Co-président de l’UJFP (Union juive française pour la paix), Pierre Stambul est un familier de Toulon et du Var, invité à plusieurs reprises par des associations sensibilisées de longue date, comme VPJM, par la colonisation de la Palestine et ses conséquences politiques et humaines.
Le 25 février 2016, il était l’hôte, dans les locaux de la F.O.L, de l’association « Mouvement d’organisation pour une culture alternative ». Devant un auditoire fourni et concerné Pierre Stambul, de retour de Cisjordanie, a évoqué avec beaucoup de sensibilité, de connaissances du terrain, de lucidité, de réflexions sur l’histoire…l’insoutenable situation faite au peuple palestinien victime d’une occupation militaire et civile, d’une véritable exclusion de son propre sol !
Une aggravation telle qu’elle ne peut s’expliquer que par la passivité, pour ne pas dire la complaisance, des grandes puissances, Etats-Unis, Union européenne, France comprise qui, au mépris des résolutions de l’ONU, continuent de banaliser l’annexion de territoires, le blocus de Gaza, le mur (pas celui des Lamentations) qui conduisent la majorité des Palestiniens à s’exiler et ceux qui restent à subir l’occupation, les violences et les humiliations permanentes qui s’ensuivent. Toute résistance ou riposte, inévitable, étant considérée comme un acte de guerre par…les occupants !
Pierre Stambul y est d’autant plus sensible qu’il est un fils de résistants juifs et communistes, dont le père fut déporté et mourut dans les camps nazis. Beaucoup de « handicaps » sans doute pour que sa parole et son action avec l’UJFP soient relayées par les médias bien pensants beaucoup plus ouverts à la politique coloniale de l’Etat d’Israël qu’il ne faut pas critiquer de peur d’être taxé d’antisémite.
Il n’en est que plus suspect, au point que le 9 juin 2015, il a eu la visite du RAID dans son appartement de Marseille. Il s’est retrouvé menotté puis au commissariat du 8è arrondissement, une rumeur selon laquelle il aurait tué sa compagne ! Relaché au bout de sept heures…Comment ? c’est un sympathisant du peuple palestinien : il doit bien avoir des choses à cacher. Cela ne l’a pas empêché de repartir cet hiver, pour témoigner.
Difficile de le faire passer pour un antisémite. En revanche, il juge désastreux le rôle joué par les institutions communautaires juives de France et diverses officines -dont la milice fasciste « Ligue de défense juive » « …outils de la propagande sioniste israélienne alors qu’elles ne sont pas représentatives de la diversité des voix juives de France. »
Justement, pour lui, c’est la politique de l’Etat d’Israël qui entretient la confusion entre l’antisémitisme et la colère légitime contre les crimes commis contre les populations autochtones. Cette stratégie ne peut conduire qu’à une guerre sans fin qui interdit toute perspective de vie pacifique entre les deux communautés.
Le sionisme toujours revendiqué par la minorité au pouvoir après avoir abouti à la création de l’Etat d’Israël en 1948, « un Etat juif » au coeur d’un monde arabe sous la coupe de l’occident principalement européen, s’est avéré un facteur permanent de déstabilisation de toute la région dont on vérifie aujourd’hui l’ampleur.
Pierre Stambul ne voit pas, à court terme, comment une cohabitation de deux Etats avec des frontières reconnues et respectées pourrait s’envisager. Mais il ne perd pas le cap et n’abdique pas devant l’immobilisme des « grandes » puissances pour faire respecter le droit international allégrement violé depuis des décennies.
Et en premier lieu, le respect des droits du peuple palestinien à l’autodétermination, y compris le retour des réfugiés, la réparation des dommages qu’il a subis, préalables à une paix juste et durable.
L’UJFP soutient également les anti-colonialistes israéliens juifs dont le combat rejoint celui des peuples arabes pour le respect du droit et de la justice. Elle combat toutes les formes de racisme, qu’il s’agisse de l’islamophobie, de l’anti-sémitisme, des racismes anti-arabes, anti-roms, la négrophobie…Elle est solidaire de toutes les luttes pour l’émancipation et la souveraineté des peuples, l’égalité des femmes, des minorités…par la démocratie, la laïcité, les droits sociaux.
L’actualité du terrorisme islamo-fasciste frappant le coeur même des nations occidentales permet à l’Etat d’Israël de poursuivre ses implantations sans trop attirer les projecteurs.
L’une des formes de résistance et de solidarité avec le peuple palestien, baptisée BDS (boycott, désinvestissements, sanctions) se poursuit. Elle consiste à dénoncer toutes les institutions israéliennes (économiques, sportives, associatives, culturelles…) impliquées dans la colonisation ou, s’agissant des produits, provenant des territoires occupés. Et à préconiser des sanctions au niveau national et européen.
Une campagne de sensibilisation contestée en France par la droite et le PS qui tentent de la délégitimer. Ce n’est évidemment pas le peuple israélien qui est visé mais le pouvoir politique sioniste qui agit en toute illégalité et en toute impunité.
Même ici, il en est qui n’hésitent pas à vous dire que l’anti-sionisme est une hypocrisie qui masque…l’anti-sémitisme ! Valls trouve que s’interroger sur les cheminements des candidats au djihad, cela revient à leur trouver des justifications ! Pourquoi en arrive-t-on là ?
Ne réfléchissons pas trop. L’état d’urgence a besoin de résultats. Pierre Stambul en sait quelque chose.
René Fredon
