Ciné-conférence à Hyères

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Mardi 5 octobre au Park Hotel  de Hyères à 17h30 Christiane Golesi professeur agrégée d’Italien parlera de « l’Enfant dans le cinéma néoréaliste. »

Une révolution cinématographique

Christiane Golesi

À peine la seconde guerre mondiale terminée, le cinéma italien connaît une situation exceptionnelle. Dans aucun des autres pays engagés dans le conflit, la guerre n’a produit de rupture dans les cinémas nationaux. Au contraire. Les cinéastes d’après-guerre sont les mêmes que ceux d’avant-guerre et produisent le même type de film. En France, la situation est la plus caricaturale avec la perpétuation du réalisme poétique. En Italie tout bascule, un groupe de cinéastes (formés paradoxalement à l’époque fasciste) révolutionnent le septième art. Ils inventent le néoréalisme.

Un contenu social.
Le critique Carlo Lizzani écrit en 1955 « Le Néoréalisme est le Mouvement général d’un groupe d’artistes qui va à la découverte humaine et spirituelle de notre pays« . L’idée de découverte du pays, de cinéma miroir provient directement du gramscisme. Pour Lizzani, le néo-réalisme ne constitue pas l’acte de naissance du cinéma italien. Il est lié à l’évolution du pays et du cinéma ; c’est une réponse au cinéma mussolinien. Les précurseurs sont deux cinéastes : Alessandro Blasetti (1900) et Mario Camerini (1895-1981) et deux revues « Il bianco e nero » et « Cinema ». Elles ont lancé le mot d’ordre du néo-réalisme : « il faut descendre dans la rue. »

De Sica et son scénariste Cezare Zavattini (1902-1991) depuis Les enfants nous regardent (1944) qui décrit la désunion d’un couple, insistent sur la vie quotidienne, sans décors et sans stars. Mais par la suite ils  vont évoluer vers une autre esthétique. Quatre ans plus tard  dans Le voleur de bicyclette, le héros ne comprend pas sa situation mais le spectateur, lui, en a conscience ce qui suggère un engagement. C’est en ce sens que ce film emblématique est non seulement plastiquement très beau mais  aussi  révolutionnaire au sens brechtien du terme.

Une influence mondiale

le néoréalisme italien

Vittorio de Sica, Roberto Rossellini, De Santis, firent donc école  et inspirèrent d’autres grands réalisateurs comme  Yasujiro Ozu, Satyajit Ray ou plus près de nous Abbas Kiarostami.

Christiane Golesi grande pédagogue, après une carrière brillante au Lycée Bonaparte de Toulon se consacre, avec Felix son époux, a la diffusion de la langue italienne dans notre région avec bonheur et réussite.

Elle résume ainsi sa conférence que nous recommandons vivement : « En opposition au cinéma de propagande de l’ère fasciste qui présentait le visage d’une Italie heureuse et (faussement) prospère, un nouveau cinéma naît pour témoigner de la misère du quotidien. C’est le peuple qui entre en cinéma. En quête de vérité et de réalité, les cinéastes du néo-réalisme bouleversent tous les codes, engagent des acteurs non professionnels parmi lesquels des enfants qui soit par leur spontanéité, soit par leur précoce maturité, apportent une note de poésie et d’innocence dans la détresse sociale de l’après-guerre. »

Une conférence originale centrée sur l’enfant
La conférencière a choisi un focus particulier et encore très peu éclairé : la place de l’enfant dans ce mouvement artistique. Elle précise : « Dans les films que nous évoquerons depuis Rome ville ouverte de Rossellini au Miracle à Milan de De Sica en passant par Le voleur de bicyclette, Paisà, Allemagne année 0 et autres Sciuscià, pour ne citer que les plus emblématiques, l’enfant s’impose comme personnage fondamental du néo-réalisme. »

Ajoutons qu’avec le recul du temps cette période exceptionnelle de l’histoire du cinéma reste avant tout un moment privilégié de la culture italienne. Ce mouvement contribua à restaurer  l’image de l’Italie à l’extérieur. Et notamment en France, où « Rome ville ouverte » comme « Umberto D » remporteront succès populaire et adhésion intellectuelle.

Certes la guerre froide va pulvériser le rêve d’un renouveau social et moral partageable par tous. Le néoréalisme éclatera mais en multiples feux : il jettera ses derniers éclats au début des années cinquante mais il aura contribué à faire du cinéma italien le plus grand d’Europe dans les années 60.

Cette conférence, techniquement présentée par Félix Golesi, sera illustrée par de nombreux extraits commentés. Elle est organisée par l’association Label d’Italia et la Dante Alighieri de Hyères. Mardi 5 octobre 17h30 Park Hotel  de Hyères. info  06 73.48.34.18.  Entrée libre. « Da consigliare ! »

Jean François Principiano

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