La Dispute de  Marivaux au Théâtre de l’Esplanade de Draguignan

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Qui, de l’homme ou de la femme, s’est rendu coupable de la première infidélité ?
Une dispute qui réconcilie, voilà bien le moindre des charmes de ce marivaudage méconnu ! Le ton badin et virevoltant d’un Marivaux rompu aux mécaniques de l’intrigue amoureuse – il a alors 56 ans – est ici plongé dans un univers contemporain.

En une énonciation décomplexée de leurs envies, quatre jeunes adultes se soumettent aux circonvolutions du désir. La compagnie marseillaise Du jour au lendemain aime à pimenter les grands auteurs. Pour sa huitième création, la metteuse en scène Agnès Régolo pioche aussi du côté de l’exaltation d’un Tchekhov, galvanisé par des musiques pulsantes et de sensuelles danses, drôles et baroques.

Le mardi 28 février au Théâtre de l’esplanade de Draguignan le public découvrira donc cette fable hors du temps écrite par l’un des plus grands observateurs de l’amour et de l’âme humaine, disséqués avec sagacité et tendresse. Agnès Régolo en exalte tout l’humour dans une mise en scène ponctuée de parenthèses chorégraphiques et musicales qui a été remarquée en Avignon.

Une épreuve amoureuse
Beaumarchais, Jean-Luc Lagarce, Alfred Jarry, aujourd’hui Marivaux, la compagnie est curieuse de toutes les écritures théâtrales. La Dispute, son huitième spectacle, exploite la mécanique et les potentialités dramatiques de l’épreuve amoureuse vécue par quatre jeunes gens au seuil de leur vie d’adulte. Agnès Régolo a choisi de jeunes comédiens en phase avec cette situation pour relever le défi de faire entendre la modernité de cette courte pièce métaphysique qui, dans une désarmante liberté, évoque le désir.

Un espace de jeu ouvert
La scénographie fait la part belle à l’espace de jeu, volontairement ouvert, immersif par le jeu des lumières et les projections, au sol brillant comme une nappe d’eau : un espace à la fois « vierge » et civilisé qui n’est pas sans évoquer l’Eden… le paradis perdu.

Dans cet univers poétique et innocent – une jolie forêt verdoyante -, ces êtres à la pureté naïve vont faire l’expérience de l’amour, de l’infidélité, de la jalousie, de la culpabilité, tous très attachants par leur naïveté première.

La Joie de vivre et d’aimer
Agnès Régolo s’empare de  ce texte avec finesse, lui accorde un caractère intemporel, nourri d’une fraîcheur vivifiante. Le bonheur des corps qui exultent, les danses en intermèdes, les eaux de la rivière éclaboussées, tout se conjugue en un rythme soutenu avec une jubilation communicative. Une sorte d’hymne à la joie de vivre et d’aimer.

Pièce philosophique, descente élégante aux enfers de la culpabilité des sexes, « La Dispute » est un joyau : des personnages féminins, dans une désarmante liberté, énoncent leurs désirs, leurs élans, leurs attentes, sans soumission, sans résignation, sans culpabilité, parfaitement décomplexés.  « Nos différences sexuelles n’induisent aucune excellence de supériorité » disent-ils. On les suivrait volontiers !

À noter aussi le   travail admirable sur le son, la  musique,  les lumières, la scénographie, tout ici concourt à une célébration de la jeunesse et du marivaudage. On peut  penser aussi à un hommage  au théâtre dans toutes ses composantes. Un moment de bonheur à partager en famille et entre amis.

Tarif Plein 26€  Réduit 16€ Carte Saison 12€ et 19€

Mardi 28 février 20h30 La Dispute d ‘après Marivaux. Textes additionnels d’Anton Tchekhov.  Mise en scène Agnès Régolo. Infos : Théâtres en Dracénie  04 94 50 59 59.

 

Jean François Principiano

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