Macron : des discours aux actes !

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Photo : Soazig de la Moissonnière / DILA-La Documentation française

Le président des riches n’aime pas du tout cette appellation pourtant…contrôlée. Il a voulu en persuader les Français et singulièrement les 5 millions d’habitants des quartiers populaires les plus défavorisés, là où les APL ont été baissées, les crédits de la politique de la ville »gelés », les contrats aidés stoppés, le budget 2018 du logement social réduit de 0,8 milliard et où le chômage culmine à 25%, soit deux fois et demi la moyenne nationale !

Il y a mieux comme symboles surtout qu’en même temps il baisse la fiscalité des riches, l’impôt sur la fortune et ne dit pas un mot sur l’évasion fiscale qui pénalise lourdement nos finances publiques, il augmente la CSG et réduit les charges des entreprises en commençant par les plus grosses, le MEDEF saute de joie !

Et à qui s’en est-il pris dans son discours mardi à Tourcoing chez son ministre des comptes publics ? À l’évasion fiscale ? Aux grandes fortunes ? Aux profits des multinationales ?

Vous n’y êtes pas : il s’en prend à ceux qui défendent les emplois aidés, non pas parce qu’ils sont la panacée, le remède miracle au chômage mais parce que leur arrêt brutal compromet l’activité de centaines d’associations et de services publics municipaux.

S’il veut désamorcer la colère des plus défavorisés, il va lui falloir passer rapidement aux actes concrets. La solidarité nationale doit partir de l’État. Et les 1 500 quartiers prioritaires(1) ont plus besoin que jamais de moyens budgétaires, de services publics, de besoins de formation et d’emplois de proximité, de vie associative…pour pallier tous les problèmes qui s’additionnent dans ces cités où le taux de pauvreté est d’autant plus élevé que les revenus moyens sont très bas.

C’est ce qu’avaient plaidé les maires -parmi lesquels celui de La Seyne, Marc Vuillemot- lundi à l’Élysée avant que son hôte ne prononce son discours qui n’a pas été avare de formules générales à défaut d’engagements précis. Au moins a-t-il pris la mesure des attentes depuis « l’appel de Grigny » au président de la République, lancé le 16 octobre 2017 lors des États Généraux de la politique de la Ville initiés par trois associations nationales d’élus.

Un appel en dix points (2) dont les deux premiers portent notamment sur la suspension immédiate des contrats aidés, leur maintien et leur renouvèlement, sur le rétablissement immédiat des financements réduits au cours de l’été, un fonds d’urgence de 100 millions pour 100 quartiers particulièrement défavorisés et le doublement du budget de la politique de la Ville…

A défaut d’engagements précis, le président a commencé par fustiger « ceux qui tiennent tant aux contrats aidés…mais qui n’en voudraient pas pour eux-mêmes » comme si c’était la question ! Il n’a pas changé d’optique mais il va temporiser en ne les supprimant pas d’un seul coup pour rassurer élus et habitants, si possible, sans rien lacher de sa conception : il préfère parler d’égalité des chances plutôt que de lutter contre les inégalités et les discriminations. Il compte sur « les premiers de cordée pour tirer les autres vers le haut ». Autrement dit sur l’initiative privée pour créer de l’emploi et donner envie aux jeunes de prendre des risques ?

C’est précisément cette politique libérale qui nous conduit où nous en sommes en laissant de côté les populations les plus fragiles cumulant les handicaps sociaux, pour qui ne fonctionne pas l’ascenseur social (et trop souvent l’ascenseur de leur immeuble !). Et dont on réduit les APL, les remboursements sécu, les minima sociaux, les indemnités chômage…

Contrairement à ses prédécesseurs, Macron a évité la stigmatisation de ces quartiers, en parlant de celles et ceux que la République a abandonnés, sans amalgamer la minorité dévoyée dans le fondamentalisme religieux, jusqu’au passage à l’acte terroriste, avec l’ensemble des musulmans. Mais n’était-il pas proche de l’ancien président puis ministre de l’économie ? Veut-il rompre avec les politiques d’austérité ? Il n’en a pas du tout l’intention.

On a pu entendre la réponse sèche du président des riches à une femme qui parlait des reculs sociaux: « ma protection sociale, c’est celle que je vais pouvoir me payer » ou quelque chose comme ça. Un vrai mépris pour les pauvres qui n’ont parfois que la CMU et le plus souvent pas de complémentaire. Il parle d’aider « ceux qui veulent bouger, évoluer » ?

À court d’idées, il a dit relancer « les emplois francs » pas les zones franches, pour aider « ceux qui veulent bouger, évoluer » (15 000 euros sur 3 ans pour une entreprise qui embauche un jeune des cités) dans un nombre limité de quartiers ? Ce n’est pas une innovation, comme les chartes « entreprises-quartiers » lancées en 2013. Une trentaine dans le Var. Mieux que rien mais cela ne répond pas à l’ampleur du problème.

Et toujours cette insinuation : tout le monde ne voudrait pas bouger, sortir du chômage, réussir sa vie ? Seraient-ils fainéants ces assistés qui coûtent cher ? Des propos méprisants et même…discriminatoires, ainsi suggérés par un président d’un autre monde…à l’abri de ces contingences !

Et puis, aucun engagement ferme, comment cela va-t-il se traduire la semaine prochaine dans le budget 2018 ?

C’est au pied du mur que l’on voit le…mac(r)on.

René Fredon

(1) Les quartiers populaires dans le Var :

Brignoles : le Carami et Centre-ville
Draguignan : les Collettes et Centre-ville
Fréjus : l’Agachon et la Gabelle
Hyères : Val des Rougières et centre-ville
La Garde : Romain Rolland
La Seyne : Berthe et centre-ville
Le Luc : la Vergeiras et centre-ville
Le Muy : centre-ville
Toulon : la Beaucaire, la Florane, Pontcarral, Pont-du-Las, Rodheillac, Beaulieu, Sainte
Marie, le Jonquet, la Baume, le Guynemer, centre-ville

(2) http://bleublanczebre.fr/lappel-de-grigny-aux-etats-generaux-de-politique-de-ville/

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