Le libéralisme en échec

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Macron met ses « réussites » les plus rétrogrades au crédit du libéralisme. Ce qui est parfaitement logique. On peut même constater que le mouvement de la privatisation de toute l’économie s’accélère en même temps que les crises se multiplient et que leur gestion creuse les inégalités au profit du capital et au détriment du travail.

En France, ce tournant économique et idéologique remonte à 40 ans, à l’année 1983, deux ans après la victoire de la gauche, sous la présidence de François Mitterrand qui effaçait le programme commun et les nationalisations pour adhérer au libéralisme et à l’économie de marché. Les quatre ministres communistes quittèrent le gouvernement. Finies les trente glorieuses !

Six ans plus tard le mur de Berlin tombait (9-11-89) suivi deux ans après, par l’éclatement de l’URSS qui disparaissait de la scène internationale. Sacré bouleversement ! Le capitalisme se voyait triompher jusqu’à la fin des temps malgré la montée en puissance d’une Chine communiste dynamique et non alignée depuis 1949, aujourd’hui la seconde puissance économique d’un monde en pleine mutation et en grande instabilité politique face à des défis d’ampleur inédite, vitaux pour la planète et pour ses habitants.

Le développement spectaculaire de la Chine a rétréci l’espace que le système capitaliste espère toujours récupérer dans sa sphère d’influence. La Chine pratique un mixage économique public-privé…sous contrôle. Elle a initié une structure internationale de dialogue entre les pays du Sud -non un modèle économique- indépendante des institutions mondiales auxquelles elles participent. Les BRICS rassemblent 11 pays comptant plus de la moitié des habitants de la planète.

Revenons à la France qui vient d’accoucher d’un nouveau gouvernement, toujours minoritaire. Pour renforcer sa droite, Macron est allé râcler les fonds de tiroirs chez Sarkozy histoire d’accélérer la réduction des dépenses publiques que subiront les classes populaires, pas les très riches ni les hauts salaires des PDG et autres privilégiés. L’austérité va s’ajouter à l’inflation et accroître les inégalités sociales.

Tout pour le capital
L’origine des gains des investisseurs ne relèverait que du mérite de leurs propriétaires, de leur savoir-faire : investir, produire et vendre, accumuler le capital grâce aux profits et privilèges fiscaux nombreux et substantiels…Les salariés.es n’ayant pas leur mot à dire -ou si peu- dans les décisions malgré leur contribution déterminante aux résultats. Ce qui illustre la lutte des classes et l’exploitation capitaliste. Elles évoluent dans la forme mais pas sur le fond.

Les salariés.es savent que les améliorations de leurs salaires et conditions de travail sont fonction des actions qu’ils mènent dans leur entreprise, leur corporation. Ces conquêtes sociales sont extensibles ou réversibles selon les rapports de forcces. On le vit tous les jours. Tout comme l’évolution des technologies, des sciences, de l’I.A…peut à la fois améliorer les conditions de travail en même temps qu’ils permettent de réguler les effectifs et d’accroître les profits. Les humains d’aujourd’hui ne sont pas prêts à redevenir chasseurs-cueilleurs !

Il ne s’agit pas non plus de confondre tous les propriétaires, de leur atelier, petit commerce, de leur PME, de leur propriété agricole familiale et d’en faire des boursicoteurs. Alors qu’ils se font manger par les géants de la finance mondialisée.

Le libéralisme organise la main-mise des multi-actionnaires sur la finance, elle-aussi privée et, par définition, source de profits spéculatifs en plus de ceux issus de l’exploitation salariale. Là est le noeud d’une contradiction inconciliable entre les salariés.es et les propriétaires des grands moyens de production et d’échange. Ils paient un salaire qui ne correspond pas aux richesses produites mais à ce que le payeur estime devoir payer. Mieux, ils se présentent comme des bienfaiteurs qui créent de l’emploi (ou en suppriment) tout en prenant tous les risques…mais aussi tous les gains. On comprend pourquoi le libéralisme leur va très bien, ils y sont même viscéralement attachés.

Le nouveau premier ministre Gabriel Attal alors porte-parole du gouvernement précisait  après le covid, en janvier 2022 « quon veut poursuivre la redéfinition de notre contrat social, avec des devoirs qui passent avant les droits, du respect de l’autorité aux prestations sociales… » Un discours aux accents pétainistes. Il appelait au durcissement des forces de « l’ordre » et des dispositions liberticides…pour « protéger l’état de droit » au service du capital. On vient de voir vers qui s’est tourné Macron pour faire passer sa loi inconstitutionnelle sur l’immigration : le RN y voit fortement sa patte et le fait savoir.

Les « démocraties libérales » fabriquent des citoyens-consommateurs dans une société individualiste qu’elles cherchent à dépolitiser, où règne la dictature de l’argent et des milliardaires prédateurs de plus en plus riches. Il faudrait les admirer ? L’ennemi c’est celui qui parle des biens communs, de partage des richesses issues du travail de tous, de revenus dignes pour chacun, de réelle égalité des chances, de sécurité sociale et physique, d’éducation, de formation, d’emploi, de logement, d’accès aux soins, à la culture…

Après avoir dominé le monde pendant plusieurs siècles les pays riches colonisateurs ont développé leur économie (possession de la terre, du sous-sol, de la main d’oeuvre gratuite, esclavage ou peu chère, du travail des enfants, des femmes, des immigrés à bas coût…). Au fil du temps, des idées progressistes portées par des luttes ont émergé et étendu les libertés individuelles (durée du travail, syndicalisation, droit de réunion, liberté d’expression, droit de grève, pluralisme dans les institutions…)

C’est loin d’être d’être la règle dans les quelques 190 pays répertoriés dont beaucoup se réclament de traditions et de critères remontant très loin qu’il nous faut comprendre,  respecter, discuter sans que des considérations péjoratives et racistes dévalorisent les valeurs ou les croyances des autres. La décolonisation, au lendemain de la 2è guerre, n’a pas fait que des heureux dans les pays ex-colonisateurs. Le nationalisme et le racisme persistent…

Les E-U, première puissance depuis plus d’un siècle, prétendent incarner « le monde libre » à travers les « démocraties libérales ». Le pluralisme constitue un incontestable progrès. Peut-on pour autant parler de Liberté avec un grand L, quand la moitié de la population ne vote pas et qu’il faut beaucoup d’argent pour accéder à la « démocratie représentative ». Le conflit d’intérêts y est permanent et la liberté formelle.

D’ailleurs, qu’on vote démocrate ou républicain c’est toujours pour gérer « au mieux » le capitalisme, donc les intérêts des très riches d’abord qui se considèrent comme les moteurs de la première économie du monde, au plus haut niveau du pouvoir d’achat moyen. Ce qui ne réduit pas leur dette colossale (36 000 mds$), leur monnaie ne rassure plus, l’insécurité et les inégalités sociales y sont énormes. La prise de risques fait partie du capitalisme, nous dit-on. Et dire que Trump pourrait être de retour ! Après avoir investi la Maison Blanche..?

Le libéralisme, c’est la guerre et l’instabilité
Ce qui paraît acquis -et depuis longtemps- c’est que les guerres sont faites pour les intérêts de ceux qui en décident et qui ne les font pas, aux dépens de ceux qui les font et qui n’en décident pas, ainsi qu’aux dépens des populations qui les subissent dans leur chair et ne peuvent se défendre. Le 21è siècle est sur une mauvaise pente.

Comme l’illustrent les guerres Russo-Ukrainienne déclenchée par les premiers et la guerre Israël-Palestine relancée par le Hamas et entretenue depuis 75 ans par Israël poursuivant sa colonisation et accentuant sa volonté destructrice du peuple palestinien.

Les E-U soutiennent politiquement et militairement Israël tout en jouant un double jeu au Moyen-Orient, toujours par intérêt, pour ne pas se couper eux-mêmes de partenaires arabes et éviter l’embrasement de la région aux conséquences encore plus imprévisibles. L’UE vient de s’en démarquer tardivement mais sans actes concrets à ce jour. Les « démocraties libérales » laissent faire Israël !

Le libéralisme n’est pas un rempart destiné à susciter la coexistence pacifique et le désarmement dans le monde mais un tremplin qui remplit les carnets de commandes des riches marchands d’armes et de matériels militaires qui obèrent les budgets publics votés plusieurs années à l’avance. Les consommer c’est faire marcher les affaires !

Ce n’est pas l’intérêt des peuples mais des marchands. Le monde a besoin de perspectives de paix, de désarmement et de coopérations parallèlement aux autres défis de grande portée, sociaux et climatiques notamment.

Le libéralisme c’est l’impasse politique.
Le libéralisme est en train de nous conduire dans les bras de l’extrême-droite néo-fasciste en France, en Europe et aux E-U. L’heure est grave. Seul le mouvement populaire conscient et déterminé peut ouvrir le chemin d’une démocratie, création continue pluraliste, républicaine et progressiste.

Il nous faut reprendre le flambeau et rappeler l’esprit et le contenu universel de notre Révolution  de 1789 pour répondre aux attentes populaires actuelles et aux nécessités qu’exigent en urgence la planète sur-exploitée, comme les femmes et les hommes qui aspirent à une vie digne, à égalité de droits. On en est loin.

Naturellement les libéraux et ultras ne mettent jamais en question le « libéralisme », son contenu  et son objectif, ils le sanctuarisent. Au service des classes dominantes, ils se battent pour le gérer, comme Macron, le plus à droite possible. On l’avait remarqué !

Nommons bien l’obstacle et redonnons son sens à notre devise révolutionnaire : Liberté, égalité, fraternité, faisons-là descendre des frontons de nos mairies pour en faire le coeur et le but de notre débat public.

Dans quelle société voulons-nous vivre ?

René Fredon

À suivre : des perspectives existent à gauche

(1)https://www.humanite.fr/social-et-economie/rigueur/lenquete-quatre-decennies-de-liberalisme-la-france-craque-777912

 

(2)https://www.oxfamfrance.org/rapports/multinationales-et-inegalites-multiples/

(3) Thomas JEFFERSON (1743-1826), président des États-Unis, discours de 1802 sur la dette.
« Je pense que les institutions bancaires sont plus dangereuses pour nos libertés que des armées entières prêtes au combat. Si le peuple américain permet un jour que des banques privées contrôlent leur monnaie, les banques et toutes les institutions qui fleuriront autour des banques priveront les gens de toute possession, d’abord par l’inflation, ensuite par la récession, jusqu’au jour où leurs enfants se réveilleront, sans maison et sans toit, sur la terre que leurs parents ont conquise.»

(4)https://www.economie-et-politique.org/2023/11/09/debat-sur-le-plan-climat-empreinte-2050-du-pcf/

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