Plutôt que des chartes, il faut une vraie politique publique de sortie des pesticides !
La Confédération paysanne du Var encourage l’entente de tous les acteurs du territoire. Chaque citoyen est en droit de savoir ce qu’il y a dans son alimentation et son environnement direct. Il est en droit de se savoir en sécurité alimentaire et environnementale. Mais il est aussi en devoir de faire la démarche de comprendre les particularités et les contraintes du métier de paysan. Le territoire a besoin de ses paysans, garants d’une autonomie alimentaire et le Var, département viticole, a besoin de ses paysans viticulteurs qui génèrent une dynamique économique et paysagère.
Le gouvernement a lancé une consultation publique sur les textes encadrant l’utilisation des pesticides*1 à proximité des habitations. La Confédération paysanne qui a participé comme les autres organisations syndicales aux réunions organisées avant l’été n’a, elle, pas changé de position.
Pour nous, l’urgence est à une vraie politique publique de sortie des pesticides. A savoir : l’interdiction des produits les plus toxiques – les cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques (CMR) et perturbateurs endocriniens (PE) – et l’accompagnement pour une transition du modèle agricole. C’est ce qui permettra, au final, la sortie des pesticides.
Pour la Confédération paysanne, ces chartes, fausse solution par excellence, sont d’abord là pour protéger la logique agro-industrielle face aux inquiétudes montantes de la population. La réalité est que ces chartes ne répondent en rien à l’enjeu sanitaire réel, elles n’ont pas de statut juridique défini et illustrent le désengagement de l’État à légiférer sur la question des pesticides. La mise en place de distances d’interdiction d’utilisation de pesticides à proximité des lieux d’habitation ou de travail, quelles qu’elles soient, ne protège pas les riverain.e.s, encore moins les paysan.ne.s. Certes, dans certaines situations, cela peut limiter les risques d’intoxications aiguës. Mais les pesticides se retrouvent dans l’air, l’eau, les sols, l’alimentation et des distances n’y changeront rien.
La meilleure manière de protéger les paysan.nes et l’ensemble de la population est d’interdire les substances les plus toxiques et de permettre aux paysan.ne.s de regagner en autonomie. Pour cela, il faut mettre en place des politiques publiques accompagnant le changement de pratiques et garantissant le déploiement des alternatives sur leurs fermes. Il est donc urgent de soutenir les paysan.nes en régulant les productions et en sortant des accords de libre-échange, pour leur assurer une meilleure valorisation de leur production.
*1 Tous les pesticides, y compris ceux en AB, sont concernés par les dispositions des futures chartes. Seuls ne sont pas concernés les produits de biocontrôle, les substances de base, et les substances à faible risque.
Confédération paysanne du Var
Isabelle Bouvier, Hubert Barret, Vincent Arcusa