L’ONU adopte un traité bannissant l’arme nucléaire

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Au terme de trois semaines de négociations l’ONU vient d’adopter un traité bannissant les armes nucléaires. Porté par l’Autriche, le Brésil, le Mexique, l’Afrique du Sud, l’Irlande, la Suède et la Nouvelle-Zélande, ce traité a été adopté par les représentants de 122 États sur 192.

Depuis le début de 2017, un groupe de travail près de l’ONU, sur la proposition de l’ICAN (Campagne internationale pour l’abolition des armes nucléaires) représentant près de 440 ONG d’une centaine de pays, a permis de faire avancer le contenu et l’adoption de ce traité.

Les États nucléaires (1) ont refusé de participer à l’élaboration du traité adopté par une très grande majorité d’États. Le traité se prononce pour une interdiction totale du développement, de la production, des essais, des transferts, du stockage et de la menace d’utilisation d’armes nucléaires. Mais il ne s’appliquera qu’aux États signataires. Il entrera en vigueur le 20 septembre 2017, si 50 États au moins le ratifient.

« C’est le premier traité multilatéral de désarmement nucléaire à être conclu depuis plus de 20 ans…c’est un moment historique » a néanmoins souligné la présidente de la commission de la Conférence des Nations Unies sur l’abolition des armes nucléaires.

Pour le Mouvement de la Paix « c’est une grande victoire pour les peuples du monde entier. Après les armes chimiques et les armes bactériologiques ce sont les armes nucléaires qui sont interdites en tant qu’armes de destruction massive, sur la base d’un Traité d’interdiction.
L’humanité dispose désormais d’un instrument juridique contraignant pour interdire les armes nucléaires en déclarant, sans ambiguïté, que les armes nucléaires ne sont pas seulement immorales, mais aussi illégales… »

Le Mouvement de la Paix y voit une étape historique concrétisant les mobilisations à travers le monde depuis plus d’un demi siècle.

Il demande à la France de ratifier ce traité et aux Français d’agir dans ce sens justement parce que nous sommes une puissance nucléaire et que nous devons agir pour la non-prolifération des armes nucléaires mais aussi pour leur interdiction jusqu’à leur destruction parce qu’il s’agit d’éviter une catastrophe humanitaire et qu’elles constituent un danger permanent dans leur stockage même. Sans parler des crédits que leur existence, leur entretien, leur perfectionnement, toute la logistique…coûte aux Nations et aux contribuables.

Il ne s’agit pas d’exiger d’une nation qu’elle se désarme unilatéralement mais qu’elle oeuvre, dans le cadre de l’ONU, à des décisions collectives des puissances nucléaires pour qu’elles répondent à l’appel des nations qui ne demandent pas d’accéder à l’arme nucléaire mais d’engager toutes les nations dans le processus de leur éradication.

Sinon au nom de quoi ces pays disposant de l’arme nucléaire pourraient-ils interdire à d’autres pays de s’en doter ? Ce « privilège » serait-il intangible ou ne serait-il pas devenu un prétexte à la course aux armements, y compris aux plus dévastateurs. Donc un obstacle majeur à l’aspiration des peuples au désarmement, à la paix et à la sécurité collective.

N’est-il pas significatif qu’un tel sujet, une telle avancée obtenue dans le cadre de l’ONU n’aient guère retenu l’attention du nouveau chef de l’État et de son gouvernement, pas plus que celle des « grands » médias…par leur audience s’entend.

René Fredon

(1) Les armes nucléaires dans le monde en 2017, selon l’Institut de recherches sur la paix de Stockolm (SIPRI)

Etats-Unis, Russie (7 000 chacun), France (300), Chine (270), Royaume Uni (215), Pakistan (130/140), Inde (120/130), Israël (80), Corée du Nord (10/20)

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