Cécile Muschotti et Émilie Guérel ont réagi bien tard (VM 28-7) à l’affaire Benalla : après le vote sur les motions de censure présentées par LR et par les trois formations de gauche (FI-PCF-PS) qui n’avaient aucune chance de passer ce qui ne peut exonérer un pouvoir désormais sur la défensive qui décrète qu’il n’est pas concerné par cette affaire qui touche un individu, pas l’État, ni le président de la République !!
Nos deux jeunes députées, parfaitement disciplinées, ont décliné l’argumentaire élyséen sans état d’âme, la palme revenant à Cécile Muschotti qui ne voit dans cette affaire révélatrice de la dissimulation de faits graves couverts par Macron, qu’un « jeu politicien qui devient plus que usant…alors que ce n’est pas une affaire d’État ».
Elle ose même se référer à « la majorité de la population (qui) le ressent de cette manière ». Tant pis si les sondages n’ont jamais été aussi mauvais pour Macron (à 34%) dont l’autorité et l’image en ont pris un sérieux coup. La statue de Jupiter est légèrement fissurée.
Vite, vite, passons à autre chose, les Français attendent des résultats, voyons. Pas des polémiques sur le comportement violent et prémédité du chargé de la sécurité du président qui s’invite dans les cortèges aux côtés des forces de l’ordre pour casser du manifestant. histoire de montrer comment la police doit s’y prendre !
Et l’Élysée est au courant mais n’en parle à personne. Il y aura bien une petite sanction (15 jours de mise à pied…sans perte de salaire), on le saura près de deux mois plus tard, lorsque Le Monde révèlera la vidéo du 1er mai ???
Le scandale éclate…mais non, c’est juste une bavure individuelle qui ne saurait toucher le président comme s’il ne couvrait pas son plus proche garde-du-corps qu’il est « très heureux d’avoir recruté » a-t-il déclaré après la révélation de faits de violences commis sans mandat explicite mais avec le consentement de la police qui n’allait tout de même pas contrarier le protégé-protecteur du président.
Pour Cécile Muschotti « la machine démocratique fonctionne et elle est saine… » C’est ça, l’Élysée peut tout se permettre et même envoyer son garde du corps personnel faire le coup de poing entouré de policiers, histoire de leur apprendre leur métier, c’est ça la démocratie…en marche ?
Et cette opposition qui veut paralyser l’action du gouvernement, de quoi se mêle-t-elle ?
Revenons aux choses sérieuses, svp…tel est le discours calqué des députés macronistes.
Pour Émilie Guérel, un peu plus de compassion tout de même. Elle ne s’est « pas engagée en politique pour cautionner de tels faits…inadmissibles ». Les images l’ont choquée. Mais ça s’arrête là. « Le président de la République assume ses responsabilités…Il ne peut se permettre de peser sur les quatre enquêtes actuellement en cours… » Ben voyons, il a tout fait pour qu’il n’y en ait pas mais ça s’est su…dommage !
Elle aussi part dans « l’instrumentation politique menée par les groupes d’opposition… » qui n’intéresse pas les Français qu’elle confond avec les inconditionnels du président des riches, qui fondent un peu en ce moment très révélateur des pratiques « démocratiques » de la monarchie présidentielle qui s’affirme un an à peine son arrivée au pouvoir.
Laissons-les donc « mettre en oeuvre le projet pour lequel les Français nous ont demandé d’agir ». Faut-il lui rappeler que 23% des exprimés ont voté au 1er tour pour ce projet (si tant est qu’ils l’aient tous lu). Cela fait 16% des inscrits. Au second tour, il s’agissait d’élire le moins pire. Un peu de mémoire tout de même. Et de bonne foi.
Cette affaire ne partira pas de sitôt aux oubliettes car elle symbolise des pratiques qui ressemblent tellement à l’autre monde, celui que Macron voulait faire oublier. Le sien quoi !
L’omniprésent président, à la rhétorique facile mais trompeuse, vient d’illustrer avec éclat
sa conception du pouvoir de plus en plus concentré sur sa personne. Empiétant sur l’exécutif et cherchant à réduire le pouvoir législatif des députés et leur pouvoir de contrôle sur le gouvernement. (le projet de loi est renvoyé à la rentrée).
Ce n’est pas en faisant la chasse aux pauvres, aux salariés (es), aux grévistes, aux retraités (es), aux veuves, aux fonctionnaires, aux chômeurs…bref à tous ceux « qui nous coûtent un pognon de dingue » qu’il va nous faire croire au père Noël dans un monde dominé par le culte de l’argent-roi, un capitalisme financier qui met la planète et ses habitants en ébullition.
L’énormité des patrimoines et profits planqués dans les paradis fiscaux, jamais aussi florissants, en dit long sur le cap qui nous est imposé…en forme d’impasse.
La lutte, toujours promise, jamais engagée, contre l’évasion fiscale est l’un des exemples de la cupiditié des gouvernants libéraux qui se succèdent. Il dépend de chacun d’en inverser le cours.
René Fredon
crédit photo RT france