Logement social : baisse drastique des crédits aux HLM

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Logement social

Les députés LREM votent la baisse drastique des crédits aux HLM

La droite en rêvait, Macron l’a fait. Dans la nuit de jeudi 2 au vendredi 3 novembre, sa majorité a adopté le budget du ministère de la cohésion des territoires en forte baisse concernant les crédits consacrés au logement social.

Ces crédits vont baisser de près de 10%, passant de 18,3 mds d’euros en 2017 à 16,5 mds en 2018 puis la baisse des crédits aux HLM se poursuivra chaque année au rythme de 1,5 mds par an, consacrant l’asphyxie programmée des bailleurs sociaux (OPHLM) qui se voient imposer de compenser la baisse des APL par des baisses de loyers.

L’État décide mais ne paye pas, il renvoie la note aux offices publics qui ne pourront plus faire face à leurs obligations d’entretien, de rénovation, de construction de logements sociaux !

Comment veut-on que ces organismes prennent à leur charge la réduction des APL -ce qui est déjà un scandale- et baissent en même temps les loyers sans déséquilibrer lourdement leur budget ? Ce qui est le but recherché cyniquement par ce gouvernement des riches.

S’en prendre aux offices publics à but non lucratif, où les loyers sont réglementés et qui n’a aucun actionnaire à servir, en dit long sur l’allergie de ce gouvernement à tout ce qui est d’intérêt public à caractère social et qui échappe à la loi du marché de l’immobilier.

Il faut croire que la droite varoise, en pleine recomposition, ne trouve pas grand chose à redire à ces choix qu’elle ne cesse de préconiser depuis des décennies. Pourquoi Macron a-t-il choisi un proche de Juppé comme Premier ministre et un candidat LR à la primaire présidentielle à droite ?
Si ce n’est parce qu’ils ont la même vision de la société : priorité au capital au détriment du travail, lequel se voit de plus en plus précarisé et les chômeurs moins indemnisés.

Les présidents de Var-Habitat et de Toulon-Habitat sont d’une discrétion assourdissante, comme H. Falco, l’ancien ministre à l’amènagement du territoire. Seul le maire PS de La Seyne s’est clairement positionné contre les visées destructrices du pouvoir actuel en matière de logement social, aggravant les politiques précédentes.

Non seulement le Var rechigne à appliquer la loi SRU qui impose aux communes de 1 500 à 3 000 habitants de construire 20 à 25% de logements vraiment sociaux mais les élus de droite ne participent pas à la levée de boucliers des maires de toutes sensibilités qui s’élèvent contre ce coup porté aux millions de mal-logés (« 4 millions si l’on ne compte que les sans-abri , SDF, mal-logés…12 millions si l’on compte les foyers confrontés à un effort financier excessif, à la précarité énergétique, au risque d’expulsion, au sur-peuplement », selon la fondation Abbé Pierre)

Après un feu nourri de toute l’opposition de gauche et écologiste, le gouvernement a fait une concession, bien mince : il étalera sur trois ans la ponction imposée (0,8 mds en 2018, 1,2 mds en 2019 et 1,5 mds à partir de 2020). Rien de changé sur le fond : il veut la faillite du logement social, tout en prétendant le sauver ! C’est comme la sécurité sociale et le code du travail.

En 2006, l’Abbé Pierre était venu à l’Assemblée nationale pour soutenir la loi SRU, déclarant que s’il était là c’était parce que l’honneur de la France était en question… »L’honneur, c’est quand le fort s’applique à aider le faible… » Et il demandait à la majorité de l’assemblée pourquoi avait-elle fait le contraire ?

Le député communiste, Stéphane Peu a rappelé ses propos et interpelé le ministre :  »
allez-vous persévérer, monsieur le ministre, seul contre tous, à faire porter uniquement aux locataires vivant en HLM le poids des restrictions budgétaires ?
Si le budget consacré à l’APL augmente, c’est d’abord parce que la pauvreté dans notre pays progresse ; c’est ensuite parce que les loyers en vigueur dans le parc locatif privé subissent des dérives spéculatives, contrairement à ceux en vigueur dans le parc HLM qui applique, lui, des loyers réglementés. Disons-le sans détour : l’article 52 est un poison mortel qui engage le pronostic vital des organismes HLM. »

L’ex-ministre du logement, Sylvia, Pinel (PRG), Clémentine Autain, pour la FI…ont abondé dans le même sens, « c’est tout le système du logement social qui est mis en péril, en affaiblissant le secteur public pour renforcer le secteur privé… »

Le Var est représenté par 6 députés LREM et 2 députés LR. Les locataires ont l’embarras du choix pour leur faire part de leur déception et leur demander d’assumer leurs choix. Le mépris à leur égard que traduit ce vote ne peut que susciter colère et réparation.

René Fredon

1 COMMENT

  1. ne pas omettre de préciser que les impayés dans le parc social sont limités à 1,7% des locataires; pourquoi ?
    parce que les bailleurs sociaux ont mis en place des services sociaux permettant d’accompagner les locataires en difficultés
    En réduisant les capacités financières des organismes ceux ci devront en passer par des réductions de leurs capacités en ressources humaines, dont celles associées à cet accompagnement, dont chacun sait (et en particulier les services déconcentrés de l’Etat) qu’elles concourent à cette protection des locataires les plus en difficultés.
    C’est un choix comme celui de conserver les aides fiscales (PINEL) aux investisseurs privés !

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