Précarité : « On est en crise humanitaire en France aujourd’hui », alertent les associations caritatives

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Auditionnées au Sénat trois associations caritatives ont alerté sur l’aggravation de la précarité depuis la crise sanitaire.

Les Sénateurs ont démarré un cycle d’audition en écoutant les acteurs de terrain. La Croix-Rouge, ATD Quart-Monde et Caritas France.
« Dans ce pays, un certain nombre de Français souffrent de la faim. Cela doit tous nous amener à nous interroger », Thierry Couvert-Leroy délégué national « lutte contre les exclusions » de la Croix-Rouge française, il parle d’une « intensification de la grande pauvreté ».

Les confinements successifs et la chute de l’activité économique viennent aggraver une situation qui n’avait pas besoin de ça pour être catastrophique dans une puissance économique du rang de la France. « En maraude, c’est 86 % de personnes qui ont été rencontrées en plus », témoigne le délégué national. Sur 22 000 personnes rencontrées, 6 000 sont des enfants. C’est plus du quart. : « On est en crise humanitaire en France aujourd’hui », résume Isabelle Bouyer, déléguée nationale d’ATD Quart-Monde.

« La crise du covid-19 est un accélérateur des dynamiques, elle est révélatrice de ce qui était déjà en cours », déclare Daniel Verger, responsable du département études, recherches et statistiques du Secours catholique, qui évalue la hausse du recours à l’aide alimentaire de 25 à 40 %.
« 8 millions de personnes qui font appel aujourd’hui à l’aide alimentaire, c’est quand même l’indicateur majeur de l’échec de la lutte contre la pauvreté en France », selon lui. Ils étaient 5,5 millions en 2019, selon un rapport de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas), sans compter ceux et celles qui sont loin des caméras, isolés dans nos campagnes.
En 2015, nous avions accompagné le Préfet du Var Mr Soubelet en maraude dans l’agglomération Toulonnaise et le constat était déjà glaçant. Depuis il est de bon ton pour un Préfet arrivant à Toulon de passer une soirée à la rencontre des « Sans domicile fixe » en présence de la presse. En 2015, nous ne connaissions pas encore la crise sanitaire et pourtant, nombreux étaient ceux qui guettaient l’arrivée du camion du Samu Social. Depuis notre département, les choses ont changé … c’est pire!
Avec ces associations nous regrettons le traitement dans l’urgence de cette pauvreté qui ne date pas de l’arrivée de la Covid-19. « Quand on donne 150 euros à une famille pendant cette période, ça ne peut être qu’un pansement », considère Isabelle Bouyer, d’ATD Quart-Monde. « La réponse ne peut être que structurelle », ajoute-t-elle, mécontente de constater que l’aide alimentaire « s’institutionnalise », comme une fatalité. Depuis 1985, les resto du coeur font un travail merveilleux, exceptionnel mais 36 ans après est-ce normal quand dans le même temps les boursicoteurs et les actionnaires ont fait du gras?

Aujourd’hui les plus jeunes viennent grossir les rangs de ces laissés pour compte.  « On ne peut que saluer les différents dispositifs que le gouvernement met en place – un jeune une solution, la généralisation de la garantie jeune – mais il manque le aller vers, comment aller vers les jeunes? ». selon Thierry Couvert-Leroy, délégué national « lutte contre les exclusions » de la Croix-Rouge française.

Pour rappel, le seuil de pauvreté correspond à 60 % du niveau de vie médian de la population, soit un peu plus de 1 050 euros.
Nous avons le sentiment de répéter en permanence le même discours – « on est en audition tous les jours », constate Isabelle Bouyer.

Le plus dur commence pour la mission sénatoriale, qui a six mois pour proposer autre chose que de belles et bonnes intentions car osons le dire simplement en février 2021, 100Md€ seraient « évadés » au Luxembourg ! Alors qu’on ne vienne pas nous dire qu’il n’y a pas d’argent et n’oublions pas ce que disait Victor Hugo « C’est de l’enfer des pauvres qu’est fait le paradis des riches »
Laurent di Gennaro


Isabelle Bouyer, déléguée nationale d’ATD Quart Monde, s’est exprimée le 9 février 2021 devant la mission d’information du Sénat sur la précarisation.

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