Covid-19 : Déconfinement prudent, pas retour à la normale

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Même si on se trouve en France verte, comme les 3/4 du pays, hormis le Nord, l’Ile de France, le Grand Est et la Bougogne Franche-Comté, le début du déconfinement décidé par le seul président Macron pour le 11 mai et confirmé le 7, ne pourra être confondu avec une reprise de l’activité pleine et entière. Loin s’en faut.

Cette tentative -qui n’a pas eu l’aval du comité scientifique concernant les écoles- a donc néanmoins été confirmée et prise en mains par l’exécutif, sur la base d’une baisse globale de la mortalité, de la pression épidémiologique, des entrées en réanimation mais aussi avec une circulation toujours préoccupante du virus encore loin de l’éradication d’autant qu’il n’y a toujours pas de vaccin et de médicaments spécifiques, si ce n’est qu’expérimentaux, les tests ont fait longtemps défaut dans trop de pays, dont le nôtre. On nous consolait, comme pour les masques en nous disant qu’ils ne servaient à rien !

« Nous sommes prêts pour les tests … » a déclaré le premier ministre, vendredi, qui a parlé de 700 000 par semaine, nombre qui pourrait aller jusqu’à un million en juin sans qu’il soit envisagé de tester toute la population. Seulement les personnes symptomatiques et les personnes-contacts, compte tenu aussi de contraintes matérielles et humaines car cela demande des équipes pour les réaliser et des labos pour les analyser. Des tests entièrement pris en charge. Pourquoi pas les masques ?

Il aura fallu attendre près de quatre mois pour commencer à tester une partie de la population, ce qui pourra permettre d’isoler des porteurs du virus parce que nous n’avions pas la logistique pour le faire, nos hôpitaux étant en flux des plus tendus et les personnels soumis à des conditions de travail et de sécurité périlleuses !

Les pays, comme la Corée du Sud, qui ont pu tester très tôt ont ralenti et même maîtrisé la contamination qui ailleurs s’est développée et n’a pas atteint son pic, sauf dans très peu de pays. On craint la 2è vague après le confinement qui a permis de sauver bien des vies. Car le seul fait de déconfiner, même très progressivement, comme en France, en Italie ou en Espagne, crée mécaniquement les conditions d’un risque évident de recirculation du virus.

L’exécutif  a donc distingué les départements les plus denses en matière de contamination et qui seront confrontés à des risques encore plus forts si les protections ne peuvent atteindre un niveau très élevé, on pense aux transports et aux entreprises notamment où les conditions de respect des gestes-barrières paraissent très difficiles à maîtriser… dans le 1/4 Nord-Est et la région parisienne.

Le même problème se pose dans les grandes villes de la zone verte mais moins dans les territoires plus ruraux ou/et de montagne.

« Tout sera fait pour protéger les plus vulnérables » a tenu à rassurer le ministre de la santé, qui a précisé qu’il n’y aurait pas de confinement obligatoire pour les personnes âgées, même en Ile de France. Faisant appel à la confiance et à la responsabilité, aux précautions à prendre pour les visites, sorties et inter-actions sociales…475 millions supplémentaires ont été prévus pour les EHPAD, ainsi qu’une prime de 1 000 à 1 500 euros versée par l’Etat aux personnels, en fonction de leur niveau de sur-travail du fait de la pandémie.

Philippe avait indiqué que l’objectif visé c’était « d’apprendre à vivre avec ce virus aussi longtemps qu’il n’y aura ni vaccin, ni traitement… »

Côté écoles la situation sera très variable d’une commune à l’autre, personnels, élus, parents sont très exigeants pour que le protocole sanitaire (54 pages) soit respecté et applicable. La mesure reste très controversée, d’ailleurs le retour des élèves sera volontaire, si le ministère annonce des pourcentages d’ouverture au-dessus des 80% pour la France entière, il n’en va pas de même pour les effectifs accueillis avec des classes à 10 élèves pour les maternelles et 15 en primaire.

À Toulon, par exemple, la rentrée ne se fera que le 14 mai, deux jours plus tard pour bien agencer les locaux, la commune ayant aussi à sa charge la réouverture -non obligatoire- des centres de loisirs et le personnel d’animation. Pour 6 semaines de cours, on ne voit pas bien l’impérieuse nécessité pour les élèves. Mais ça peut toujours libérer des parents pour le retour au travail …

H.Falco a beau jeu de renvoyer sur le pouvoir central les consignes claires qu’il souhaitait. Dans le Var, 17 maires n’ont pas ouvert leurs écoles : Fréjus, Le Luc, Les Mayons, Trans, Tourtour, Le Castellet, Sanary, Signes, Cabasse, Ste Anastasie, Besse, Flassans, Pignans, Gonfaron, Montauroux, Mons et Pontévès. Mais la situation est susceptible d’évoluer.

À Six-Fours, le maire est dans tous ses états : une énième circulaire qui annule la précédente lui apprend qu’il n’aura que 47 professeurs sur les 93 auxquels il s’attendait !!  2/3 des enfants n’avaient pas prévu de rentrer, enfin leur famille.  Le maire « habille » gratuitement l’Education nationale. Et se fait rétorquer par le SNUipp qu’il n’est pas correct d’écrire que ce sont « les professeurs (qui) ne sont pas au rendez-vous »! Le syndicat attend un démenti.

Et l’on n’est à la veille de la pré-rentrée. Cela promet de l’animation le jour J. D’autant que toutes les familles n’étaient pas placées devant les mêmes choix à faire.

Pour les collèges, rentrée à partir du 18 mai.

Réouverture des crèches également : priorité aux familles monoparentales, aux enfants de soignants, enseignants ou de parents ne pouvant pas télé-travailler.

Les transports urbains reprennent du service : le réseau mistral est paré, on entrera par le milieu, validation du billet mais pas d’achat de ticket à bord, port du masque obligatoire, adaptation des horaires (voir internet), un siège sur deux disponible. De quoi assurer 70% du trafic habituel. Ce qui paraît optimiste.

Même chose dans les bus scolaires pour les collégiens. Le masque pour tout le monde !

Pour les trains, toujours réduits, 1 place sur 2, réservation et masques obligatoires pour tous.

Les rassemblements publics ou privés autorisés jusqu’à 10 personnes.

Les déplacements sans déclaration, jusqu’à 100 km intra-départementaux. Attestation au-delà.

Pratique des sports d’extérieur autorisée pour les individuels. Pas pour les sports collectifs ou individuels de stades, salles, lieux dédiés…

Petits musées ou bibliothèques pourront ouvrir. Ainsi que parcs et plages sur autorisation du préfet.

Marchés, petits commerces, coiffeurs, esthéticiennes… également. Les grands centres commerciaux au-delà de 40 000 m2 avec autorisation des préfets. Pas les bars, cafés, restaurants…On verra plus tard. Ce qui génère beaucoup d’incompréhension et de frustations.

Là encore, la mise en oeuvre en grandeur réelle, sera un autre test : celui de la maîtrise collective d’un pari difficile qui n’a pas de précédent dans l’histoire et du niveau de confiance de l’opinion publique dans la gestion plutôt cahotique et infantilisante de cette crise par un pouvoir pas toujours en osmose avec l’avis des scientifiques, ni en parfaite synchronisation politique en son propre sein.

Le plan d’urgence sanitaire a été adopté à mains levés dans la nuit de vendredi à samedi par LREM et une partie du MODEM et d’AGIR. Les autres formations ont voté contre. Mettant l’accent, à gauche notamment, sur « le respects des libertés fondamentales et du secret médical ». Nous y reviendrons.

René Fredon

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