Coriolan de Shakespeare au Théâtre Liberté

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La Tragédie du pouvoir sans compromis
Événement théâtral de première grandeur les 5 et 6 mai avec la reprise de cette splendide dernière tragédie de Shakespeare (texte condensé) mise en scène par François Orsoni dans la traduction de Jean Michel Déprats.

Pour une fois, le public amateur de grand théâtre et sans doute de nombreux scolaires, auront droit au texte d’un des plus grands génie de la scène avec cette tragédie antique qui entre parfaitement en résonance avec nos angoisses, nos inquiétudes et la crise des valeurs de notre Epoque. Une bonne pioche de Charles Berling qui avait déjà invité François Orsoni pour la Mort de Danton de Büchner en 2016.

Le peuple a la mémoire courte
Au Vème siècle avant JC les romains sont aux prémices de leur histoire. Caius Marcius de la famille des Marcii, devient général et repousse une invasion Volsque. Il sauve la jeune république romaine. Il est surnommé Coriolan (Coriolanus) du nom de la capitale des Volsques et Rome lui offre comme récompense beaucoup d’argent et un grand nombre de prisonniers mais il refuse tout, à l’exception d’une couronne et d’un cheval de guerre. Il veut être Consul. Craignant une dictature il est chassé de Rome. Rempli d’amertume par l’ingratitude des romains il part se réfugier chez le chef des Volsques, les anciens ennemis.  Attius lui offre le commandement de ses forces militaires malgré le fait qu’il ait saccagé quelques années plus tôt la ville de Corioles.

Coriolan revient à la tête d’une armée Volsque conquérir sa patrie pour le compte de l’ennemi. Au dernier moment, sous les murs de Rome, sa conscience  de citoyen est émue devant les reproches de sa mère  et de sa femme venues en délégation  pour le supplier de renoncer à cette trahison. Coriolan cède aux prières de sa propre mère, lève le siège et se retire. Il est ensuite assassiné  par des envoyés de Rome et son cadavre  est livré aux rapaces sur les pentes de l’Aventin.

Coriolan de Shakespeare
La tragédie de William Shakespeare, créée en 1607 et publiée pour la première fois en 1623 s’inspire de la vie de Coriolan de Plutarque, figure légendaire des débuts de la république romaine tout en délivrant un message  assez pessimiste sur la condition humaine et la politique : la versatilité de la foule et l’ingratitude du peuple. Les gens se vengent des services qu’on leur rend dirait Céline. Plus généralement, Coriolan est souvent perçu comme un essai philosophique sur la nature du pouvoir et les relations entre les différents acteurs sociaux, essai dans lequel Shakespeare mènerait une réflexion qui dépasse largement le cadre de son époque à travers des images et des métaphores comme celle du corps social ou du théâtre. Les problèmes que soulève la pièce sur les travers de la démocratie ou sa corruption en théâtrocratie ont régulièrement réveillé l’intérêt des metteurs en scène dans les situations d’effervescence politique et à chaque époque elle a fait l’objet de nouvelles évaluations.

Beethoven fut également  séduit par l’œuvre de Shakespeare  composant une ouverture  romantique traduisant l’ambiguïté  du héros, de l’homme providentiel !

La version de  François Orsoni
Comment le refus du compromis peut-il devenir le pire ennemi de l’homme politique ? À rebours de tout académisme, le metteur en scène François Orsoni et ses comédiens portent un regard sans concession sur la violence des luttes de pouvoir. A travers une lecture implacable de l’un des textes les plus foisonnants de Shakespeare, il parvient à « faire du plateau une meute de loups, une communauté formidablement belle et agressive, dévorante, cannibale et irrévérencieuse. » L’adaptation, avouons-le, peut surprendre les tenants d’un certain classicisme, mais le message essentiel est préservé : l’idée de l’échec de tous les systèmes de dominations. Un homme politique doit-il être un bon acteur ? C’est  également l’une des questions posées par cette pièce  splendide  et clairvoyante qui n’a pas pris une ride.

De la Rome d’hier au monde d’aujourd’hui, de Poutine à Zelenski rien n’a changé, ou presque.

Avec Jean-Louis Coulloc’h, Alban Guyon, Thomas Landbo, Estelle Meyer et Pascal Tagnati. Texte William Shakespeare Traduction Jean-Michel Déprats Mise en scène François Orsoni

Théâtre Liberté  Jeudi 5 et Vendredi 6 mai 20h30 2h15

Jean François Principiano

Infos et réservations  www.chateauvallon-liberté.fr
Tel : 09 800 840 40

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