Draguignan : « Trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne »

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« Trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne »
Jusqu’au dimanche 8 octobre 2023
À la mort de Charlemagne, puis de son fils Louis le pieux, l’empire, conformément à la tradition carolingienne, fut partagé entre les trois petits-fils de Charlemagne lors du traité de Verdun en 843 : la Lotharingie, domaine de Lothaire, allant de la Germanie jusqu’à l’Italie en passant par la Meuse, le Rhin et le Rhône, la Francie Orientale et la Francie Occidentale.
L’exposition mettra en avant l’histoire de ce royaume souvent méconnu ainsi que l’exceptionnelle richesse de l’art carolingien. La Lotharingie, au fil d’évolutions politiques complexes, se trouve en effet avoir couvert des territoires, allant de la mer du Nord à la mer Méditerranée et aujourd’hui intégrés à l’Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, le Luxembourg, la France et l’Italie.
Cette géographie mouvante mais cependant ancrée dans le continent européen occidental, est au fondement de la splendeur artistique de la Lotharingie. Héritières directes des inventions des artistes du Palais de Charlemagne, les œuvres créées à la seconde moitié du IXe et au Xe siècles, reflètent dans le domaine de la création les multiples facettes du territoire, allant du monde germanique à l’Italie, en passant par les vallées de la Meuse, du Rhin et du Rhône. En effet, par les héritages divers, entre l’art septentrional et l’art portant l’héritage de la Méditerranée antique, les œuvres des artistes de Lotharingie sont, aujourd’hui encore, fascinantes par leur richesse esthétique. Les relations diplomatiques des souverains carolingiens avec l’Empire byzantin trouvent un écho direct dans le geste artistique, par le voyage des artistes, des œuvres et des matériaux.
Tout en abordant les événements les plus importants ayant rythmé l’histoire de la Lotharingie, l’exposition s’attachera à en révéler les courants artistiques. Qu’elles soient précieuses ou ordinaires, les œuvres de Lotharingie sont le miroir de la grande créativité de cette période.
Suivant un parcours linéaire suggéré par l’architecture du centre d’exposition, la manifestation présentera donc l’art lotharingien dans un contexte élargi dans le but d’offrir des passerelles visuelles aux visiteurs et de permettre de comprendre la place charnière du monde lotharingien au tournant des Ier et IIe millénaires.
C’est Isabelle Bardiès-Fronty qui assure le commissariat de l’exposition Trésors du royaume de Lotharingie, l’héritage de Charlemagne. D’origine toulonnaise, elle est conservatrice générale au musée de Cluny, musée national du Moyen Âge, et responsable d’enseignement à l’école du Louvre.
« Grâce au Conseil départemental du Var, nous y avons rassemblé des œuvres qui ont plus de mille ans, de véritables trésors qu’on ne voit quasiment jamais tellement ils sont rares et précieux », précise la commissaire d’exposition. « Pour les Varoises et les Varois, ce qui pourra être une surprise, c’est de se rendre compte que le royaume de Lothaire, héritage de l’empire de Charlemagne, c’était aussi chez eux ».
Un parcours de visite en 7 actes
Au 1er étage :
De Charlemagne au Traité de Verdun (843)
En guise d’introduction au contexte artistique de la Lotharingie, le propos s’ouvre avec les principaux jalons historiques de ce qu’il convient d’appeler la Renaissance carolingienne, inaugurée au Palais de Charlemagne, qui, en 800, fut sacré empereur à Rome. Les oeuvres d’art dialoguent avec les pièces historiques afin d’éclairer le visiteur sur la chronologie et l’espace concerné.
Au temps de Lothaire Ier et de ses frères, trois royaumes
Le territoire donné à Lothaire Ier en 843 traversait le coeur de l’Europe occidentale du Nord au Sud, ce qui induit un champ d’influences artistiques considérable. Du monde germanique à l’Italie en passant par le sillon rhodanien, Lothaire Ier possédait donc nombre de centres artistiques importants de la Renaissance carolingienne. Une comparaison avec des oeuvres créées dans la Francie occidentale de Charles le Chauve ou la Francie orientale de Louis II le Germanique permet au visiteur de mesurer l’harmonie de la création carolingienne autour de 850. Là encore, le contexte historique est rendu perceptible, au-delà des appareils de médiation, par des objets, notamment des chartes.
Au 2ème étage :
Vivre dans l’espace carolingien aux IXe et Xe siècles
Au-delà de l’art aulique dont certains exemples ont traversé le temps grâce à leur conservation dans les trésors d’églises, l’archéologie a permis de mettre au jour de précieux témoignages qui nous éclairent sur certains aspects de la vie dans le monde carolingien aux IXe et Xe siècles.
Les nouveautés technologique ou sociologique, tels les étriers ou le jeu d’échecs sont mis en avant aux côtés d’objets permettant de mieux comprendre le cadre de vie.
Une attention particulière est portée aux résultats archéologiques mis au jour dans le territoire du royaume de Lothaire, dont la Provence.
Les pourtours de la Méditerranée – Aux marges de l’empire de Charlemagne
Les royaumes d’Occident doivent en large part leur gloire au modèle byzantin. Les oeuvres et les artistes voyageaient et la réception de l’Antique du monde carolingien, à l’oeuvre par la mémoire des monuments romains en Occident, se jouait également grâce à la permanence de la mémoire antique du Moyen Âge grec qui incarnait l’Empire d’Orient qui rayonnait à partir de Constantinople. La fin de l’iconoclasme dans le monde byzantin, intervenu l’année du Traité de Verdun, présida à un retour de la splendeur artistique au Xe siècle, notamment au travers du règne de Basile Ier, inaugurant la dynastie macédonienne. Les contacts entre la Lotharingie et les civilisations extérieures sont révélés par certaines oeuvres au-delà de la sphère d’influence byzantine.
Au Sud, l’Espagne islamique et les État de l’Église de Rome, outre-Manche, les Saxons et les Celtes d’Écosse et d’Irlande, au Nord, le monde viking et à l’Est de la Francie, les peuples magyars, slaves et bulgares, constituaient les marges des royaumes carolingiens.
Grâce aux routes orientales héritées de l’Empire d’Alexandre le Grand par la civilisation romaine et maintenues au début du Moyen Âge, les mondes lointains de l’Inde et de la Chine étaient connus de manière plus sporadique, comme en témoignent des objets trouvés dans les tombes.
Au 3ème étage :
La Lotharingie, une histoire complexe
A la mort de Lothaire Ier, intervenue en 855, son royaume fut partagé entre Nord et Sud mais son fils Lothaire II, qui régna jusqu’en 869, réunit de nouveau Lyon, Arles et Vienne à la Lotharingie à la mort de Charles de Provence, en 863.
En 870, le traité de Meerssen partagea de nouveau le territoire entre Charles le Chauve, Louis le Germanique et Louis II qui garda une partie de la Lotharingie et l’Italie.
Tous ces soubresauts politiques n’empêchent pas une forme d’harmonie artistique, perceptible dans des oeuvres qui témoignent de l’épanouissement des commandes royales mais aussi abbatiales à la fin du IXe siècle et au début du Xe siècle.
Au siècle de l’an 1000
Le Xe siècle fut celui du crépuscule de la dynastie carolingienne dont les derniers représentants sont Louis l’Enfant (mort en 911) en Francie orientale et Louis le Fainéant (mort en 987) en Francie occidentale.
À l’Est, après que le successeur de Louis l’Enfant, Conrad de Germanie soit mort en 919 sans descendance et qu’Henri dit l’Oiseleur ait régné jusqu’en 936, le pouvoir revient à son fils Otton, couronné roi à Aix-la-Chapelle. Il a fait preuve d’une ambition supérieure à celle de ces prédécesseurs, le menant à son sacre à Rome par le pape Jean XII, le 2 février 962. Il devenait alors le premier empereur du Saint-Empire romain germanique qui allait exister près de 850 ans.
À l’Ouest, c’est la mort de Louis le Fainéant (à 20 ans et sans descendance) qui referme la page carolingienne de la Francie occidentale. Lui succéda alors un Robertien (descendant de Robert le Fort, comte d’Anjou, son arrière-grand-père) qui parvint à se faire élire au détriment d’un dernier carolingien, Charles, duc de Basse Lotharingie. Hugues (son surnom Capet, lié à sa chape d’abbé laïc, apparut plus tard) devenait alors le fondateur de la dynastie des Capétiens, associant son fils, Robert II dit Le Pieux à son trône de son vivant, afin de stabiliser le pouvoir de sa lignée.

Autour de l’exposition
Cette exposition conçue par Isabelle Bardiès-Fronty, commissaire et conservatrice générale au musée de Cluny – Musée national du Moyen Âge à Paris, est proposée par le Département du Var. Elle rassemble des oeuvres exceptionnelles de l’Empire de Charlemagne jusqu’à l’an Mille, qui illustrent le foisonnement artistique et les échanges culturels sous les dynasties carolingiennes. Avec les prêts de plus de 40 musées nationaux, internationaux et trésors d’églises, l’exposition présente des oeuvres exceptionnelles : manuscrits enluminés, plaques d’ivoire sculptées, pièces d’orfèvrerie et pierres précieuses.
Le parcours de visite vous propose une immersion au temps de Charlemagne et de ses successeurs et vous permet de comprendre l’héritage politique et culturel extraordinaire qu’ils nous ont transmis. Vous pourrez imaginer la vie en Europe aux IXe et Xe siècles et voyager dans les empires et les royaumes aux marges de l’Empire carolingien qui irriguent de leurs influences les splendeurs artistiques lotharingiennes.

Source Conseil départemental du Var

Exposition réalisée avec les participations exceptionnelles de :
Musée du Louvre, Bibliothèque nationale de France, Institut national de recherches archéologiques préventives, Ministère de la Culture.

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