La petite ville de Carqueiranne a eu une idée très sympathique : créer son carnaval et l’offrir au plus grand nombre et en particulier aux enfants. Renouant avec une tradition bien provençale son Carnaval de ville (à la fois intérieur dans la salle des fêtes) et sur la place publique aura lieu Mardi 25 février La fête battra son plein pour le bonheur de tous à partir de 10h jusqu’au crépuscule.
Une origine païenne
La singularité du Carnaval est simple : porter des masques, inverser les rôles et faire la fête ! Le fait d’inverser les rôles est une pratique que l’on retrouve dans de nombreuses fêtes de l’Antiquité, qui aurait sûrement inspiré le Carnaval tel qu’on le connait aujourd’hui. Parmi ces pratiques : celles de la fête des Sacées, sous l’Ancienne Babylone au IIe siècle avant J-C, lors de laquelle les esclaves et leurs maîtres échangeaient leurs rôles respectif durant 5 jours consécutifs.
Le principe d’échanger les rôles se retrouve également dans la Rome Antique, lors des Saturnales, de grandes fêtes célébrées à Rome à l’occasion du solstice d’hiver et en l’honneur du dieu de l’agriculture et du temps, Saturne. Là encore, esclaves et maîtres échangeaient leurs rôles pendant un à huit jours, selon les époques.
Venise s’en mêle
À Venise, République Maritime prospère, dés le X° siècle, on faisait la fête autour du Carronavale, un char flottant décoré qui traversait le grand canal. C’est l’origine moderne du carnaval mot signifiant la proximité avec la mer ou la pression sociale est canalisée et récupérée dans une fête débridée ou le sexe et la violence sont instrumentalisés à des fins de paix sociale. « Pendant que tu t’amuses, tu ne fais pas la Révolution ! ».Proverbe vénitien. Quando fai caronavale niun ti ribelli !
Une transgression récupérée
Comme de nombreuses autres fêtes au départ païennes, le Carnaval a d’abord été rejeté par l’Église, puis adapté aux traditions chrétiennes. On se déguise, on s’amuse, on chante et surtout, on inverse les rôles. Les riches se déguisent en pauvres, les enfants en adultes et les garçons et les filles échangent même leurs rôles ! Une fête que les cours royales célébraient également, en organisant de somptueuses réceptions et des animations dans les rues.
Apprivoiser la mort
Quant à la pratique de porter un masque le jour du Carnaval, elle provient du monde des pêcheurs vénitiens, persuadé que si les morts revenaient parmi eux à la fin de l’hiver, de meilleures pêches seraient obtenues par la suite. En portant un masque et un déguisement, les vénitiens pensaient attirer les morts, afin d’obtenir de bonnes pêches au printemps.
Une tradition varoise des fêtes populaires
On sait peu que tous ces villages du Var littoral et moyen (ex le plomb à la Londe, le Zinc aux Bormettes avec Schneider, Carqueiranne, La Garde, Carnoules, la Seyne, Saint-Raphaël, les Porphyres du Dramont…) ont eu une longue période ouvrière d’extraction minière entre 1870 et 1930 où allaient de pair, luttes sociales (réclamant la journée de travail de 10h !) avec les journées de fêtes et de carnaval. Cette période a été bien étudiée dans le beau travail d’historien de Jean Masse dans les Annales du Midi (Les grèves des mineurs et carriers du Var de 1871 à 1921).
Peut être sans le savoir, ou bien en le sachant, les responsables des fêtes de Mardi 25 février renouent avec une tradition populaire locale du Carnaval. Un événement sympathique à ne pas manquer. Donc !
Jean-François Principiano
Mardi 25 février de 10h à 18h Carnaval de la ville de Carqueiranne. 04 94 01 40 40.Toutes les animations sont gratuites.