L’ouverture de la saison théâtrale du Comedia de Toulon se fera le 1er octobre à 20h 45 sous le signe du débat historique qui opposa Georges Danton à Maximilien Robespierre, deux avocats de 35 et 36 ans, au printemps 1794. La pièce de Hugues Leforestier est intitulée : Les racines de la liberté.
Un tournant historique
Le texte de ce face à face s’appuie sur des faits historiques. Ce dialogue a sans doute eu lieu entre les deux jeunes idéologues de la Convention nationale en janvier 1794 lorsqu’il s’agissait de déterminer les orientations du Gouvernement révolutionnaire.
Hughes Leforestier s’est exprimé sur le fait de théâtraliser ce dialogue célèbre : « Il s’agit d’éclairer sur ce qui séparait les deux hommes déjà si différents de caractère du point de vue idéologique ». Danton souhaitait une pause dans le processus révolutionnaire « malgré les difficultés et les multiples trahisons l’objectif avait été atteint : l’égalité des droits. La déclaration des droits de hommes en 89 avait proclamé que tous les hommes (et les femmes) étaient égaux devant la loi. Même faute, même peine pour tous. »
L’égalité sociale
Robespierre et ses amis voulaient aller plus loin, en instituant l’égalité sociale. Plus de richesses ostentatoires et spéculatives. Pour Robespierre la vraie révolution c’est l’égalité sociale. Lorsqu’il accède au pouvoir ce jeune avocat d’Arras veut tenter cette expérience : abolir les différences sociales, ce vieux rêve spartakiste qui flotta dans l’histoire de l’humanité et qu’aucun régime politique n’avait pu oser mettre en place. Supprimer les différences sociales entre les Français. Dans les faits il a réussi pendant quelques mois, jusqu’à sa chute le 9 thermidor. Mais à quel prix ! en instituant un régime de Terreur. Robespierre imposa la taxation confiscatoire des richesse et le blocage des prix (loin du maximum). Pour fléchir les riches possédants des mesures exemplaires furent prises. Elles se retournèrent contre lui.
« Il fallait un peuple vertueux pour gagner ! » clama-t-il à la tribune. Mais les Français préféraient l’injustice sociale à la répression sanglante. Malgré l’élimination brutale de Danton et quelques mesures sociales désespérées, les flots de sang de la guillotine divisèrent les Français. L’incorruptible, victime d’un coup d’état contre révolutionnaire fut exécuté sous les applaudissements du peuple. Comme écrira Marx « Il se condamna lui-même a devenir un tyran pour imposer l’égalité sociale au peuple »
Une théâtralisation savoureuse
Lorsqu’il refuse de dénoncer ses opposants, tous se sentent menacés et il est chassé de la tribune. « C’est le sang de Danton qui t’étouffe » lui criera quelqu’un. Lénine analysera d’une phrase l’échec de Robespierre : « la revanche de Danton fut celle des riches contre les pauvres. »
On remarquera qu’il y a peu de rues Robespierre en France. L’histoire mémorielle est racontée par les vainqueurs. Et pourtant ?
Plonger dans l’histoire
La mise en scène de Morgane Lombard a le mérite d’éviter la leçon d’histoire pour entrer dans la psychologie des protagoniste, ce qui permet une théâtralisation savoureuse qui a conquis le Festival d’Avignon. Les deux comédiens Hugues Leforestier et Nathalie Mann dans le rôle de Robespierre sont très crédibles. Une véritable plongée dans l’histoire.
Petit rappel (voir vidéo)
Rappelons que le Théâtre dit Espace Comedia est toujours menacé de disparition. Sa destruction pour laisser place à un projet spéculatif serait une erreur pour la ville. Certes l’offre culturelle du complexe Châteauvallon-Liberté est riche, pléthorique pour ne pas dire hégémonique. Mais ce serait une grave faute de laisser mourir l’esprit du Comedia incarné par un homme engagé et courageux : André Neyton.
Tél. infos et réservations : 04 94 42 71 01 Espace Comedia 10 rue Orvès Le Mourillon 83000 Toulon site et soutien : http://www.espacecomedia.com/blog.html
Jean-François Principiano