Le Festival de Toulon rend hommage à Beethoven Quatre artistes révélés !

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La cinquième nuit du piano du Festival de Toulon et sa région a été un succès à l’Opéra devant une salle bien pleine.

De17h30 à 23h30 trois pianistes une violoniste et quatre élèves de l’Institut d’Enseignement Supérieur de la Musique d’Aix-en-Provence IESM d’Aix ont rendu hommage à Ludwig Van Beethoven dans un programme original et virtuose.

En ouverture Olga Bondarénko a interprété avec verve et passion la  Sonate n°13 « Quasi una fantasia » Op. 27 n°1 puis un jeune trio, le Trio Gabbiano  formé de Nour Lakis / Louise Ragu / Andrea Pron a donné le beau  Trio en do mineur, Op. 1 n°3 de Beethoven. On sent toute la qualité d’enseignement de cette structure qui laisse s’épanouir de beaux tempéraments d’artistes à l’avenir prometteur.

Davantage en émotion et incrustation  digitale Igor Tchetuev a déroulé la sonate dite  la Tempête avec fougue et maîtrise. Prenant des risques par des tempi très vifs il a su défendre le lyrisme pré romantique de cette  page du jeune Beethoven. Il a démontré ensuite  sa virtuosité dans la charmante pièce intitulée « Colère pour un sou perdu », Op. 129, ce rondo  diabolique en forme de mouvement perpétuel.

La suite du concert réserva bien des surprises. D’abord  Tanguy de Williencourt, un jeune talent déjà reconnu et invité dans les grands organismes de concert (La Roque d’Antheron) se présenta avec les difficiles et énigmatiques Variations opus 27 d’Anton Webern qu’il enchaina sans pause avec la sonate Pathétique opus 13, trompant la projectionniste du sur-titrage  qui attribua à Beethoven  ce qui était à  Webern… Pauvre Webern si peu joué à Toulon de même que son compagnon de l’école viennoise Alban Berg et sa belle et profonde  Sonate n°1. On saura gré à ce jeune pianiste d’avoir ainsi fait cohabiter les deux maîtres de l’école viennoise avec Ludwig van. Un grand moment de télescopage heureux de l’histoire de la musique.

Mais nous n’étions pas au bout de notre étonnement musical lorsque sous les doigts de Florian Noack, jeune et déjà professeur à Bâle et Cologne résonnèrent les notes de la transcription du 1er mouvement du  concerto N° 3 de Beethoven par Charles-Valentin Alkan. Moment de redoutable virtuosité maîtrisée. Véritable panel de toutes les difficultés interprétatives au piano : octaves redoublées, notes détachées en rafales, gammes ascendantes croisées, les « crescendo » et les « decrescendo » empilés main gauche, main droite, trilles cristallins allant du triple piano au triple forte, tempi diaboliques, grupetti et mordant ravageurs…. La « cadence » intégrée par Alkan est un fantastique Everest digital. Il a été franchi avec une nonchalante facilité par le jeune virtuose. La petite sonate de Clementi qui précédait ce monument semblait servir de mise en doigt à Noack. Clementi ça ressemble à du Mozart, ça a le goût du Mozart …mais ce n’est pas du Mozart. Par contre c’est très bon pour « se faire l’agilité  doigts. »

Pour terminer le concert on retrouva Igor Tchetuev et Fanny Clamagirand  dans la Sonate « À Kreutzer » pour piano et violon nº 9, Op. 47. Là aussi la bonne surprise était la découverte d’un duo d’artistes cohérent et bien équilibré. Fanny Clamagirand qui joue sur un violon du XVIII° siècle apparaît dotée d’un legato excellent, d’un sens du phrasé indéniable et d’une sensibilité interprétative convaincante, dans cette page célèbre. Admirablement soutenue par son partenaire Igor Tchetuev, elle  fait chanter son instrument avec une tendre passion.

Peut-être le piano aurait-il pu être simplement à demi-ouvert pour éviter quelques distorsions d’équilibre d’intensité sonore. Pourtant le second mouvement et son thème et variations si fraternellement beethovéniennes a été un moment fort de la soirée.

Nous regrettons toujours encore trop d’applaudissements intempestifs entre chaque mouvement des œuvres, gênant l’écoute et la concentration des  artistes.

Il faut dire que ce concert  accueillait beaucoup de jeunes élèves, leurs parents  et leurs professeurs de piano. Ce souci didactique (master class de Florian Noack au Conservatoire le 7 février) est un des mérites et non le moindre  de ce Festival courageux qui honore la ville de Toulon et le département du Var.

Jean-François Principiano

 

 

 

 

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