Un homme se penche sur son passé
Parmi les nombreuses et riches propositions culturelles de ce début de saison à Châteauvallon Liberté il y a un spectacle que je recommande particulièrement c’est La dernière bande de Samuel Beckett les 13 et 14 octobre à Châteauvallon avec Denis Lavant.
De quoi s’agit-il ? D’une authentique pièce de théâtre pour voix d’acteur et comédien datant des années 1958-59 lorsque Beckett était déjà le grand dramaturge de son temps avec Fin de Partie.
L’œuvre lui avait été inspirée par un comédien nord irlandais Patrick Magge et porte le titre anglais de The Kraff last tape. Le thème est simple mais comme l’a écrit Beckett particulièrement dramatique.
Un homme que la vie à cabossé mi clochard mi alcolo a pris l’habitude depuis fort longtemps d’enregistrer lors de ses anniversaires le bilan des années écoulées. A la fin de sa vie sentant sa fin approcher il comprend que ce sera la dernière bande. Après son dernier enregistrement il replace la bande magnétique avec les autres. Mais il à la curiosité de vouloir écouter quelques anciens enregistrements en mangeant des bananes. Bien mal lui en prend.
Le temps qui passe
Son passé jaillit et l’on entend sa voix off qui évoque ses années d’espérances, de bonheur, de tristesse et d’échecs. Ces voix passées se mêlent à la sienne actuelle pour faire une stéréophonie bouleversante. Elle dit l’inéluctabilité du temps qui passe et nous conduit à la mort.
D’abord donnée sous forme radiophonique, l’œuvre fut réécrite, légèrement modifiée et finalement intégrée dans les œuvres complètes du maître irlandais.
Sur le fond, Beckett a écrit que c’était un de ses textes les plus noirs et désespérés et qu’il ne le conseillait pas « aux spectateurs déprimés ». Le grand comédien Denis Lavant avec sa gueule pathétique et son talent éructif a repris le flambeau pour en donner une version nouvelle qui a été encensée par la critique.
Charles Berling a eu le bon goût de la capter au passage pour le public varois. Répondra-t-il ? Par ces temps d’incertitude et de trouille ou l’on a tendance à préférer « mon cul sur la commode » plutôt que le théâtre de réflexion, rien n’est moins sûr !
Le rendez-vous est donc indispensable pour tous ceux qui aiment le bon théâtre contemporain. Pour les autres …
« La dernière bande » avec Denis Lavant mise en scène de Jacques Osinski Châteauvallon les 13 et 14 octobre 20h30. (Texte publié aux Editions de Minuit.) Durée 1h30.
Infos et réservations 04 94 22 02 02 et 04 98 00 56 76 reservation@chateauvallon.com et reservation@theatreliberte.fr
Jean-François Principiano
