Consultation d’annonce : un soutien majeur pour le patient atteint d’un cancer

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Cette consultation ne se borne pas à une simple « annonce » : en oncologie, le patient va être suivi tout au long de son parcours thérapeutique, pour alléger son quotidien…

Quand le patient s’installe dans le bureau de la « consultation d’annonce », au Centre Hospitalier Intercommunal de Sainte-Musse, en fait, il sait déjà qu’il a un cancer. « Cancer », le mot redouté, a été prononcé par le spécialiste qui a réalisé les examens préalables, gynécologue, urologue, néphrologue…

Et cette première « annonce » peut être brutale : « c’est facile d’être mauvais », admet avec humilité le Dr Frédéric Viret, praticien hospitalier en oncologie-hématologie. Il arrive, même, parfois, que cette « annonce », qui va bouleverser la vie d’un homme, d’une femme, d’une famille, se fasse par téléphone…

-« Entre le diagnostic et cette première consultation, il s’écoule souvent quinze jours. Le patient est encore « tétanisé », et nous devons lui présenter un plan personnalisé de soins, lui parler des traitements à mettre en œuvre, établir un « planning » sur plusieurs mois… C’est beaucoup d’informations en même temps, pour une consultation qui dure 45 minutes. Je trouve que ces malades sont courageux et dignes. Ils affrontent une réalité difficile, car aujourd’hui encore, quand on a un cancer, on perd tout, brutalement : sa vie sociale, professionnelle et parfois familiale. »

Il y a, dans les propos du Dr Viret, une réelle empathie. Il admet d’ailleurs que ces patients aient besoin d’un deuxième avis. Il sait aussi qu’ils ne posent pas toutes les questions lors de cette première entrevue, n’expriment pas leur angoisse réelle. C’est pourquoi, la consultation d’annonce avec une infirmière référente, est capitale.

Accompagner au quotidien
Elizabeth Hausmann, comme les quatre autres infirmières d’annonce du service d’oncologie, a suivi une formation au CHITS mais aussi à l’Institut Paoli Calmettes à Marseille, avec lequel est établie une étroite collaboration.
-« Quand le patient arrive, après avoir vu le médecin, il faut en général reprendre beaucoup d’informations. Je réponds aux questions, qui sont plus nombreuses, avec comme première inquiétude, les effets secondaires liés au traitement. Ces informations sont de nature pratique : à partir de quand on perd ses cheveux, comment éviter les nausées, accepter la fatigue… J’organise également tous les rendez-vous, dont une première consultation obligatoire avec la psychologue. Nous proposons des groupes de parole, entre patients, où chacun peut s’exprimer plus facilement. Je fais également attention à l’aspect social : organiser une aide à domicile, prévoir un séjour dans une structure de soins de suite – ce qui est très difficile – s’inquiéter quand un patient s’isole… Mais, en trois ans, jamais on ne m’a posé de questions sur la fin de vie. Le traitement est, au contraire, une façon d’éviter la récidive.»

Là encore, la consultation dure en moyenne 45 minutes, mais ce n’est qu’un premier rendez-vous. Il faudra garder un contact étroit pendant des semaines, des mois, et répondre aux sollicitations des malades et de leur famille à tous moments. Un exploit, quand on connaît les contraintes de l’hôpital public !

-« Nous devons être disponibles, souligne, avec le sourire, Elisabeth Hausmann, et le programme personnalisé de soins donne un numéro des médecins référents ouvert 24h sur 24, le numéro de l’oncologue-hématologue qui suit le patient, de l’infirmière qui assure la coordination, de la psychologue… »

Au delà des avancées scientifiques, la relation humaine prend tout son sens dans un service en pleine évolution.
N.F.

Photos : Le Dr Frédéric Viret, oncologue, et Elizabeth Hausmann, infirmière d’annonce.

T. a moins de 50 ans, mais cette varoise a connu l’angoisse d’un examen déterminant dans sa vie de femme : une mammographie et une échographie pour clarifier une simple suspicion…

-« Un matin, j’ai découvert, sur un sein, une boule qui n’y était pas la veille. J’ai aussitôt pris rendez-vous chez ma gynécologue, déjà très angoissée. Pourtant, en quelques jours, la « boule » avait disparu… Néanmoins, sur ses conseils, je suis allée passer une mammographie. Après cet examen, j’ai attendu plus de trente minutes dans le couloir : je précise que ce n’était pas dans un centre hospitalier ! Le médecin est arrivé, l’air préoccupé, et m’a dit, toujours dans le couloir, qu’il fallait refaire les clichés, que ce n’était « pas clair »… Pour moi, « pas clair », c’était déjà inquiétant ! L’angoisse est montée d’un cran, quand il m’a dit, après une échographie, que ce n’était « pas bon » et qu’il faudrait sans doute faire une biopsie… Pas d’autre explication : je suis repartie, assommée par la nouvelle. Il était évident, pour moi, que le « pas clair », « pas bon » était déjà un diagnostic de cancer du sein.

Quand je suis revenue pour la biopsie, hasard incroyable, mon rendez-vous n’avait pas été noté. C’est ce qui m’a décidée à partir à l’IPC (Institut Paoli Calmettes). La prise en charge a été tout de suite rassurante : un espace confidentiel pour la patiente qui arrive, puis une discussion avec une équipe souriante de trois personnes, des mots qui apaisent, et pour finir, une biopsie afin d’évacuer le moindre doute. Au final, ce n’était pas un cancer du sein…. »

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