L’annonce fait grand bruit : 1 800 postes seront supprimés dans les lycées et collèges en 2019 ! 400 administratifs et 1 400 enseignants, une paille. Cela avec 40 000 élèves de plus ! Voilà qui a immédiatement soulevé un tollé des enseignants bien sûr qui vont voir s’aggraver un peu plus leurs conditions de travail et donc la qualité de l’enseignement à des enfants et à des jeunes de plus en plus nombreux.
Mais aussi chez les parents d’élèves et les jeunes eux-mêmes dont les conditions de scolarité sont loin d’être idéales et promises à de nouvelles régressions, ne serait-ce qu’en termes d’effectifs par classe et de choix des matières souhaitées.
Le Syndicat national des enseignants du secondaire (SNES) avait alerté, dès juin, la profession et l’opinion publique, parlant de « dégradation historique dans le secondaire à la rentrée 2018 ». Et ça va sérieusement s’aggraver en 2019 : bonjour la « priorité à l’école »!
Le ministre trouve que ce n’est pas si grave puisque son budget augmente très légèrement mais moins que l’inflation et qu’il disposera de crédits pour les heures supplémentaires « exonérées de cotisations salariales », ce qui, dit-il, augmentera le pouvoir d’achat des profs !!
« Travailler plus pour gagner plus… »voyons ? Mais les enseignants en font déjà des heures sup, ce qu’ils réclament, c’est des postes pour mieux travailler, avec moins d’élèves, première condition de la qualité de l’enseignement et de l’égalité des chances à l’école. Dans les lycées 61% des classes dépassent les 30 élèves.
En termes de salaires des enseignants, la France est très en retard, comme en matière d’effectifs par classe dans le service public. Voudrait-on pousser enseignants et familles à le quitter ?
Depuis qu’un ministre socialiste (Claude Allègre) s’était fait remarquer, sous Chirac-Jospin, en voulant « dégraisser le mammouth » tous les gouvernements se sont employés à « maîtriser » les dépenses, comme ils disent et malgré la concurrence organisée avec le privé, comme dans la santé, l’école de la République a rempli sa tâche dans des circonstances aggravées, ses personnels et les familles ne cessant de constater l’insuffisance des moyens dont elle est dotée.
Elle ne peut pas être tenue pour responsable des politiques d’austérité qui handicapent sa vocation à réduire les inégalités sociales. Ni des régressions sociales tous azimuts auxquelles on assiste qui vont en sens inverse des annonces démagogiques du gouvernement.
Sarkozy avait sérieusement « dégraissé » (moins 50 000 postes) avant que Hollande ne rectifie le tir (+60 000 dont près de la moitié de stagiaires). Macron déclarait sanctuariser l’école publique et « révolutionner » la formation initiale. C’est mal parti. On n’est pas obligé de laisser faire. Ni de prendre pour argent comptant les déclarations complaisantes de la député LREM, Cécile Muschotti, datées du 30 août dernier. (Voir tv83)
« En cette rentrée, de la maternelle au lycée, nous amplifions les perspectives ouvertes à la
rentrée passée et nous déployons les mesures présentées au cours des mois écoulés. Il s’agit de permettre à tous les élèves de mieux maîtriser les savoirs fondamentaux…et d’être mieux accompagnés vers leur avenir. »
Une déclaration qui se voulait solennelle à la veille de la rentrée. Mme la députée ne devait pas être au parfum, bien que membre de la commission des affaires culturelles et de l’éducation. Inutile de dire que la région PACA en forte évolution démographique est particulièrement concernée par le talon de fer de la super austérité qui ne connaît pas de répit. Et fera encore plus de victimes en termes de décrochage scolaire.
Rappelons que 120 000 emplois dans la fonction publique doivent être supprimés d’ici la fin du quinquennat. A qui profite ce démantèlement des services publics ? A ceux qui en bénéficient ou aux exigences des marchés et des intérêts financiers d’une minorité. Cette logique est mortifère. Moins d’État c’est moins de régulation, de redistribution…et plus d’emprise du capital sur l’économie au détriment de la justice sociale, du progrès humain et de l’environnement. On le vit tous les jours.
En Angleterre, les sociétés privées qui avaient fondu sur le dépeçage du rail public, n’en tirent pas assez de bénéfices et l’État libéral parle de renationaliser ! Mais en la circonstance, il s’agit de socialiser les pertes du privé et d’alourdir la charge des contribuables. Tandis que les profits restent privés…tant que les rapports sociaux restent ce qu’ils sont.
Tout un monde à changer : le vieux monde.
René Fredon