L’étrange histoire des Virus

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Entre la vie et la mort, le vivant et l’inerte, les virus restent toujours difficilement pénétrables car ils sont liés au  mystère même de l’apparition de la vie.

Logés au cœur de  notre ADN ils ont accompagné l’évolution  des espèces.  Entre mutation, et adaptation. Ils ont existé bien avant nous. Et peut-être ils  existeront longtemps après nous.

Un mystère hallucinant.
Les propriétés physiques des virus les rendent difficiles à comprendre.

Si chaque virus contenu dans un corps humain atteignait la taille d’une tête d’épingle, l’adulte moyen atteindrait 150 kilomètres de hauteur. Plus de 800 millions de virus se déposent sur chaque mètre carré de Terre chaque jour. Dans une cuillère à soupe d’eau de mer, il y a généralement plus de virus que d’habitants en Europe. « Nous avalons plus d’un milliard de virus chaque fois que nous  buvons un verre d’eau». «Nous sommes inondés de virus ». On pense  qu’il y a plus d’un quintillion -un suivi de 30 zéros- de virus sur Terre. Si on les mettait  bout à bout  ils s’étireraient sur 100 millions d’années-lumière, soit 1.000 fois la largeur de la Voie lactée…Hallucinant !

Qu’est-ce qu’un virus ?
En biologie les virus sont définis comme des « paquets moléculaires ». « Ces emballages doivent être suffisamment petits pour tenir à l’intérieur d’une cellule afin de provoquer une infection». Ce sont essentiellement des chaînes de matériel génétique contenues par quelques molécules de protéines, les virus occupent un étrange terrain d’entente entre le vivant et l’inerte.

Puisqu’ils n’ont pas de cellules et ne produisent pas d’énergie par la respiration – une définition clé des organismes vivants – de nombreux scientifiques ne les considèrent pas comme vivants.

Pourtant, dès qu’ils pénètrent dans leur hôte, les virus entrent en activité d’une manière rarement vue dans la nature, piratant les cellules avec de nouvelles instructions génétiques pour se répliquer à une vitesse vertigineuse.

Certains virologues  » considèrent que les virus sont vivants, car lorsqu’ils sont dans une cellule, ils deviennent la cellule« .

Ils sont « métaboliquement inactifs ». « A moins qu’ils ne puissent pénétrer dans un corps chaud et se loger à l’intérieur d’une cellule, les virus sont inertes. Mais une fois qu’ils infectent son hôte, « l’ensemble de la machinerie cellulaire est entièrement consacré à la production de descendants viraux ». C’est le virus vivant ».

La découverte des virus
En 1892, le biologiste russe Dmitri Ivanovski 1864-1920 fit un premier pas vers la découverte des virus. Travaillant sur la maladie de la mosaïque du tabac, il filtra un extrait broyé de feuilles malades, à travers un filtre de porcelaine conçu pour arrêter les bactéries. À sa surprise, le filtrat obtenu était infectieux. Toutefois, Ivanovski incrimina des toxines ou des spores bactériennes. En 1898, le microbiologiste hollandais Martinus Beijerinck  1851-1931 réalisa une expérience similaire et pensa qu’il s’agissait d’une sorte d’agent infectieux liquide dans la nature, qu’il qualifia de « germe vivant soluble » de fluide vivant contagieux ou en latin Contagium vivum fluidum. Plus tard, les chercheurs furent capables de faire multiplier des virus sur des milieux contenant des tissus de cornée de cobaye, de rein de poule ou d’œufs embryonnés de poule. Ce n’est que dans les années 1930 que des virus purent enfin être vus en microscopie électronique.

Les origines des virus

Martinus Beijerinck

Bien que leurs débuts soient incertains, les virus ont laissé leur empreinte sur presque toute la vie sur Terre, y compris les humains. Environ huit pour cent du génome humain est d’origine virale – c’est-à-dire des restes d’anciens virus qui nous ont infectés, développant une tolérance à l’échelle de l’espèce. Mais leur histoire commence bien avant celle des humains. Les Biologistes pensent que les virus étaient là au tout début. « Quelle que soit la soupe primordiale qui a donné naissance à la vie cellulaire, elle a probablement donné naissance à la vie virale en même temps« .

Bons et méchants en même temps
La plupart des virus font peur  car ils  rendent malades. Ces dernières années, des flambées de maladies infectieuses virales se sont généralisées, de l’épidémie actuelle de coronavirus à celle du SRAS au début des années 2000, à Ebola en Afrique occidentale et centrale. Mais il existe aussi des virus vertueux. « Presque tous les virus sont en fait inoffensifs pour les humains« , relèvent les virologues. En effet, de nombreux virus sont bénéfiques pour la santé humaine, infectant d’autres organismes qui autrement seraient dangereux.

Purificateurs et guérisseurs
Par exemple il y a de  bons virus qui permettent l’absorption du carbone des algues océaniques, qui contribue à purifier l’air que nous respirons. Cette action est  fortement accélérée par les virus.

Ils ont aussi des applications médicales pour soigner. Outre les vaccins dérivés de virus affaiblis ou tués, un nouveau domaine de traitement, la virothérapie, développe de nouvelles façons de traiter les maladies chroniques telles que le cancer. Des virus se répliquent dans les cellules cancéreuses mais pas dans les cellules saines. Le traitement est moins toxique que les thérapies anticancéreuses classiques.

En somme le plus remarquable à propos des virus est le nombre de mystères qu’ils détiennent encore. Ce sont les organismes les plus diversifiés de notre planète et nous ne savons que peu de choses sur eux.*

Jean-François Principiano

*Sources Traité de Virologie médicale

 

 

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