Gérard Rancinan et Caroline Gaudriault voyagent en démocratie
Le photographe Gérard Rancinan, et Caroline Gaudriault, sont connus et appréciés depuis la « Trilogie des Modernes Behind The Scènes » un film de Vincent Tavernier. Ils exposent dans les plus grands musées nationaux du monde (récemment à Rabat au Maroc) et se font depuis des années les témoins critiques des métamorphoses de notre société. Dans leurs derniers travaux, ils déconstruisent méticuleusement les tics de nos sociétés dites démocratiques. Ils sont jusqu’en mai à la Villa Tamaris centre d’Art pour l’exposition « Voyage en démocratie » A voir et à partager. Une bonne pioche de Jacqueline Franjou la directrice artistique.
Les mutations contemporaines.
Photographies monumentales et expressionnistes pour Gérard Rancinan qui met en scène la virulence et la subversion contemporaine. Trente photographies taillées à la mesure des rages et désirs qu’il transpose. Dans cette verve allégorique d’une observation affutée, il expose pour la première fois une fresque exceptionnelle et unique de 15 mètres de long sur les dérives du pouvoir (photo)
Installations d’écritures pour Caroline Gaudriault qui, par la création de parchemins suspendus, de vidéos de textes ou d’immersions sonores, amène à une réflexion percutante et sensible sur la dramaturgie de l’époque.
L’intentionnalité dénonciatrice.
L’intention des artistes est attestée par leur profession de foi. « Voyage en démocratie posent des questions pertinentes et surtout impertinentes. De l’ochlocratie à la webocratie, de la théatocratie à la démocrature : ces surnoms ne sonnent pas comme des hasards. Ils prennent leurs sources dans une représentation en crise et posent insidieusement cette question : qui a le pouvoir ? Des tentatives de réponse se dissimulent entre les médias et leur objectivité ; dans le prix de la démocratie ; dans les réalités virtuelles et algorithmiques ; dans les quêtes d’identité d’une population oubliée ; dans la bureaucratie des Cerfas et des circulaires ; dans les dogmatismes qui neutralisent les débats ; dans l’hygiénisation d’une société qui se voudrait morale et irréprochable ; dans l’abandon de nos confidentialités… » C’est bien dit. On pourrait ajouter par la soif de pouvoir qui anime la campagne présidentielle que nous vivons, on sent bien que ce qui préoccupe les candidats c’est la conquête du pouvoir pour le pouvoir. Tous font des promesses. Demain on rasera gratis ! Sans doute. Le travail de ces deux artistes mériterait d’être vu par un plus grand nombre de visiteurs. Ils soulèvent les vraies questions dans une forme généreuse et engagée qui n’exclut pas un certain recours aux procédés du montage et du détournements qui datent un peu. L’intentionnalité dénonciatrice s’impose néanmoins avec une évidence didactique. Dans une vidéo postée sur YouTube les deux artistes commentent leurs œuvres exposées (que l’on retrouve en partie à la Seyne) au Musée Mohammed VI d’Art Moderne et Contemporain de Rabat. A voir.
Villa Tamaris Centre d’art 295 avenue de la Grande Maison 83500 La Seyne-sur-Mer
Jusqu’au 7 mai de 14h à 18h30 sauf les lundi de Pâques et 1er mai. Fermé le lundi et les jours fériés. Entrée libre. 04 94 06 84 00 et villatamaris@metropoletpm.fr
Jean François Principiano
