Pour 256 000 ménages de notre Région PACA la situation est difficile, voire précaire. Le soleil et la mer ne suffisent pas au bonheur de ces familles pour lesquelles se chauffer est devenu un luxe auquel elles n’ont souvent plus accès. C’est ce qui ressort d’une enquête récente de l’Institut nationale de la statistique et des études économiques (INSEE). Il en ressort que » les dépenses de carburant ou de chauffage constituent une part importante des revenus » d’où il découle une » vulnérabilité énergétique « . Certes, elle est plus faible en PACA ( 12 % des ménages ) que dans le reste de l’Hexagone ( 22 % ) mais il convient de nuancer… les rigueurs du climat ne sont pas comparables entre le Var et l’Est de la France. La facture de fuel s’en ressent. Notamment pour » les occupants de grands logements anciens chauffés au fioul, ainsi que les personnes seules à bas revenus, notamment retraitées. »
La campagne coûte cher
Cette vulnérabilité énergétique touche également les frais d’essence pour les déplacements. dans de nombreuses régions, les ménages les moins nantis ont pris le parti depuis plus d’une décennie de vivre à l’extérieur des villes, en campagne pour économiser sur les loyers ou sur le prix d’achat d’une résidence. Mais ce paramètre a été progressivement battu en brèche avec l’augmentation du prix de baril de pétrole… et de l’essence à la pompe. » Dépendant principalement des navettes domicile-travail, la vulnérabilité liée aux déplacements est la plus prégnante dans la région » précise l’INSEE pour qui » elle affecte surtout les ménages d’actifs, résidant notamment en dehors des pôles urbains et disposant de revenus faibles et moyens. » Une autre conclusion mérite d’être relevée : » Très liée aux déplacements domicile-travail, la vulnérabilité due aux dépenses de carburant touche plutôt les ménages qui résident en dehors des pôles urbains. Les départements littoraux sont particulièrement concernés, notamment les communes autour des pôles d’Aix-Marseille et de Toulon (entre Saint-Maximin-la-Sainte-Baume et Draguignan), et dans l’arrière-pays niçois (autour de Levens). Les ménages vulnérables sont également nombreux dans la couronne de Gap (entre Chorges et Tallard) et dans le Luberon (autour d’Apt et de Manosque) »
Ainsi, dans ces couronnes » plus de 20 % des ménages sont vulnérables. La facture de carburant liée aux déplacements contraints (domicile-travail, achats, soins et démarches administratives) y est la plus élevée : elle atteint 1 070 euros annuels, contre 540 euros en moyenne régionale. Elle excède même 1 500 euros pour les ménages qui effectuent leurs déplacements domicile-travail en voiture. »
Un ménage sur huit
Il va de soi que la croissance des dépenses énergétiques influe sur les autres postes budgétaires des ménages : nourriture, habillement, loyer, soins médicaux, loisirs. » Privations de chauffage, voire impayés ou renoncement à l’emploi peuvent alors en être les conséquences concrètes. » expliquent les spécialistes de l’INSEE.
On distingue des disparités territoriales importantes au sein de la région PACA. Si la part de ménages vulnérables est relativement faible dans les départements littoraux où vit plus de 80 % de la population régionale, » ces départements représentent toutefois les deux tiers des ménages vulnérables de PACA. À l’inverse, les ménages vulnérables sont proportionnellement très nombreux dans les départements alpins peu peuplés (jusqu’à 42 % des ménages dans les Hautes-Alpes). Ils ne représentent cependant qu’un ménage vulnérable de la région sur cinq. »
La même enquête de l’INSEE pointe une autre réalité : » la moitié de la population la plus pauvre voit son revenu baisser pour la troisième année consécutive en 2011. Le revenu des 10 % les plus pauvres est inférieur à 877 euros par mois. Le nombre de personnes vivant avec moins de 977 euros passe de 14 à 14,5 % soit 8,7 millions d’habitants. »
Si ces évidences sont intangibles, les causes sont évidentes : » l’augmentation des durées de chômage et des conditions d’emplois moins favorables expliquent pour partie que ces populations soient plus affectées » notamment chez les jeunes de 18 à 29 ans dont la situation ne cesse de se dégrader.
Le taux de vulnérabilité est de 17,6 % en moyenne dans le Var (dépenses du logement et des carburants ) avec des crêtes atteignant 51,8 % dans certains quartiers toulonnais comme Pontcarral.
Dans le même temps, les 10 % ménages les plus riches voient leur revenu croitre régulièrement et sans menace évidente.
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Vers un doublement des ménages vulnérables?
Est-on au terme de l’augmentation du coût des carburants ? Rien n’est moins sûr. Une poursuite de cette hausse accroîtrait automatiquement la vulnérabilité énergétique. L’INSEE se livre à une projection qui n’a rien de virtuelle… » Avec une hausse brutale de 50 % du prix du carburant, la vulnérabilité liée aux déplacements serait multipliée par deux et toucherait 16 % des ménages. Elle progresserait plus fortement parmi les ménages à revenus élevés et les actifs. Les ménages d’ouvriers, employés, professions intermédiaires représenteraient près de sept nouveaux ménages vulnérables sur dix. De la même façon, sous l’hypothèse d’un renchérissement de 30 % des combustibles utilisés pour le chauffage, 73 000 ménages deviendraient vulnérables (9 % de la population). Les propriétaires de grands logements individuels, anciens et chauffés au fioul, seraient les plus concernés. »
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À l’inverse il n’est pas exclu d’envisager » une amélioration de la performance énergétique des logements, conforme aux objectifs du Schéma Régional Climat Air Énergie en matière de réduction des consommations d’énergie. » Elle contribuerait résorber de manière significative la vulnérabilité énergétique de la région PACA. En effet, si la consommation d’énergie du parc de logements actuel diminuait de 43 %, la région Provence-Alpes-Côte d’Azur comprendrait 71 000 ménages vulnérables en moins… » À quel prix ? En fonction de quelles prises de conscience ? Les spécialistes n’avancent pas de réponses. Même si elles existent. Sous réserve que la conscience l’emporte sur la bonne conscience et que la bonne action cède le pas à l’action… Politique ?
José Lenzini