L’opinion courante tend à considérer que l’homme est en général un être rationnel : ses propos comme ses comportements et ses décisions sont le fruit d’une pensée logique. S’il se met parfois à dire et agir à contresens, ce ne peut être que sous le coup d’une puissante émotion telle que peur, colère ou affection. Or depuis la fin des années 1970, les sociologues et les psychologues tendent plutôt à considérer que si des erreurs systématiques et persistantes sont commises, elles sont aussi attribuables à des déficits cognitifs dont l’homme ne se rend pas compte. En particulier, la pensée intuitive, souvent en première ligne, conduit à des raccourcis simplificateurs qui forgent des partis pris nuisibles à la capacité de jugement.
Si l’homme est un roseau qu’une goutte d’eau peut terrasser, il a l’avantage, car il pense, de savoir qu’il meurt alors que la goutte d’eau n’a aucune idée de l’avantage qu’elle a sur l’homme, ainsi que nous le dit Blaise Pascal dans ses Pensées. Cependant, sans nier l’extraordinaire et exclusive faculté de … Lire l’article de