Roselyne Bachelot ministre de la culture autorise les festivals en plein air mais assis et pour 5000 participants maximum. Elle promet des aides pour les autres. Réunion sans surprise hier car invitée de LCI, lundi soir, elle s’était déjà voulue rassurante : « Je suis très optimiste pour les festivals assis (…). Pour les spectacles debout, c’est plus compliqué », avait-elle déclaré.
Assis svp !
Debout les damnés de la terre culturelle ! Malheur aux jeunes qui se lèvent et dansent sur des rythmes syncopés et balancés, les bras en l’air et qui chantent et transpirent dans ces festivals océaniques pourvoyeurs de virus et de contamination.
On a connu il y a quelques mois la discrimination des vieux confinés on va connaître maintenant celle des jeunes dressés.
En l’occurrence avec cette déclaration de jeudi, devant les instances représentatives du monde du spectacle, l’anathème est lancé au nom de l’injonction sécuritaire, pardon… sanitaire, contre tous ceux qui se lèvent et gesticulent. Gilets jaunes compris. Debout c’est inquiétant !
En revanche avantage aux autres, confortablement installés, assis dans leurs fauteuils.
Cette décision nettement politique vient à point nommé pour donner un peu d’air respirable à une filière au bord de l’étouffement. Est-ce suffisant pour calmer les esprits des théâtres couverts ? « Ils n’ont qu’à laisser les portes ouvertes pour purifier l’air et faire assoir tout le monde dès l’entrée. »
Car dans la foulée, ce bol d’air tant attendu apporte quelques espérances aux grands festivals « classiques » de la Provence et du Var. Par exemple le Festival d’Avignon, assis ! le Festival d’Aix, assis ! les Chorégies d’Orange, assis ! la Roque d’Anthéron, assis ! sans parler des théâtres assis du Var, Châteauvallon-Liberté, le Thoronet, Mazaugues etc… Et pour toutes les églises et chapelles devenues des lieux de spectacle et de culture… assise.
Personne debout ! Assis c’est rassurant !
Couchés Svp !
Hélas les grands festivals « debout » Hellfest, Printemps de Bourges, Eurockéennes… sont encore pénalisés ainsi que leurs participants (moyenne d’âge 30 ans). C’est compliqué a dit la ministre. Ce n’est pourtant pas compliqué de s’assoir par terre, à distance ! Non mais debout ce n’est pas rassurant du tout ! surtout si on bouge et que l’on crie.
Il reste à dire un mot des amateurs de culture « sur canapés » voire couchés (moyenne d’âge 75 ans) ! Ils resteront sagement à la maison regardant les Visio-concerts qu’on voudra bien leur transmettre sur la fumeuse chaîne « culturelle » avec le plateau télé sur les genoux et les cacahouètes à portée. Couchés c’est mieux !
Certains voudront encore voir dans cette sémantique une allusion perfide à l’idéal des gouvernants : un peuple assis, des vieux couchés et des jeunes qui aimeraient bien être debout mais empêchés. À notre avis ce sont trois postures inquiétantes pour l’avenir.
Jean-François Principiano
