Arcadi Volodos à la Roque d’Antheron

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Le piano en majesté !
Mis à mal par la pandémie le Festival a quand même brillé cette année de quelques feux prestigieux d’autant plus beaux qu’ils eurent lieu dans un contexte singulier.
Ainsi le récital Liszt (1811-1886) donné au Parc de Florans à jauge réduite par le russe

Arcadi Volodos

Arcadi Volodos le 5 août.
La soirée s’ouvrait par l’énigmatique Ballade N° II du maître de Weimar. Volodos dès les premières mesures prend le choix de l’intériorité ce qui semble dérouter le public. Cette œuvre difficile de la maturité du compositeur nécessite un refus emblématique d’extériorisation gratuite. C’est de la musique pour soi qui permet à Liszt de faire le bilan sur sa vie. Peu à peu le jeu s’anime et la beauté du son n’a d’égale que l’originalité de l’interprétation.

Franz Liszt

Saint-François d’Assise prêchant aux oiseaux est dénommé « légende » et la partition date de 1865. Dans ce morceau très descriptif (on perçoit jusqu’aux pépiements des oiseaux) Franz Liszt (1811-1886) compose un dialogue poétique entre le Poverello et la nature. La volubilité du chant des volatiles contraste avec la simplicité, la douceur, la tranquillité, mais aussi la solennité et la passion du discours de François. La légende raconte que les oiseaux attendirent pour s’envoler la bénédiction du saint, et c’est en trois arpèges ascendants que se termine cette pièce, d’une infinie légèreté. Volodos en a donné une version très personnelle avec des décalages inattendus et des accentuations délicates soulignant l’humilité du Saint face aux mystères de la nature.
Après un Schuman brillant mais plus conventionnel, il se surpassa dans la série de bis. En particulier soulignons deux menuets de Schubert joués avec une originalité et des tempi d’une grande délicatesse. Toute l’humanité sous ses doigts ! mais là encore sans effets ostentatoires. La pureté d’un son perlé tenant l’auditoire en haleine. Le menuet en do dièse mineur D 600 en particulier a été sans doute un moment rare dans cette nuit pianistique. Une musique testamentaire, recueillie, aux bords de la prière et transfigurée par l’interprète. (vidéo)
Une des spécialités de Volodos est d’avoir défendu la musique si précieuse et mystérieuse de Federico Mompou (1893-1987) ce compositeur catalan de pièces pour piano, dont l’écriture se caractérise par une grande simplicité notamment par l’absence de barres de mesure lui permettant ainsi une grande souplesse dans ses mélodies. C’est avec El Lago, cette perle, qu’il termina ce récital bouleversant sous une standing ovation largement méritée.
Le Festival de la Roque d’Antheron se poursuit jusqu’au 21 août avec notamment des concerts dans un lieu à découvrir à 10h à l’Auditorium du Parc.
Infos et réservations : Festival International de Piano de La Roque d’Anthéron Parc du Château de Florans 13640 La Roque d’Anthéron Tel : +33 (0)4 42 50 51 15 info@festival-piano.com
Jean-François Principiano

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