Coronavirus : le confinement, ce n’est qu’un début …

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Après quelques hésitations qui laisseront des traces la décision de franchir le pas est entrée en vigueur avec une certaine sévérité même. Le stade des 38 euros de contravention sera vite passé à 138 si on est pris sans l’attestation dérogatoire, dès le 1er jour.

Un détail diront certains. Il faut penser à la bonne information de chacun et notamment de ceux qui n’ont pas la tête à ça, vu les circonstances personnelles que vivent trop de familles parmi les plus vulnérables. Sans parler des « sans abri », des « sans domicile fixe » des migrants et même des mal logés qui s’entassent dans des logements trop petits et parfois indignes du nom de logement !

Comment peuvent-ils se confiner s’ils n’ont que la rue, même s’ils sont en quête d’un hébergement d’urgence ? Loin de suffire même si on en dénombre 157 000 dans toute la France, rien que pour les sans-papiers et les personnes en situation de détresse.

Peut-on se contenter de prolonger la trêve hivernale jusqu’au 31 mai pour qu’à cette date reprennent les expulsions locatives et les reconduites aux frontières ?

Deux structures pour malades non graves (du virus) vont ouvrir à Paris. En est-il prévu d’autres en Province ? L’hôpital Sainte Anne ainsi est sollicité pour soulager les hôpitaux de l’Est de la France. Mais les villes, comme Toulon, ne peuvent-elles pas mettre des logements vacants, publics ou privés et les cliniques privées fournir la logistique médicale ? Le temps de passer le cap dans les circonstances que l’on traverse. Le secteur privé de la santé, du moins dans le Var, gère autant de lits -sinon plus- que les hôpitaux publics. Peut-être est-ce en cours ?

Se mobiliser pour n’oublier personne et que chacun puisse être isolé c’est la seule barrière qui puisse, à ce stade, limiter la prolifération du virus qui, en Europe et dans le monde connaît une progression sensible nous a dit le Pr Deflessy président du comité scientifique.

Cela n’empêche pas de s’interroger sur les propos de l’ancienne ministre de la santé, Mme Buzyn qui vient de lâcher une petite bombe au journal Le Monde disant qu’elle avait attiré l’attention du gouvernement début janvier sur la minimisation en cours du virus et sa capacité à se diffuser plus vite, parlant de « mascarade » -mot qu’elle aurait retiré depuis- à propos de la programmation inopportunes à ses yeux des élections municipales (qui ne lui ont pas beaucoup réussi, il est vrai). Le 1er ministre a confirmé l’alerte de la ministre disant qu’à l’époque, l’avis des scientifiques était moins alarmiste.

L’heure n’est pas à la polémique mais il va falloir faire la clarté sur ce qui n’est tout de même pas un détail qui met en cause la stratégie du gouvernement dans cette crise qui s’avère historique et d’une gravité exceptionnelle.

De quoi alimenter les pensées et les comportement anxiogènes qui n’ont pas que cet exemple pour se méfier de la parole publique.

Plein d’autres questions se posent, comme celles de la protection des salariés au travail et de l’indemnisation de celles et ceux mis au chômage qui ne doit pas être inférieure à leur salaire net, ont demandé plusieurs députés à gauche.

Autre question que semble avoir tranché le préfet de région : la fréquentation du littoral méditerranéen serait strictement interdite ? Pourtant les policiers locaux semblent accepter que les joggers, les piétons, les cyclistes et les baigneurs puissent, dans le cadre de leur aération pour un temps limité mais pas défini, fréquenter les lieux, moyennant présentation de l’attestation dérogatoire ? Le Mourillon, en l’occurrence, peut-il relever d’un arrêté du maire pour ne pas s’y installer mais pour y faire un tour, promener ses enfants, pas en groupe ou prendre un bain ?

Ne serait-ce que pour ne pas rester dans l’incertitude et risquer la déconvenue très désagréable.

Une autre ministre de la santé, recyclée dans le journalisme tout terrain (télé, radios, journaux…) Mme Bachelot (qui signe Rosine dans VM) nous donne son avis sur l’actualité et, bien entendu, sur la nécessité du consensus autour du gouvernement, à partir du point de vue d’éminents chefs de services hospitaliers.

Elle trouve « étonnantes les divergences sur notre système hospitalier et considère qu’il serait contre-productif de noircir un tableau qui a besoin, pour améliorer son efficience, d’évaluation et non d’instrumentalisation. »

Rien d’étonnant de la part de l’ancienne ministre de Sarkozy qui a profondément porté une réforme qui nous laisse toujours la tarification à l’acte -dont il faut absolument sortir-, la création des ARS pour « coordonner les hôpitaux, la médecine libérale et le médico-social« , les coopérations avec le privé –surtout pour lui permettre de se développer à partir du choix des disciplines les plus rentables- sous le prétexte fallacieux d’une « meilleure égalité d’accès aux soins« – et mettant l’accent sur la « liberté d’installation des professionnels libéraux« , laissant aux marchés un champ d’investissements lucratifs qui n’allait pas à la santé publique et à nos hôpitaux.

Ce qui a conduit à l’asphyxie de notre secteur public de santé volontairement sacrifié, tout en habillant le discours. Les gouvernements successifs ont largement contribué à poursuivre l’oeuvre entreprise au nom de la réduction des dépenses publiques et de l’instauration d’un marché privé des soins, les cliniques se déclarant désormais « hôpitaux privés » sans être tenus aux urgences et d’accepter tous les malades quelle que soient leur statut social, leur origine, leur solvabilité, ce que font les services publics hospitaliers.es

Tout cela n’est pas pour rien dans la situation d’aujourd’hui et Mme la ministre vient nous faire la leçon en nous expliquant comment doivent se prendre les décisions.

Ce qui nous arrive n’était pas prévisible. Mais l’état de notre secteur public hospitalier -pas la qualité de ses soignants, de tous les personnels- les moyens, les pénuries de lits et de matériels- créent de sérieux problèmes aujourd’hui et compliquent notre capacité d’absorption des malades potentiels à venir.

Raison de plus pour que la solidarité l’emporte tout comme la lucidité et la discipline qu’il nous faut consentir jusqu’à l’inflexion de la courbe.

René Fredon

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