L’assemblée nationale votait, mardi dernier 23 juillet, pour ou contre l’accord de libre-échange entre l’UE et le Canada mis en oeuvre par le gouvernement avant que le parlement l’ait ratifié.
Bel exemple de démocratie : l’UE décide et les gouvernements appliquent avant de le faire avaliser par une majorité de députés nationaux…loin de représenter une majorité de citoyens !
Bien entendu, la consultation du peuple français par référendum ne leur est pas venue à l’esprit. Des fois que le NON l’emporte comme en 2005 ? Hypothèse sérieuse vu la cote de popularité du pouvoir, très minoritaire. Il aurait fallu ouvrir un « grand débat » mais pas comme celui confisqué par Macron durant trois mois pour déconsidérer le mouvement des gilets jaunes.
Un débat public donnant la parole aux citoyens sur les enjeux d’un tel accord, en toute transparence et égalité d’expression pour qu’ils se prononcent en connaissance de cause.
Et pas un 23 juillet, entre une future réforme des retraites et une adoption de la réforme du statut de la fonction publique passée, médiatiquement, presque inaperçue en raison de la canicule et de l’affaire de ce pauvre ministre de la transition écologique qui a démissionné sans faire la preuve qu’il était victime de diffamation.
Le CETA a bénéficié d’un peu plus d’intérêt médiatique : le même jour du vote, la jeune suédoise de 17 ans, Gréta Thunberg, à l’origine du mouvement international de grèves scolaires pour le climat, était invitée à s’exprimer devant les députés.
Véritable égérie des jeunes, conscients que la planète brûle et que les décideurs regardent ailleurs, elle a eu des paroles très fortes pour que des actes suivent les déclarations d’intention et que les choix budgétaires traduisent la volonté des hommes et des femmes de pouvoir, d’engager les pays dans une voie qui permette de tenir leurs propres engagements. Ce qui est loin d’être le cas.
« Que vous n’écoutiez pas les enfants, ce n’est pas grave…mais écoutez les scientifiques « ! a-t-elle lancé avec son air sérieux et réfléchi, une assurance qui étonne tant elle sonne juste.
Le même jour donc l’assemblée passait aux actes et une majorité de députés.es de LREM, réduite mais suffisante, approuvait « un accord qui, à l’évidence, augmentera notre empreinte carbone et constitue un danger sanitaire, agricole et social »…comme l’a exprimé le groupe communiste et républicain, puisqu’il prévoit, par exemple, d’importer du pétrole issu des sables bitumeux, contrairement aux accords de Paris.
Il y a bien d’autres aspects négatifs dans ce traité : « ce sera plus de pesticides interdits en Europe, plus de viande aux hormones et antibiotiques nourrie aux farines animales et au maïs OGM, la remise en cause du principe de précaution en matière de perturbateurs endocriniens... »quoi qu’en disent les marcheurs et leur premier de cordée, plus enclins aux cadeaux à Bayer-Monsanto et aux grands groupes multinationaux.
Le « verdissement » du discours contredit les actes du gouvernement, comme celui de maintenir les subventions fiscales aux énergies fossiles, de baisser le crédit d’impôt pour la transition écologique…
D’où un certain malaise au sein même du groupe parlementaire LREM, qui s’est traduit par l’abstention de 54 députés macronistes et le vote contre de 8 autres ! Mais une courte majorité tout de même : 265 votes POUR ont suffi. 211 ont voté CONTRE. Il ya eu 77 abstentions.
Dans le Var les deux députés LR, Geneviève Lévy et Jean-Louis Masson ont voté contre.
Cinq des six députés.es LREM ont voté pour. Cécile Muschotti s’est abstenue.
C’est lourd à porter à neuf mois des municipales. D’autant que la bataille n’est pas terminée. Le Sénat va se prononcer cet automne. Il est à majorité de droite -laquelle a voté majoritairement contre le traité à l’assemblée nationale ! Quelques centristes ont voté pour mais les groupes de gauche ont voté contre également.
Rien n’est joué. Comme pour le référendum d’initiative partagée concernant les ADP (Aéroports de Paris, gros enjeu) que le pouvoir a dû accepter. Il ne fait rien pour le populariser. Saisissons l’occasion pour exprimer (par internet) le refus de sa privatisation.
Tout se tient.
René Fredon