Budget des Armées : priorité au nucléaire !

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Deux députées varoises de la majorité LERM, Sereine Mauborgne et Emilie Guérel, membres de la commission de la défense, ont dit tout le bien qu’elles pensaient de la loi de programmation militaire (LPM) qui vient d’être adoptée. Le contraire eût été étonna.

Une pleine page du quotidien régional samedi 24 mars pour se réjouir de la hausse du budget de nos armées, en 2018 mais pas seulement car il s’agit de programmer sur plusieurs années les dépenses lourdes dont nos armées ont besoin pour l’entretien et le renouvellement de leurs équipements (avions, navires, matériel au sol, armements…etc).

Encore faudrait-il débattre de la vocation de la France et de son armée dans un contexte mondial aussi instable et pourquoi il est instable ? Pourquoi sommes-nous intégrés à l’OTAN sous commandement américain, avec l’Europe ? Pourquoi sommes-nous l’un des premiers marchands d’armes au monde et, concurrence oblige, sans nous préoccuper de l’usage qui en est fait par nos clients ? Pourquoi, sous prétexte de dissuasion, continuons-nous de développer notre arsenal nucléaire, au lieu de nous inscrire dans les processus de dénucléarisation simultanée que préconise régulièrement l’ONU ? Pourquoi nos arsenaux d’État dont la vocation consiste à produire et à entretenir nos matériels et nos équipements nécessaires à la préservation de notre indépendance, sont-ils dépouillés et privatisés ? Pourquoi notre patrimoine immobilier militaire est-il vendu à la découpe ? (Port de Toulon)

« Pour mieux coopérer en Europe… » ? nous dit la députée de la 4è circonscription. Logique pour un président qui nous conduit vers le fédéralisme, donc vers plus d’intégration politique et moins d’indépendance nationale. La rentabilité des capitaux d’abord, l’austérité renforcée et le modèle social effacé…si on laisse faire.

Ces questions et bien d’autres qui intéressent les citoyens ne sont pas abordées. « C’est un budget dont on peut être fiers… » nous assène Sereine Mauborgne puisqu’il augmente de 1,7 mds d’euros chaque année jusqu’en 2022, puis de 3,3 mds jusqu’en 2025. On est bien avancé.

Il ne sera pas question du tout de la partie consacrée au nucléaire. Pourtant 25 mds y seront affectés jusqu’en 2023 pour le renouvellement et la modernisation de nos deux composantes de la dissuasion nucléaire que sont la Marine et l’Aviation. Et par la suite 6 mds par an, 60% de plus que la précédente LPM. E. Macron y voit « la clef de voûte de notre stratégie de défense ».

Comment ne pas voir que cela stimule d’autres États à en faire autant et même à vouloir accéder à l’arme nucléaire ? On est dans l’escalade, dans le refus de la réduction des arsenaux nucléaires ! Comme l’a souligné notamment André Chassaigne président du groupe communiste à l’assemblée nationale tout en notant le retard pris en matière d’équipements de base des militaires et quelques avancées concernant les services de santé.

Quelles initiatives prend-on ainsi que « la communauté internationale », comme on dit, pour arrêter Israël dans sa politique d’annexion et de répression du peuple palestinien ?

Que fait-on pour protéger les Kurdes, nos alliés très efficaces pour chasser Daesch d’Irak et de Syrie et que le dictateur turc pourchasse, hors de ses frontières ? On ferme les yeux. Il ne faut pas mécontenter ses clients ?

Quelle satisfaction que de voir, ce week-end, la jeunesse américaine se lever par millions pour que s’arrête la banalisation du port d’armes. Une date historique riche d’enseignements sur la volonté de la nouvelle génération de dire « STOP aux armes à feu » et à leur vente libre. Ils veulent faire changer la législation ! Trump a du souci à se faire.

Il ne s’agit pas de baisser la garde contre le terrorisme, encore loin d’être éradiqué et qui permet à certains, pas seulement à l’extrême-droite, de faire l’amalgame avec toute une religion. Ni, comme s’y apprête le gouvernement, d’en profiter pour durcir l’accueil des migrants mais de rendre plus efficace l’ensemble du dispositif de renseignements et de sécurité intérieure.

La dissuasion nucléaire n’a, bien sûr, aucun effet sur les fanatiques conditionnés aux meurtres de masses, d’autant plus revanchards qu’ils ont été chassés de leurs bases. Au prix de millions de réfugiés.

Quant à la députée de la 7è circonscription, elle a déposé trois amendements, un sur la journée « défense et citoyenneté » qu’elle souhaite faire évoluer et deux sur la compétitivité et l’innovation -un langage très à la mode- de nos PME pour les associer au secteur de la Défense, à visée quelque peu électoraliste. D’ailleurs sa propre majorité n’a retenu que le premier, à portée très limitée.

Le débat sur l’opportunité ou non de développer l’arsenal nucléaire n’aura pas lieu. La France n’a pas signé l’été dernier le traité de non-prolifération des armes nucléaires à l’ONU, comme les autres puissances nucléaires. 130 pays l’ont signé.

Comme l’écrit Anne-Sophie Simpere de Bastamag : « Quelle est la réalité de l’autonomie stratégique française quand des groupes aux compétences essentielles pour le maintien de notre arsenal nucléaire passent ou pourraient passer sous contrôle étranger ? »

Très bonne question qui pourrait s’appliquer aussi à nos aéroports ainsi qu’à nos fleurons industriels, nos grands services publics dépecés, EDF-GDF, France-Télécom, l’Aérospatiale, la Poste et maintenant la SNCF…et l’ensemble des services publics rationnés, filialisés avant privatisations.

La dissuasion nucléaire d’abord ? C’est tout un symbole.

René Fredon

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