Dans les coulisses du CAC 40

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Une invitation au voyage au coeur du saint des saints de la haute finance française – enfin en partie car il y a longtemps qu’elle n’a plus de patrie- qu’a commenté ce dernier samedi de mars, l’auteur de cette passionnante enquête (1), Pierre Ivorra, choniqueur à l’Humanité et qui vit à Hyères.

Il connaît d’autant mieux la question qu’il a rencontré nombre de ses dirigeants de grandes entreprises à la fois comme journaliste et lorsqu’il était expert auprès des comités d’entreprises. Son livre fourmille d’anecdotes sur ce monde de la finance qui fait la pluie et le beau temps au sommet de l’économie du pays et du monde.

En même temps qu’au sommet des plus grandes fortunes qui ne cessent de progresser tant leurs propriétaires (presque toujours des hommes) sont proches des « élites » à la tête de l’État. Ils cherchent à nous enfumer avec leur théorie du « ruissellement » : « plus ils sont riches, plus la société tout entière en bénéficie » cherche à nous faire croire Macron en libéral très décomplexé, comme son premier ministre et ses ministres venus des LR, du PS ou de la société civile acquise à la dictature des marchés.

Pour Pierre Ivorra « ces privilèges c’est tout autre chose que le statut des cheminots. Cela d’autant que la propriété du capital des groupes du CAC 40 donne à cette oligarchie un pouvoir exorbitant sur la vie des populations en France et, pour partie, en Europe et dans le monde… » a-t-il dit à son auditoire, d’horizons très larges, en présentant son ouvrage et en ouvrant un débat sur le pouvoir des banques, des marchés financiers, le rôle du crédit…et « comment inciter les directions d’entreprises à développer les richesses utiles, l’emploi, la recherche, la protection des hommes et de l’environnement plutôt que la rentabilité financière des capitaux.

D’où la nécessité de maîtriser l’argent afin d’assurer une sécurité d’emploi et de formation aux salariés sans passer par la case chômage… »

Comme la nécessité d’inverser le cours de cette Europe qui se construit contre les peuples et de « réfléchir aux possibilités que donnerait une banque centrale européenne répondant à d’autres critères d’attribution des ressources monétaires qu’elle crée afin qu’elle contribue au développement des services publics en Europe et au-delà des richesses utiles pour l’emploi, la recherche, la lutte contre le réchauffement climatique… »

L’ouvrage de Pierre Ivorra n’est pas qu’une simple galerie de portraits de familles pertinents dont le récit est riche (si l’on peut dire), évocateur de personnages à la tête d’empires, médias inclus, sources solides à l’appui, mais une observation pointue à partir de son propre vécu et de son analyse qui doit beaucoup au marxisme.

Il ne fait pas que montrer les coulisses des grands groupes, les techniques des montages financiers, de la fraude et de l’évasion fiscales, la fin justifiant les moyens, il ne fait pas que dénoncer les moeurs de capitalistes triomphants, il ouvre des pistes pour dépasser un système en crise à l’échelle mondiale qui, comme en France, persévère dans les choix qui accroissent les inégalités et précarisent les salariés, réduisent le pouvoir d’achat d’une masse de retraités et de familles les plus modestes, laissant une très grande partie de notre jeunesse sans avenir choisi autre que « l’adaptation au marché » ! Des choix compromettant l’avenir de la planète elle-même.

C’est un ouvrage où l’on apprend beaucoup et où l’on puise un optimisme raisonné : le capitalisme n’est pas la fin de l’histoire. Il est devenu l’obstacle à dépasser. C’est au peuple d’en décider.

Un ouvrage en plein dans l’actualité. N’est-ce pas l’avenir de notre société qui se joue ?

René Fredon

(1) http://www.editions-croquant.org/les-collections/product/427-les-coulisses-du-cac40

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