Une des victimes collatérales de l’épidémie de la Covid dans le Var est sans doute la programmation de novembre du Festival de Toulon et de sa région qui est obligé de renoncer au récital tant attendu de Nelson Goerner, sans doute un des plus grands pianistes actuels. Il devait se produire d’abord le 6 avril puis le 23 novembre. Par deux fois il est donc annulé avec cependant une troisième espérance de report en mai de l’année prochaine.
Le communiqué de Séverine Baume responsable de la programmation.
« Cher public du Festival de Toulon, nous sommes contraints d’annuler le récital de Nelson Goerner prévu le 23 novembre au Palais Neptune. Si un report de ce concert est possible au mois de mai, nous vous communiquerons la date précise d’ici la fin de l’année. Vous pouvez demander le remboursement des billets au point de vente où l’achat a été effectué. Pour les billets achetés auprès de notre billetterie, nous vous remercions de nous faire parvenir vos billets ainsi qu’un RIB/IBAN au nom de la personne ayant effectué la commande :
-par mail à billetterie@festivalmusiquetoulon.com ou par courrier à Le Festival de musique de Toulon 17 rue Mirabeau – 83000 Toulon
Nous ferons tout pour maintenir l’ensemble de la saison dans les meilleures conditions même si certaines dates devaient être décalées. Nous vous souhaitons beaucoup de courage pour cette nouvelle épreuve et espérons vous revoir très bientôt pour partager ensemble la musique.
Le Conseil d’administration et l’équipe du Festival de musique de Toulon. »
Un pianiste venu du Sud.
Nelson Goerner est né à San Pedro en Argentine en 1969. Après ses études avec Jorge Garrubba, Juan Carlos Arabian et Carmen Scalcione, il obtient le premier prix du Concours Franz Liszt de Buenos Aires. Cela lui permet de bénéficier d’une bourse pour étudier avec Maria Tipo au Conservatoire de Genève. En 1990, il remporte le premier prix du Concours de Genève. Il vit actuellement en Suisse avec son épouse et leur fils.
Un virtuose international
Nelson Goerner a joué avec les orchestres les plus prestigieux : Philharmonia Orchestra, London Philharmonique Orchestra, Orchestre de la Suisse Romande, Deutsche Kammerphilharmonie, Hallé Orchestra et NHK Symphony Orchestra Tokyo. Il a travaillé avec les chefs d’orchestre les plus renommés, notamment Neeme Järvi, Sir Mark Elder, Paavo Järvi, Vassily Sinaisky, Jonathan Nott, Fabio Luisi, Esa-Pekka Salonen, Vladimir Ashkenazy et Philippe Herreweghe. Il participe régulièrement aux festivals de Salzbourg, La Roque d’Anthéron, La Grange de Meslay, Édimbourg, Verbier, du Schleswig-Holstein, aux Folles Journées (Nantes et Tokyo), « Chopin et son Europe » en Pologne, ainsi qu’aux BBC Proms. Nelson Goerner entretient une relation privilégiée avec le Mozarteum Argentino à Buenos Aires et collabore régulièrement avec l’Institut Chopin en Pologne, dont il est membre du comité artistique.
Un artiste inspiré
Nelson Goerner s’est affirmé comme l’un des plus grands pianistes de sa génération. Il est reconnu pour la poésie de ses interprétations, tout autant que pour l’exaltante et sa magistrale force interprétative. Il existe selon nous beaucoup de bons pianistes quelques grands, mais les très grands sont rares. Ces derniers possèdent quelque chose en plus, la poésie, le charisme.
En musicien de chambre passionné, Nelson Goerner a collaboré avec des artistes comme Martha Argerich (répertoire pour deux pianos), Janine Jansen, Steven Isserlis et Gary Hoffman.
Certains de ses enregistrements ont étonné. Le dernier propose des œuvres de Godowski et Paderewski, dont les monumentales Variations et Fugue op. 23. Son enregistrement des Ballades et des Nocturnes de Chopin a été récompensé d’un Diapason d’or. Il excelle dans Liszt, (voir vidéo) Chopin, Beethoven, Brahms, Debussy, Schumann, Fauré et Franck. Beaucoup de ses disques ont été désignés comme références. Parmi les récompenses reçues, citons un Diapason d’or de l’année 2013 pour son enregistrement Debussy, le disque du mois dans BBC Music Magazine pour son album consacré à Schumann, un Choc de Classica et un Diapason d’or pour les Préludes de Chopin. Son enregistrement de la sonate Hammerklavier op. 106 de Beethoven a été plébiscité par la presse.
Un récital d’une rare densité musicale
Pour Toulon il avait choisi le meilleur programme possible, la Troisième Sonate de Brahms en fa mineur au romantisme brûlant ; de Franz Liszt, Funérailles, une pièce puissante et douloureuse suivie de l’éblouissante pièce lisztienne intitulée Les Jeux d’eau à la Villa d’Este ; et surtout une rareté interprétative les Métamorphoses symphoniques, immense paraphrase de 20 minutes sur Künstlerleben (la vie d’artiste) de Johann Strauss fils. En espérant retrouver cet artiste incomparable, on peut le découvrir sur le net et grâce à sa discographie.
À bon entendeur, bonheur !
Jean-François Principiano
