Certes il n’a pas dit que cela mais, parmi les passages qui ont attiré mon attention, il a ainsi évacué le soulèvement des gilets jaunes, mots qu’il n’a pas prononcés, ne faisant qu’une brève allusion au débat qu’il a promis d’organiser, retenant de cette colère « que nous ne sommes pas résignés et que notre pays veut bâtir un avenir meilleur… »?
Mais c’est justement parce qu’une immense majorité de Français(es) considèrent qu’on marche à reculons et que les inégalités s’accroissent depuis qu’il est au pouvoir, que cette mobilisation populaire a pris une telle ampleur autour de la question centrale du pouvoir d’achat des plus fragiles et des catégories moyennes qui s’en rapprochent.
La division est profonde sur la notion de « bâtir un avenir meilleur », sa leçon d’optimisme et sa vision de porter un autre monde, n’auront convaincu que les adeptes de l’ancien monde et de la méthode Coué.
Il a crû opportuniste -hommage du vice à la vertu- d’égratigner « le capitalisme ultralibéral et financier trop souvent guidé par le court-terme et l’avidité de quelques-uns (qui)va à sa fin » pour nous faire croire qu’il s’en réjouit, alors qu’il ne fait que l’épargner et veiller à ses privilèges à travers ses choix en France et en Europe telle qu’il la conçoit.
Il s’est fait moraliste : « on ne bâtit rien sur des mensonges… on ne peut pas travailler moins et gagner plus…nos dépenses publiques représentent chaque année plus de la moitié de ce que nous produisons… » comble de mauvaise foi pour justifier sa politique de privatisations. Et de chômage qui s’ensuit, la précarisation qui se généralise, les indemnités qui se réduisent…
Il fait silence sur les énormes profits engrangés par les plus grosses entreprises, sur leurs privilèges fiscaux, leurs transferts vers les paradis fiscaux au préjudice des États, sur les intérêts astronomiques payés aux banques privées qui seules prêtent l’argent reçu des banques centrales !
Rien non plus sur l’endettement des entreprises privées françaises : 7 000 milliards d’euros. Ni sur le fait que tous les États, à commencer par les plus riches, sont parmi les plus endettés, tout près ou au-dessus de leur PIB ? Et puis, l’endettement ce n’est pas un crime en soi, ce sont les intérêts privés prélevés par des banques privées qui générèrent des profits illégitimes et provoquent les crises d’un système obsolète que libéraux et ultralibéraux continuent à nous imposer.
Après le rêve américain, c’est bien le rêve européen qui touche à sa fin -à moins de changer diamétralement d’orientation- parce qu’il a été construit et conçu pour sanctuariser la loi du marché au bénéfice des plus gros investisseurs et au détriment de la justice sociale pour tous et de la paix qui ruinerait les marchands d’armes.
Ce n’est pas cette logique qui anime l’hôte de l’Élysée qui a voulu prendre de la hauteur en se donnant des airs de visionnaire, justifiant ce qu’il a entrepris, au risque de tomber de plus haut.
René Fredon
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