Humour et politique : la Politique du rire

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Conférence par Jean-François Principiano lundi 17 juin 14h30 grande salle du Forum du Casino de Hyères. Entrée libre. Apéritif de clôture des activités de la saison de  l’UTD.

La dernière conférence de l’UTD de Hyères (l’université du temps disponible) sera consacrée au lien qui existe entre le monde politique et sa critique à travers la caricature sous tous ses aspects (dessin, film, sketchs, vidéo). Le rire est un marqueur d’intelligence, de culture ; il s’inscrit durant les périodes de violence tel un processus de civilisation, forme de continuation d’une lutte sans effusion de sang. Les censeurs et les ignorants tentent de l’interdire, mais il reparaît toujours… Expliquer les rapports conflictuels entre l’invention du rire et la construction de la politique depuis Machiavel et Rabelais permet d’éclairer les ruptures actuelles d’un monde globalisé où la question du rire politique repose celle de la liberté d’expression et de conscience, au cœur d’une cité républicaine meurtrie et à repenser.

Le rôle de l’humourBergson pensait que l’humour était un désinfectant social tant il était capable de tenir à distance les postures diverses des hommes et des femmes politiques.

Si une forme de politique au sens  philosophique du terme  est noble et nécessaire, la plupart du temps le monde politique est celui des instincts les plus contestables, égoïsme, orgueil, recherche du profit personnel, copinage, trahison, veulerie, vacuité intellectuelle, recherche des honneurs passagers, goût du pouvoir, rivalités stériles, jalousies morbides, enflure de l’égo…et tout ça se situant a des années lumières de l’intérêt public. Pierre Bourdieu disait que  les gens parlent de politique  parce qu’ils ne savent pas parler d’autre chose. Les discussions politiques de salon sont vaines, prétentieuses et stériles. On amuse la galerie en somme…tandis que la vraie force est l’économie dont on parle moins souvent.

Ainsi va l’histoire
La conférence montrera que les diverses périodes historiques ont connues des vagues de contestations du politique par le biais de la caricature, de l’humour et des chansons. À chaque pouvoir son contrepouvoir voilà la loi fondamentale. Caricature vient de l’italien caricare qui veut dire charger, forcer le trait, souligner à outrance. Certains dessins ont conduit leurs auteurs à la mort ou à la prison. Car il fallait un sacré courage d’âme pour avoir la force et  le plaisir de contester un pouvoir absolu. Ainsi, il sera évoqué, l’évolution de la liberté de  la presse au sein des diverses sociétés  étudiées.

Un art jadis noble
Considérée souvent comme un document historique, la caricature occupe un espace intermédiaire entre nombre de disciplines, entre l’histoire, l’histoire de l’art et la sociologie, entre l’histoire des arts graphiques, de la presse et des medias.

La préface que Mosini (alias Giovanni Antonio Massani) publie à Rome en 1648 pour accompagner un recueil de Diverse figure d’Annibale Carrache, est considérée comme le manifeste théorique et apologétique du genre des portraits chargés («Ritrattini carichi»). L’auteur, maestro di casa du pape Urbain VIII, souligne combien la caricature était un exercice ludique au sein de l’académie de peinture des Carrache qui encourageaient ces dessins d’après nature. Selon eux, l’artiste pouvait s’approcher de l’essence de la réalité et d’une certaine beauté́ par le moyen de la déformation «bellezza della deformità ».

Un rôle contestataire
La Révolution française, elle, déplace les enjeux du débat esthétique vers la sphère publique en soulignant l’efficacité́ politique des estampes satiriques et leur impact dans l’opinion publique. Les premières recherches érudites sont d’ailleurs souvent le fait d’écrivains (de «publicistes», pour reprendre un qualificatif de l’époque) sensibles à la dimension «populaire», «authentique» et contestataire du genre. En 1865, Champfleury, un journaliste et romancier proche de Courbet, un socialiste militant lors de la Révolution de 1848, publie ainsi une Histoire de la caricature moderne qui a fait date. « La caricature est avec le journal le cri des citoyens. Elle représente la foule », résume-t-il.

Le monde politique actuel
Avec la démultiplication des médias électroniques et des réseaux sociaux, la critique humoristique prend des dimensions étonnantes : les conflits et les procès se multiplient depuis l’apparition de revues comme le Canard Enchainé, Hara-kiri, Charlie Hebdo mais aussi le Bébête show et les Guignols de l’Info etc.…C’est le temps des vedettes de la dérision politique comme Coluche, Desproges, Le Luron, Devos, ou Gerra.

La conférence soulignera les limites de cet exercice qui se situe à la charnière de deux valeurs, celle de dire ce que l’on pense au nom de la liberté d’expression et  celle de préserver la sphère privée au nom du respect de la personne. Comme disait Desproges on peut rire de tout mais pas avec tout le monde.

Conférence illustrée  Humour et politique, la Politique du rire par Jean-François Principiano professeur d’Histoire lundi 17 juin 14h30 salle du Forum du Casino de Hyères. Entrée libre. Apéritif de clôture de l’UTD en partenariat avec l’association Opéravenir.

Elya Weismann  06 11 81 54 73 et 06 04 48 62 75

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