La découverte d’un grand spectacle baroque
L’association Varoise Opéravenir Culture nouvelle propose une sortie musicale pour découvrir un des plus beaux opéras-ballets de Jean Baptiste Lully, Phaéton, le triomphe du Soleil.
La musique du grand siècle
Phaëton est une tragédie-ballet en musique composée par Jean-Baptiste Lully 1632-1687 sur un livret de Philippe Quinault. C’est une commande de Louis XIV ; Lully ainsi que ses collaborateurs créeront l’œuvre devant le monarque. Lully l’offrit au Roi sur ses fonds propres. Ce qui a grandement contenté Colbert, alors préoccupé par les dépenses massives pour l’aménagement du Château de Versailles. Lully, pauvre violoniste florentin émigré, remerciait ainsi le grand roi de lui avoir permis de créer en France l’opéra italien (qui deviendra l’Opéra français) et de lui avoir accordé le privilège royal, c’est à dire l’exclusivité de ce nouveau genre.
Un récit mythologique
La tragédie fut donnée pour la première fois au Château de Versailles le mercredi 6 janvier 1683, et à Paris le mardi 27 avril de la même année par l’Académie Royale de Musique place Saint Honoré.
L’action est fondée sur le récit mythologique des aventures du fils d’Hélios-le Soleil-qui par vanité voulut conduire le char du soleil à la place de son père. Dans sa course folle et maladroite autour du monde, il provoque des incendies dans tous les pays qu’il survole. Jupiter, pour arrêter cette catastrophe, envoie la foudre sur le char du malheureux qui meurt précipité au sol.
Une arrière-pensée politique
Cette œuvre a beaucoup séduit le jeune Roi. Elle bénéficie de chœurs splendides et de passages pittoresques, tel celui du palais des heures. La course du char autour du monde est un grand moment de cette partition étincelante. Elle décrit, sous forme d’allégorie, la témérité punie de celui qui voulut s’élever aussi haut que le soleil, référence bien sûr au Roi Soleil.
Elle illustre en filigrane la chute de son intendant ministre des finances Nicolas Fouquet, arrêté peu de temps après la démonstration outrancière, devant le monarque, des fastes de son château de Vaux-le-Vicomte, lors d’une fête grandiose le 17 août 1661. L’œuvre est par conséquent doublée d’un message politique fort : quiconque tentera de s’élever aussi haut que le Roi sera jeté à terre et réduit à néant comme Phaéton. Le souvenir de la Fronde était encore dans toutes les mémoires.
Le sens de l’œuvre
En France, l’Opéra a toujours eu des liens avec le pouvoir. Au XVIIème siècle, son éclat magnifie la puissance royale, et ce n’est pas un hasard si la Tragédie lyrique « à la française » naît à l’époque de Louis XIV.
En courtisan aussi avisé qu’il était bon musicien, Lully tint à faire de Phaéton un ambitieux et non uniquement un maladroit pour complaire au Roi qui avait enfermé à vie le malheureux Fouquet. Le Roi-Soleil assista à toutes les représentations et participa même à la chorégraphie en dansant la célèbre Chaconne. Le Roi Danse !(vidéo)
La Tragédie lyrique privilégiait le sens des paroles chantées à la pure virtuosité vocale. C’est la fameuse déclamation lyrique de Lully. Elle fait alterner le chant, les chœurs et les divertissements dansés. Elle nécessite une machinerie théâtrale sophistiquée et spectaculaire. Mais Phaéton est aussi une histoire d’amour et d’amour du pouvoir.
Phaéton fut régulièrement représentée pendant deux siècles, jusqu’à la Révolution française et la chute de la monarchie. Après une période d’oubli au XIXème siècle, elle est revenue à la mode lors de la renaissance du baroque au milieu du XXeme siècle avec des grands noms comme Mark Minkowski, Christophe Rousset,(vidéo),Vincent Dumestre ou Jérôme Corréas.
Une distribution « royale »
Pour la sortie musicale à l’opéra de Nice organisée par Opéravenir, la direction musicale sera confiée à Jérôme Correas à la tête de l’Orchestre de l’Opéra de Nice et de son ensemble des Paladins pour le continuo sur instruments d’époques. La Mise en scène sera réglée par le chorégraphe Eric Oberdorff. Du côté vocal il s’agit des meilleurs spécialistes actuels de l’interprétation baroque française :
Théone Deborah Cachet, Clymène, Astrée, Aurelia Legay, Libye Chantal Santon Jeffery, Phaéton, Mark Van Arsdale, Triton, le Soleil, la Terre Jean-François Lombard, Epaphus Gilen Goicoechea, Merops et Saturne Frédéric Caton, Protée et Jupiter Arnaud Richard. Ainsi que les artistes danseurs et danseuses de la Compagnie Humaine de Eric Oberdorff.
Départ du car de Toulon place de la Liberté dimanche 27 mars 9h.
Informations et Inscriptions Opéravenir Culture Nouvelle Elya Weismann 06 11 81 54 73 et Opéravenir 04 94 48 62 75 à partir du lundi 21 février site www.operavenir.com.
Jean-François Principiano