Médian d’Umeda, entre science et danse

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Jeudi 31 janvier Liberté Salle Camus
À la fois solo dansé et performance visuelle, Median embrasse dans un même mouvement biologie, technologie et créativité humaine. On peut se laisser tenter par cette synthèse japonaise aux confins de la science et de la poésie.

Lorsque la science s’invite sur scène
Quand on observe des cellules au microscope, que voit-on ? Ça bouge, ça frétille et ça gigote. Et si les cellules dansaient ? Partant du postulat que la danse n’est pas l’apanage des corps humains, le japonais Hiroaki Umeda a créé un solo qui entend « faire danser la chair telle une matière en mouvement ». Comprenez par là qu’afin de chorégraphier les cellules, il a minutieusement observé les atomes et les quarks, ces particules élémentaires en physique nucléaire. Techniquement, l’image et le son surgissent grâce à un processus informatique complexe, conçu en collaboration avec quatre artistes visuels et deux scientifiques en biologie et kinésiologie. D’ailleurs dans beaucoup de mythologies la danse est à l’origine du monde.

Un artiste complet
Dans un précédent spectacle, Hiroaki Umeda contrôlait lui-même depuis la scène tous les effets techniques via un smartphone. Fidèle à son univers qui allie danse et créations graphiques, visuelles et interactives, le danseur fait une nouvelle fois sensation avec Median, point de convergence artistique entre la biologie, la technologie et la créativité humaine. L’œuvre a déjà été donnée avec un certain succès au Pavillon Noir à Aix en Provence en novembre dernier. Né à Tokyo en 1977, Umeda a d’abord étudié la photographie à l’Université Nihon à Tokyo. À l’âge de 20 ans, il s’intéresse à la création artistique impliquant des expériences corporelles intenses, pour lesquelles il acquiert rapidement une reconnaissance. C’est à ce moment qu’il décide de se former à différentes techniques telles que le ballet classique, le hip-hop, la danse moderne…

Une expérience artistique originale
Ses premières créations sont  pluridisciplinaires et intègrent librement les différentes approches d’Umeda pour la danse et d’autres formes d’art. En 2002, son travail est déjà reconnu, bien que de plus en plus pointu et exigeant, (il rencontre un beau succès à Yokohama au Japon) qui débouche immédiatement sur une invitation aux Rencontres Chorégraphiques Internationales de Seine-Saint-Denis. Dans cette série d’expériences chorégraphiques, Umeda considère les corps des danseurs comme des objets naturels constamment affectés par la force naturelle. Il explore ces nouveaux espaces  cinétiques, en accordant aux subtiles voix du milieu environnant, habituellement imperceptibles, ce récepteur sensoriel aigu que sont les danseurs.

Découvrir Median au Liberté
Hiroaki Umeda présente donc à Toulon  un spectacle étrange et atypique   qui mêle une nouvelle fois danse, création sonore (une belle musique électroacoustique) et création visuelle numérique. Fidèle à son habitude de repousser les limites de l’expérimentation, le chorégraphe japonais a cette fois-ci puisé son inspiration dans des éléments microscopiques, imperceptibles à l’œil nu. Comment se connecter à différentes échelles, que ce soit celles de nos cellules ou celles de la Nature, qui nous dépasse ? Pour répondre à cette question existentielle, il choisit de s’intéresser à ces structures infinitésimales qui sont le socle de tout organisme, en passant par leur langage commun, le mouvement.

Dans son solo, Hiroaki Umeda interagit avec un environnement visuel et sonore, non pas pour délivrer un message ou raconter une histoire, mais pour créer des phénomènes permettant d’expérimenter l’espace et d’élargir la perception du spectateur grâce à son univers immersif. L’image et le son surgissent ici grâce à un processus informatique, basé sur des données recueillies à partir de structures moléculaires et de leur énergie cinétique. C’est ainsi que la danse peut faire le premier pas vers la dissolution du corps dans l’espace ! N’est-ce pas un idéal oriental proche du Nirvana bouddhiste ? A voir, à découvrir pour le bonheur de tous les sens (presque).

Théâtre Liberté Jeudi 31 janvier 20h 30 Salle Camus Median  Conception, chorégraphie et interprétation S20 – Hiroaki Umeda Précédé du solo While going to a condition.

Jean François Principiano

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