Nombre d’électeurs de gauche, ardents républicains pétris d’humanisme, semblent en proie à de pathétiques tourments métaphysiques lorsqu’ils s’interrogent sur leur future attitude au second tour de la présidentielle. Très sévères envers Emmanuel Macron, tenant pour scélérates presque toutes les décisions politiques et sociales prises au cours du mandat, exaspérés par ses fréquentes palinodies, ils se voient mal aller voter pour lui en mai prochain afin d’empêcher Marine Le Pen d’accéder au pouvoir. Leur petit héroïsme civique aurait ses limites… Certaines informations pourraient toutefois les convaincre de se faire à nouveau (un peu) violence pour, n’ayons pas peur des mots, sauver notre démocratie chancelante.
Dans sa dernière livraison, « Le journal de la Résistance », organe officiel de l’Association nationale des Anciens Combattants et amis de la Résistance (ANACR), publie un article consacré aux copains de la candidate Rassemblement National. On apprend ainsi – la « grande » presse n’en a pour ainsi dire jamais parlé – que la valkyrie nationaliste s’est rendue au Portugal à l’automne dernier pour y soutenir le chef du parti « Chega », son « ami » (sic) André Ventura, candidat à l’élection présidentielle lusitanienne. Ce Ventura propose notamment de démanteler l’École publique et de supprimer le ministère de l’Éducation nationale ; il se prononce contre l’avortement et se déclare partisan de l’ablation des ovaires pour les femmes ayant avorté. Il veut instaurer la privatisation du système de santé et de la sécurité sociale. Il souhaite libéraliser les expulsions locatives ainsi que le code du travail. Il appelle de ses voeux le retour à la peine de mort et à la détention à vie. Il entend rendre illégal le mariage homosexuel. Prêchant la haine anti-immigrés, il s’en prend particulièrement aux Roms qu’il suggère d’interner dans des camps pendant toute la durée de la pandémie Covid en cours…
À Bruxelles, Chega a rejoint le parti européen d’extrême droite, « Identité et démocratie » auquel appartient le Rassemblement national, la Ligue italienne et toutes les autres formations fascistes du vieux continent.
Bernard Oustrières
gazetier honoraire
