Il faut le reconnaître : les journalistes (« journalopes », « merdias »
pour reprendre la sympathique terminologie des gilets jaunes) ont bien du
mal faire une synthèse des tremblements qui agitent notre société… Mais
sont-ils vraiment responsables ?
Ainsi, Brigitte Bardot sympathisante affichée du RN, passée sur le parti
de la défense animale, ne trouve rien à redire quand on rejette les
migrants à la mer, mais traite avec beaucoup d’élégance un ministre
« d’assassin », annonce son engagement sur une liste pour les européennes
(ce qui fait les gros titres de la presse nationale…), puis annule son
engagement dans les heures qui suivent.
Ainsi, l’une des têtes pensantes des gilets jaunes (il est interdit de dire
« responsable ») après avoir exprimé sa sympathie pour le gouvernement
populiste italien, va se rendre à San Remo pour expliquer que, « non, les
gilets jaunes ne veulent pas d’un soutien politique ». Il laisse donc
l’entière responsabilité de ce virage à droite à Mme Levavasseur, gilet
jaune déclarée, aujourd’hui reniée par une bonne partie de ses
ex-compagnons de lutte.
Ainsi, après avoir craché sur les syndicats – « tous achetés par le pouvoir »
une autre tête pensante du mouvement, a défilé sans l’ombre d’une
hésitation aux côtés de la CGT. Avec un petit bémol, quand même : pour
ce même défilé on a pu voir une manifestante en jaune expliquer qu’elle
ne se mélangeait pas aux syndicalistes… Comprenne qui pourra !
Ainsi, tous les sympathisants qui adhèrent de façon inconditionnelle
à ce mouvement qui refuse l’idée même d’avoir un leader, suivent en
peloton serré les directives des deux barbus que certaines télévisions
s’arrachent. Et partagent tristement toutes leurs théories complotistes.
Comment trouver une cohérence dans tant d’incohérence ?
Et comment, aujourd’hui, quand on a choisi la profession de journaliste et
la déontologie qui va avec, ne pas devenir un « journaliste atterré » ?
Nicole Fau
