La 10è coupe du monde de Rugby s’annonce, bon nombre d’entre vous s’intéresse à ce jeu à travers l’équipe du RCT. Mais avant d’être une équipe, c’est un club et une histoire.
Une histoire que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître, pourtant en 1987 une équipe composée essentiellement de Varois a soulevé le bouclier de Brennus, une horde de Toulonnais a été sacrée Championne de France. Ça n’était pas arrivé depuis 1931 !
Cette équipe de morts de faim était entraînée par Daniel Herrero que vous retrouverez à l’occasion de cette coupe du monde de Rugby, sur SUD RADIO en direct pour suivre tous les matchs de l’équipe de France et plus si affinités.
En ce qui nous concerne, nous avons ouvert nos colonnes à Christian Cauvy. Parce qu’il était le numéro 10 de cette équipe de légende, aux côtés de Jérôme Gallion, de Manuel Diaz, de Jean-Charles Orso, de Bruno Motteroz, de David Jaubert, d’Éric Melville…
Né en 1956 à Oullins, dans le département du Rhône, (personne n’est parfait) Christian Cauvy quitte sa région d’origine pour Toulon. Il a alors 17 ans. Détection en équipe de France juniors puis en France A et France B, sélections régionales… Christian Cauvy est déjà le premier ou deuxième ouvreur au niveau national. « Quand je suis arrivé à Toulon, il y a eu une scission au sein du club. Une partie des joueurs s’en allait pour rejoindre Nice avec la fratrie des Herrero, je les ai suivi »
Puis, retour à Toulon à l’âge de 23 ans, où l’entraîneur se nomme André Herrero, frère aîné de Daniel. Christian Cauvy connaîtra alors les heures de gloire chez lui à Mayol. Jusqu’au sacre de Champion de France en 1987. Il mettra un terme à sa carrière de joueur en 1990.
Vient alors le moment de la reconversion. Il passe ses diplômes d’entraîneur et démarre une seconde carrière : Châlon-sur-Saône, Rumilly, puis retour à Toulon pour diriger le centre de formation. Se succéderont ensuite des postes en Italie, Roumanie ou Maroc où il entraînera l’équipe nationale, puis à Quimper il fut séduit par l’Île-Tudy où il tombera amoureux de la Bretagne … preuve de son ouverture d’esprit.
50 ans que Christian vit, respire, transpire, rêve le jeu de Rugby. Il a le rugby dans la peau. Le convaincre de venir sur TV83.info partager sa passion n’a pas été très compliqué. Christian a le partage dans son ADN.
Nous avons ouvert nos colonnes à Christian Cauvy parce qu’il sait de quoi il parle quand il parle de rugby, parce que sur le terrain c’était un vrai guerrier alors que dans la vie, c’est un homme mesuré voire discret. Sur un terrain de Rugby, il était vaillant et plein d’énergie malgré un corps de coquelet et des mollets qui font encore rire ses amis mais seulement ses amis, Monsieur est susceptible.
Nous avons ouvert nos colonnes à Christian Cauvy parce qu’avec lui à Toulon au stade Mayol, nous avons créé en 1994, le premier TOURNOI INTERNATIONAL de RUGBY à 7 de France avec le parrainage de la Fédération Française de Rugby.
Nous avons ouvert nos colonnes à Christian car en plus d’être un très bon joueur c’est un Bon Homme.
Laurent di Gennaro
Se sont ses anciens coéquipiers qui le présentent le mieux.
Jean-Charles Orso. Deuxième ligne au RCT, 13 sélections en équipe de France, : « Pour moi Christian c’est le prototype même d’un joueur dans une équipe. Certains marquent les journalistes, d’autres les supporters Christian lui a marqué tous ceux qui ont joué avec lui. C’est un leader discret mais d’une efficacité redoutable. En 3 mots je vous dirais Sobriété, Efficacité et Humanité. Chacune de ses analyses replaçait l’humain au cœur de son propos. Avec Jérôme Gallion ils ont su devenir une charnière redoutable et redoutée sur tous les terrains. Pour moi Christian a été un très grand joueur et un Homme exceptionnel »
David Jaubert. Ailier au RCT, c’est lui qui a marqué l’essai de la victoire le samedi 2 mai 1987 en finale face au Racing :
« Pour moi Christian c’est :
– le Grand frère
– un exemple d’humilité et de combat
– Monsieur » Drop » avec un physique hors du commun à la » Phil Bennett » qui n’a jamais failli avec sa détermination et sa volonté féroce en défense
-un « chef d’orchestre » pour notre ligne d’attaque
-il restera toujours gravé dans le cœur de ses coéquipiers et du peuple toulonnais »
Jérôme Gallion. Demi de mêlée, longtemps considéré comme le meilleur joueur au niveau mondial, légende du club.
« Quand Christian est arrivé à Toulon il pouvait jouer 9 et 10. Ce qui était un avantage pour l’équipe en cas de blessure. Son gabarit est sans rapport avec l’énergie qu’il dépensait et le courage dont il faisait preuve. Christian avait des placages redoutables. C’était un joueur complet son jeu au pied à droite comme à gauche était très précis et ses drops nous ont aidé plus d’une fois. Il avait une lecture du jeu chirurgicale et ses passes étaient très souvent millimétrées. Pour moi, jouer à ses côtés a été un réel plaisir, nous étions complémentaires et en parfaite connexion. Christian comme joueur me fait penser à Philippe ROUGET THOMAS du Stade Toulousain dans son style de jeu. Christian n’était pas un joueur qui cherchait à prendre la lumière mais il était indispensable à l’équipe, un rouage essentiel, une pièce maîtresse dans notre dispositif. Certains joueurs peuvent avoir un jour 18/20 et le week-end suivant péniblement 10, alors que Christian était un modèle de régularité toujours entre 16 et 18 sur 20. Vraiment jouer avec lui a été pour moi un vrai plaisir.»
Manuel Diaz. Pilier Gauche emblématique. Porteur à lui seul des valeurs de l’équipe de cette époque.
« Christian c’est le joueur de club idéal, un physique peu impressionnant mais jamais battu. Son poste l’amenait à faire des choix offensifs et défensifs qu’il a toujours honoré avec très peu de déchets ! En plus de cela, il termine sa carrière dans les meilleurs dropeurs du championnat (1er en 19987).
Il me faut parler aussi de l’homme en dehors du terrain. Et bien là aussi, Christian est irréprochable, toujours dans les bons coups surtout avec les gros, toujours au service du collectif. En revanche pour organiser les soirées il avait des idées … jamais complètes (énooorme éclat de rire) surtout pour le séjour en Corse, sur 6 jours il en avait préparé 1 voire 2 le reste on attend encore ! mais c’est Christian et on l’aime aussi pour ça.»
Bruno Motteroz. Deuxième ligne aussi sympathique dans la vie que destructeur sur le terrain.
« Christian Cauvy, difficilement descriptible en quelques mots tellement le bougre recèle de qualités (beaucoup) et de défauts (un peu quand même) étroitement liés à ses convictions et à ses principes… Un accordeur anarchisant qui pose tout et ne retient rien, un nomade parfois solitaire mais toujours solidaire, quels que soient la météo et le terrain, bref (j’y suis), un citoyen nullement ordinaire, auprès duquel tu loues cet heureux hasard qui t’offre ce plaisir singulier de partager des instants de vie savoureusement indélébiles. »
Daniel Herrero : Joueur, entraîneur, écrivain
demain un autre article : Rencontre avec Christian Cauvy et Le Calendrier télévisuel de la Coupe du Monde de Rugby. Toutes les rencontres, leur horaire et sur quelle chaîne les regarder
Très beau récapitulatif de ce qui fut l’âme du RCT et d’un joueur attachant que ses partenaires reconnaissent avec beaucoup de sensibilité.
Je crois que chacun d’eux serait traité ainsi par Christian tant le rugby c’est l’individu au service du groupe d’abord. C’est la force maîtrisée des avants qui féconde le jeu des lignes arrières…avec la même abnégation en défense.
C’est le sport que je trouve le plus « collectif ». Un regret il est, hélas, entré dans le sport-business mais ça n’est pas la faute des joueurs.es ! Sa féminisation est un régal…