supportent depuis 17 ans une partie du coût de la CMU-C, par des tarifs imposés en dessous des pratiques habituelles.

Marisol Touraine, par sa vision étatique, a réussi à dresser contre elle l’ensemble du monde dentaire: chirurgiens-dentistes, étudiants, internes, enseignants, prothésistes, personnel des cabinets dentaires : ils viendront crier leur colère le 3 mars à Paris.

La CNSD demande à tous les candidats à la présidence de la République de ne pas tomber dans les raccourcis démagogiques, de ne pas reproduire les mêmes erreurs, et de faire des propositions globales, intelligentes et réalistes. C’est à cela qu’ils seront jugés.

 

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