Je crois que tous les professeurs d’Italien du Var devraient amener leurs élèves voir cette belle rétrospective proposée par l’Hôtel des Arts de Toulon tant elle correspond à l’image de la culture italienne moderne. N’oublions pas que le pays de Leonard est aussi celui de Castiglioni Gio Ponti et Sottsass. Faire que le beau soit utile et vice versa c’est un peu la spécificité de l’Italian Touch ! L’Exposition est visible du 26 juin au 31 octobre. Entrée libre.
Plus de 250 pièces
Les collections design du Centre Pompidou seront présentées sous le titre énigmatique de l’utopie du design italien 1930-2000 sous le commissariat de Marie-Ange Brayer, commissaire associé Olivier Zeitoun et dans une scénographie de Jean-Baptiste Fastrez (lauréat Design Parade Hyères en 2011). Ce sont plus de 250 pièces issues des collections du Centre Pompidou et plus de 50 designers qui seront présentés à l’Hôtel des Arts TPM à Toulon. Un événement et une bonne opportunité d’accueillir la fine fleur de cet art du quotidien.
L’inventivité italienne
Pourquoi l’Italie a-t-elle dominée le design ? Par sa constante sensibilité esthétique au cours des siècles (une chaise curule romaine c’est déjà une forme de design !), par son parcours à la fois chronologique et thématique, allant de l’entre-deux-guerres à nos jours. Par le sens du beau caractéristique de l’art italien depuis la Renaissance. Par le culte de l’apparence : songeons à la différence des carrosseries des voitures allemandes ou française avec les voitures italiennes… Ensuite et surtout par la place des formations artistiques pratiques dans le système éducatif italien (il Politechnico di Milano) qui, depuis le Fascisme jusqu’à nos jours a accompagné l’histoire de l’art italien.
Cette exposition souligne à juste titre la singularité d’une culture architecturale et des avant-gardes modernes, tel que le Futurisme au début du XXe siècle (très proche du fascisme exemple Marinetti). Gio Ponti (1891-1979) est considéré comme le père du Design italien.
Entre expérimentation et radicalisme, transcendant les oppositions entre industrie et artisanat, le design italien ouvre la voie à une autre approche de l’objet, au-delà du fonctionnalisme, renouvelant la relation avec l’environnement domestique et architectural. L’Objet utilitaire peut aussi être beau.
Un sucés international
Il ne faut pas oublier l’aspect positif du régime fasciste dans les arts et en architecture (il ne s’agit pas ici de réhabiliter cette terrible et détestable dictature). Après l’esthétique rationaliste de Pagano et Albini des années 1930-1940, le design industriel italien connaît un succès international dès les années 1950 Sottsass, Borsani, Colombo et surtout Achile Castiglioni (vidéo la lampe Arco). Il est considéré comme une sorte de laboratoire des grandes transformations sociales et politiques du XXe siècle en Italie.
Le Design symbole du Miracle économique italien
Des utopies critiques portées par l’architecture radicale (Archizoom, Superstudio, Pettena, Ugo La Pietra), à la « réappropriation » des objets (Autoprogettazione d’Enzo Mari, « objets pauvres » de Riccardo Dalisi, Arte Povera de Germano Celant), le design italien s’ouvre à la « création collective » dans les années 1970.
Ces expérimentations viendront nourrir les mouvements Studio Alchimia (Alessandro Guerriero, Alessandro Mendini) et le fameux groupe Memphis, autour d’Ettore Sottsass, (dont l’œuvre balaye toute la période) au début des années 1980. « De l’objet banal au renouveau de la dimension décorative, les objets ordinaires se métamorphosent en objets iconoclastes, tandis qu’au même moment, le post-modernisme interroge les notions de signe et d’image dans leur rapport à l’histoire. »
Andrea Branzi (1938)
Le design italien se projette ainsi « au-delà du design », avec Joe Colombo dans les années 1960 et s’oppose au rationalisme pour s’inscrire dans une expérience plus émotionnelle. Théoricien et designer, Andrea Branzi réclame lui aussi un « design émotionnel », qui prenne appui sur notre expérience perceptive et émotive, un retour animiste à la dimension symbolique et archétypale des objets, qui renvoie à l’esprit d’utopie. Andrea Branzi, c’est cinquante ans de réflexion sur l’architecture et le design. Si Andrea Branzi né en 1938 a dessiné beaucoup de vases sublimes, en forme de tronc d’arbre ou de petits personnages, il s’est surtout imposé comme un théoricien audacieux, brisant un à un tous les dogmes du mouvement moderne élaborés dans les années 20. Il dit :« Le mouvement de l’architecture radicale est né à Florence, en 1966, sans doute parce que dans cette petite ville monumentale, une des plus belles du monde, il était sans doute davantage possible d’imaginer une autre façon d’être moderne. »
Une exposition didactique
L’exposition accueillie propose une série de thèmes (un peu artificiels) : Rationalisme, Design organique, Généalogie de l’assise (?), Luminaires, Design industriel, Design radical, Des radicaux au style Memphis, Ville post-moderne, avec un focus sur deux figures majeures du design, Ettore Sottsass et Andrea Branzi. A travers la création d’environnements colorés et d’objets fictionnels, le designer Jean-Baptiste Fastrez a conçu une scénographie fonctionnelle qui ouvre sur un théâtre imaginaire des objets. Cette belle présentation est visible tout l’été. Il ne faut pas la manquer.
Infos : Hôtel des Arts TPM 236 Boulevard Général Leclerc.83000 Toulon Tél : 04 94 93 37 90
hoteldesarts@métropoletpm.fr
Jean-François Principiano