Christian Estrosi (LR) : « Je veux être un accompagnateur des maires »

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Député-maire de Nice et ancien ministre, Christian Estrosi est parti à la reconquête de la Région, adoubé par Nicolas Sarkozy, président des « Républicains », souvent croisé à ses côtés ces dernières semaines. Dans l’interview qu’il nous a accordée, Christian Estrosi met en perspective sa confrontation avec son adversaire FN, Marion Maréchal-Le Pen, fait le bilan des 18 années de gestion socialiste en PACA, avance des idées en matière de sécurité – notamment dans les transports -, parle d’emploi, des atouts économiques de la région, et confirme son engagement à abandonner son mandat de député s’il est élu, le 13 décembre prochain, à la présidence de la Région.

TV83 : Les sondages vous donnent vainqueur des élections Régionales en PACA, malgré une très forte pression du FN au premier tour. Comment abordez-vous cette campagne face à une jeune candidate telle que Marion Maréchal-Le Pen qui ne craint pas de se confronter à une personnalité politique telle que vous ?
Christian Estrosi : Je regarde toujours avec beaucoup de précaution et de prudence les sondages. Surtout cinq mois avant une élection. Nous serons dans un scrutin de listes à la proportionnelle et, dans notre région comme d’ailleurs la plupart des treize régions de la France métropolitaine, il y aura vraisemblablement trois listes au deuxième tour. Avec un tiers des voix chacune. Celui qui fera un ou deux pour-cent de plus remportera la majorité des sièges. Lors d’un tel scrutin, on ne peut pas jouer. Voter socialiste, c’est valider 18 ans de déclin de notre région. Voter FN, c’est aider les socialistes à s’accrocher six ans de plus à leur mandat. Aujourd’hui, j’ai réussi un vaste rassemblement entre la droite républicaine et du centre. Chacun connait mes valeurs de fermeté et en même temps d’ouverture. Avec nos amis du centre, nous avons créé une plateforme la plus large possible pour prendre en compte les vrais critères sur lesquels la Région peut changer la vie de ses habitants. C’est le seul débat qui m’intéresse.

Quels sont vos arguments pour demander au FN d’exclure Marion Maréchal-Le Pen après sa décision d’accueilli sur sa liste l’ancien militant identitaire Philippe Vardon ?
J’espère que vous n’avez pas pris cela au premier degré mais au second. C’était pour moi le moyen de dénoncer une sorte d’imposture de Marine Le Pen. D’un côté elle suspend son père pour antisémitisme et de l’autre elle cautionne le fait que sa nièce fasse ce que son grand-père n’avait jamais osé faire avec un représentant du bloc identitaire condamné pour antisémitisme et racisme. Marine le Pen cautionne également, à travers sa nièce, la christianophobie que celle-ci exprimait il y a peu en comparant la Réforme protestante à l’Occupation par les nazis.

« La porosité vient de la gauche, pas de chez nous »

Quelle a été votre réaction lorsque Marion Maréchal-Le Pen a désigné votre ancien adjoint, Olivier Bettati, tête de liste FN dans les Alpes-Maritimes ?
La personne dont vous parlez a sans doute été l’un des plus mauvais adjoints. Dès les premiers mois de mandat, en 2008, j’ai dû le mettre à l’écart d’un certain nombre de ses responsabilités tant il était incapable de les assumer. Aujourd’hui, il ne vient pas de chez moi mais d’une alliance avec un conseiller général socialiste aux dernières élections municipales. Un parcours en zigzag qui démontre bien que le FN a quitté tous ses repères. Ses électeurs finiront par ne plus s’y retrouver. La porosité vient donc de la gauche, pas de chez nous. Je suis plutôt satisfait de ce choix qui démontrera aux électeurs tentés par le vote FN, que nous incarnons les vraies valeurs de la droite républicaine et n’avons jamais changé de ligne de conduite.

Quelles solutions proposez-vous pour relancer l’économie et provoquer la création d’emplois ?
Nous sommes la région de France qui a le plus fort taux de chômage avec 11,7% quand la moyenne nationale est d’un peu plus de 10%. Dans le domaine agricole, nous avons des dizaines de viticulteurs qui produisent des vins AOC d’une très grande qualité. Nous avons également une politique basée sur les pôle de compétitivité installés lorsque j’étais ministre, dont près d’une douzaine dans le domaine des technologies de l’information et de la communication, ou dans le domaine de l’environnement. Sans oublier celui des parfums, à Forcalquier et à Grasse, ou le domaine du pôle mer et du pôle risques dont j’ai installé le siège à Toulon. Ils sont aujourd’hui des pôles mondiaux de très grande dimension. Nous sommes une Région où, si nous mettons enfin en phase nos formations avec l’offre faite par les PME, les grands groupes et les TPE, nous pourrons inverser la courbe du chômage des jeunes notamment.

« La vidéosurveillance dans les TER et une brigade des transports »

Quelle place accordez-vous à la sécurité dans cette campagne électorale ?
Une place majeure. Même si ça n’est pas une compétence de la Région, je ne peux plus accepter le laxisme de la politique menée par Mme Taubira. Les délits que j’avais créé par amendement en 2002, sont défaits les uns après les autres. En Région, nous avons la responsabilité des transports. Si vous saviez le nombre de gens qui souffrent d’angoisse en montant dans les transports où ils se font insulter, agresser. Il y a trois semaines, j’ai installé dans le tramway de Nice un système de vidéo surveillance en direct relié à notre centre de vidéosurveillance. En moins de trois semaines, les délits ont baissé de 80%. J’installerai le même système dans les TER et je mettrai en place une brigade des transports. Je pense également au racket dans les lycées qui sont de notre compétence. Il est temps d’apprendre à une certaine jeunesse dont les parents n’assument pas forcément leurs responsabilités, quelques règles de vie. Par rapport aux flux migratoires, nous renforcerons les moyens de signalement mis au service de l’Etat car il y a beaucoup à faire, notamment dans les foyers de djihadistes. Je veux être un accompagnateur des maires, notamment pour qu’ils s’équipent en moyens de vidéosurveillance, pour qu’ils équipent leur police municipale, pour qu’ils soient renforcés là où ils sont souvent livrés à eux-mêmes. Je suis le candidat qui veut changer la vie des habitants avec la Région.

Ferez-vous du dossier de la ligne ferroviaire à grande vitesse en PACA une priorité ?
Non, je n’en ferai pas une priorité. Ma priorité, c’est la vie quotidienne de nos concitoyens. Je pèserai notamment de tout mon poids sur un sujet majeur en matière de transports : la desserte aérienne du Var qui est la première destination touristique en France avec près de 9 millions de touristes chaque année pour une activité qui pèse 3,4 milliards d’euros. Nous avons à peu près les mêmes chiffres que dans les Alpes-Maritimes et nous devons veiller à ce que les Bouches du Rhône, les Alpes et le Vaucluse deviennent de grandes destinations touristiques. La Région peut peser sur tout cela de manière très active. Le Var représente 20% de l’activité économique de la région, un facteur qui n’a pas été suffisamment pris en compte ces dernières années.

« Si je suis élu, je quitterai l’Assemblée nationale »

Marseille est la capitale politique et administrative de la région PACA. Comment le niçois que vous êtes vit-il cette situation et pensez-vous à un possible rééquilibrage entre Nice et Marseille ?
Je ne suis pas parisien comme Mme Le Pen. Je suis contribuable de la Région depuis des années pour être né ici. En face de moi, j’ai une candidate qui s’est présentée aux législatives en Ile-de-France et qui, aujourd’hui, est député d’une circonscription du Vaucluse où elle ne met que très rarement les pieds. Je me sens donc le président potentiel d’une Région dont la capitale administrative est Marseille, mais qui a bien compris qu’en raison de sa dimension, il fallait que chaque département ait une administration décentralisée. Il n’y a pas l’élu de Forcalquier contre l’élu de Nice, ou contre élu de Carqueiranne. Chacun doit assumer ses responsabilités et, en matière de mandats, je mets au défi les deux autres candidats de dire très clairement les choses. Moi, le 13 décembre, si je suis élu, je quitterai l’Assemblée nationale pour me consacrer à la présidence de cette Région. À 300% !

Pourquoi Nicolas Sarkozy est-il aussi présent depuis le lancement de votre campagne ? Est-il un atout ou un handicap ?
J’ai accompagné Nicolas Sarkozy pour son retour sur la scène politique à un moment où l’UMP était en pleine déliquescence. Il a réussi à lui redonner une cohésion, à nous doter de nouveaux statuts, à établir une charte des primaires pour savoir qui d’entre-nous sera la ou le mieux placé pour aborder l’échéance présidentielle, avec les forces de droite et du centre. Nicolas Sarkozy se déplace dans toute la France en tant que président de ma formation politique. Personne ne comprendrait qu’il ait boudé une ou deux réunions, notamment la semaine dernière le départ de la caravane des Jeunes Républicains qui est partie de Nice et arrivera à la fin du mois d’août au Touquet. Bien évidemment, là où j’entends être candidat à la présidence de la Région, avec la personnalité d’un homme ayant une relation privilégiée et particulière avec chacun, quelle que soit sa condition, son origine sociale ou culturelle et qui se reconnait dans les valeurs de la république, que des personnalités politiques viennent encourager ma démarche, la saluent et la reconnaissent comme un modèle transférable à l’échelon national, je ne peux que m’en réjouir.

Appréciez-vous que l’un de vos colistiers vous présente comme le « Reagan azuréen » ?
J’avais beaucoup d’admiration pour Ronald Reagan. Lorsqu’il a été élu président Républicain des Etats-Unis, le pays était en plein déclin avec l’explosion du chômage. En deux mandats, Ronald Reagan a redonné une dignité aux USA, relancé un sens patriotique, la croissance, et apporté le plein emploi. Que mon ami Julien Aubert prenne Reagan en référence pour dire qu’après tout je pourrais incarner cette voie, je trouve cela sympathique. Mais je ne l’avais pas sollicité pour autant.

Propos recueillis par B.A.

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