Deux grosses épines de plus dans le pied de Macron

0

La feuille de route s’épaissit. Il n’y a pas que la « réforme du travail » gratinée qui soulève déjà un tollé de protestations et de mises en garde, y compris de la CFDT…c’est dire !

Viennent s’y ajouter deux autres sujets épineux évoqués depuis hier. Le premier concerne le Modem de François Bayrou, ci-devant ministre de la Justice et auteur d’un projet de loi visant à moraliser la vie publique. Il a de quoi faire, à commencer par balayer devant sa porte !

On comprend mieux sa précipitation visant à faire oublier le cas Ferrand dont on apprend que, contrairement à ses affirmations, il y a bien eu des fonds publics (55 000 euros) dans l’affaire immobilière qui le concerne en tant que directeur général des Mutuelles de Bretagne et qui a profité à sa compagne, propriétaire des locaux accueillant un centre de soins pour personnes âgées.

Voilà que l’on apprend que notre grand moralisateur se trouve à son tour directement concerné par des révélations portant sur des emplois fictifs de collaborateurs de son parti, le MODEM, financés par…l’union européenne, comme le FN ! Corinne Lepage en a témoigné à l’antenne ce vendredi 9 juin, ayant elle-même été sollicitée pour utiliser la même filière alimentant un parti politique, ce qu’elle a refusé !

Décidément le « pénélopegate » a des émules et l’on comprend mieux la précipitation à prendre les devants pour rassurer l’opinion qui connaît certaines pratiques politiques et s’en indigne à juste titre. Hélas, le nouveau gouvernement et son chef sont aussi touchés par les scandales auxquels ils jurent vouloir mettre fin. Si ce n’est tous du moins quelques-uns et non des moindres. Quelle crédibilité ?

En marche…vers l’état d’urgence permanent
Ce n’est pas tout : un avant-projet de loi vise à faire entrer l’état d’urgence -toujours en vigueur- dans le droit commun. Qu’est-ce à dire ?  Ce qui est temporaire deviendrait permanent. Ce qui est l’exception deviendrait la règle. Ce ne serait donc pas la fin de l’état d’urgence mais sa banalisation avec un pouvoir  renforcé de l’exécutif au détriment du judiciaire. Le ministre de l’intérieur et les préfets pouvant procéder à toutes les arrestations sans en référer au juge !

Ce serait une atteinte lourde à la vie privée, contre laquelle s’élèvent de nombreux magistrats, avocats, juristes, politiques et citoyens.

Ainsi les assignations à résidence ou les perquisitions à domicile, réservées en principe aux cas liés au terrorisme passeront dans la loi commune et pourront servir à d’autres fins, comme c’est déjà le cas, sans que l’efficacité de la lutte contre le terrorisme  s’en trouve améliorée.

Une initiative qui cède un peu plus aux exigences portées par l’extrême-droite toujours prompte à souligner le laxisme des gouvernements et à faire du « tout sécuritaire » la mesure de l’efficacité politique. Encore un effort et on fermera les frontières en renvoyant chez eux les musulmans ! Certains y pensent très fort.

Une manière comme une autre pour le gouvernement de racoler des voix d’électeurs FN à la veille du 1er tour et de montrer à l’opinion qu’il veut renforcer la lutte contre le terrorisme, sans aborder la question plus fondamentale de savoir ce qui l’alimente et l’entretient à partir du chaos auquel les puissances occidentales ont contribué. Et sans s’interroger sur ce qui doit changer dans notre politique étrangère.

Comme le notait le journal Le Monde il y a deux jours : « C’est un choix dangereux…le gouvernement prend en effet le contre-pied des principes de protection des libertés, bâtis et consolidés après la seconde guerre mondiale…cette stratégie porte en germes le risque de nouvelles surenchères législatives…quels nouveaux pouvoirs imaginera-t-il au nom d’un nouvel état d’urgence ? »

Et dire que dans son programme audacieusement intitulé « Révolution » Macron appelait à une sortie rapide de l’état d’urgence !!! Il aurait dû préciser que c’était pour jeter les bases d’un Etat policier.

La Ligue des Droits de l’Homme dénonce « des mesures qui piétineraient les libertés individuelles et collectives et nous feraient basculer dans un autoritarisme d’Etat. »

Le syndicat des avocats de France parle « d’un niveau inégalé, dans les grandes démocraties, des mesures de police pour garantir l’ordre et la sécurité publique, sans contre-pouvoir  judiciaire ni parlementaire. »

Même tonalité au syndicat de la magistrature : « si ça se confirme, c’est extrêmement grave. On est en totale contradiction avec l’esprit même de l’état d’urgence qui est, comme l’a déjà rappelé le Conseil d’Etat, exceptionnel et limité dans le temps. »

Que celles et ceux qui s’apprêtent à donner les pleins pouvoirs à Macron y réfléchissent à deux fois. L’esbroufe a des limites, le conditionnement aussi. Prenons la mesure et du gâchis social qui nous est promis et de la gravité des mesures ultra-sécuritaires révélées par cet avant-projet liberticide.

On ne pourra pas dire qu’on ne le savait pas. De qui se moque la candidate EM de la 1ère circonscription Mme Chantrieux quand elle écrit « …nous avons la chance de bénéficier d’un système social unique au monde et exemplaire. Nos parents se sont battus pour cela. Nous nous devons de le préserver et de le faire encore évoluer. » ??? C’est pour cela qu’ils veulent le détruire, il est trop exemplaire !? C’est exactement ce que Macron a programmé : la régression pour les salariés(es) avant la liquidation ! Ils appellent ça la modernité.

Ce sont des députés de combat -comme le sont les candidats(es) communistes- qu’il nous faut élire pas des machines à voter pour le chef et son gouvernement provisoire. Faisons en sorte qu’il le reste !

René Fredon

LEAVE A REPLY

Please enter your comment!
Please enter your name here

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.