L’acceptabilité, une valeur ambiguë !

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Vous avez dit Acceptabilité ! Voilà un mot qui fait florès en ce moment et dont la définition est : capacité à être accepté, caractère de quelque chose qui est plus ou moins tolérable.

Lorsqu’un message est  correctement émis et signifiant pour l’interlocuteur on parle d’acceptabilité. C’est un mot d’origine latine, acceptabilitis.

Pour en savoir davantage sur ce mot, j’ai ouvert le  célèbre et historique Gaffiot, le  dictionnaire-français latin qui renvoie la définition à une étrange pratique du monde du théâtre à Rome sous la République.

Vérifier la réception d’un message.
Voilà les faits. Avant de commencer un spectacle théâtral à Rome, dans les Arènes ou les Odéons, on devait pratiquer un rituel. Les  comédiens devaient tester leurs  voix en présence de deux  juges appelés les acceptabilitis. Un des juges était placé au dernier rang et l’autre au centre du proscénium. Le comédien se présentait pour lire son texte d’une voix de stentor tandis que le juge dans les gradins vérifiait que le son parviendrait bien aux spectateurs les plus haut placés, quel que soit le contenu du texte.

Ainsi l’acceptabilité est  avant tout une vérification que le message envoyé sera bien reçu et fera sens.

C’est à partir de cette vérification purement  formelle que  s’élabora la notion d’acceptabilité qui nous interpelle tant en cette période de covid 19 avec  sa cohorte d’injonctions sanitaires.

Sécurité ou liberté ?
Les Français pourront-ils  toujours accepter les mesures réglementaires qui parfois vont à l’encontre de leurs libertés individuelles ? Ont-ils bien compris ? Ont-ils  décodé le message ? Seront-ils d’accord ? En général on accepte   mieux  ce que l’on comprend comme utile au bien commun.

En d’autres termes, la communication doit toujours s’accompagner d’une certaine pédagogie. Il faut s’assurer que le récepteur a compris. Car l’acceptabilité ne se décrète pas  unilatéralement, elle se construit dans la confiance entre l’émetteur et le récepteur. Reçu cinq sur cinq !

Me suis-je fait bien comprendre ?
Soyons honnêtes, même dans la vie sociale quotidienne, entre citoyens, entre  parents et enfants, entre maris et femmes, dans le monde du travail, entre enseignants et élèves, il vaut  mieux toujours vérifier que le message a été bien compris si l’on veut que la communication soit bonne. Sans brouillage !

Par contre pour rendre acceptables des mesures difficiles, il faut  pratiquer l’acceptabilitis à la romaine, vérifier que l’on a été compris jusque dans les gradins les plus distants de la voix émettrice et que le récepteur est bien apte à en saisir  le contenu…Notons d’ailleurs que toute communication n’est pas gage de vérité…Elle  peut être aussi l’art de faire accepter l’inacceptable.

Dans le cas des caricatures religieuses qui soulèvent la polémique, certes le message émis est sincère, s’appuyant sur la défense de la liberté d’expression, mais le récepteur peut le percevoir intolérable si l’on ne s’est pas interrogé sur son acceptabilité pour lui. Pour bien communiquer il faut être sur la même longueur d’ondes comme dirait Marconi !

Il n’en reste pas moins que tout message au peuple doit être clair, que tout engagement devant lui  doit être tenu. Sinon ?

Un proverbe romain cité souvent  par Jules César (qui s’y connaissait bien en terme de « populisme ») disait « les promesses  sont comme des œufs, lorsqu’on les couve elles ont  des ailes ».

Jean-François Principiano

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