Août 1707 le siège de Toulon.

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Puisqu’on en est aux commémorations du 15 août et du débarquement, un petit coup d’œil dans le rétroviseur de l’Histoire nous ramène à cet autre mois d’août de 1707 ou l’histoire de Toulon et du Var se télescope aussi avec l’histoire mondiale.

Un bulletin de l’Académie du Var récemment édité nous permet de suivre pas à pas cet événement majeur qui fut une grande victoire nationale et qui arracha à Louis XIV l’exclamation célèbre « Les toulonnais oh les braves gens ! » Fernand Braudel en a brossé aussi un récit saisissant dans son livre l’Identité de la France.

1707 : la France est en Guerre. La Guerre de succession d’Espagne. À la mort du roi Charles II d’Espagne le petit fils du Roi Soleil, le duc d’Anjou est choisi pour prendre la succession du monarque défunt. Philippe II, pourrait devenir le roi le plus puissant d’Europe en héritant du royaume de France. Les autres pays, Angleterre, Autriche Hollande montent une coalition contre Louis XIV à laquelle s’ajoute le duc de Savoie.

Le maréchal de Tessé

La Guerre dure depuis six ans et la France est presque à genoux. Le coup final devait être la prise de Toulon. Commandé par un grand capitaine le Prince Eugène, les armées coalisées traversent les Alpes pour assiéger Toulon tandis que les anglais devaient bombarder le port. Alors Louis XIV demande au commandant de l’armée des alpes le Maréchal de Tessé de rejoindre au plus vite Toulon. Il arrive à temps pour remonter les fortifications et galvaniser la population alors que les armées coalisées s’attardent le long de la côte d’azur.

 

Résistance populaire
Pendant ce temps la population toulonnaise s’organise pour le siège sur les conseils du comte de Grignan gouverneur de Provence. L’évêque Monseigneur Chalucet se démène pour faire rentrer des provisions en vue du siège. Des bâtiments sont rasés (le beau couvent des Minimes), des rues sont dépavés « pour éviter les éclats de pierres par le choc des boulets et des bombes ». Un boulet restera d’ailleurs logé dans les murailles (actuellement le long du cour Lafayette) témoin de cet épisode. Fin juillet les coalisés pillent Cuers, Pierrefeu, Solliés. Les anglais bombardent Sanary. Le gros des forces antifrançaises est stationné à Pignans. Le Var est pris en tenaille. Début août le Faron est pris. Les Toulonnais sont sous le feu de la mitraille ennemi. Vont-ils tenir ! La Garde et le Revest sont incendiés. Le 10 août plusieurs quartiers de Toulon reçoivent une pluie de boulets. Le peuple varois fait preuve d’un courage héroïque Le roi de France enverra à Tessé une lettre brûlante de reconnaissance « Remerciez tous ces braves gens ! »

Le Marechal de Tessé.
Le 15 août une contre-offensive française est lancée sur la Rode. C’est au tour des bataillons ennemis d’être pris à revers. Le 17, les coalisés abandonnent la plaine au sud (à l’entrée actuelle de l’autoroute-est). Le prince de Saxe Gotha est tué le 18. Le duc de Wurtemberg est mortellement blessé. Les renforts ennemis pourraient venir de la mer mais un fort mistral se lève. Des combats sporadiques dureront jusqu’au 21 août. Les coalisés quittèrent la place en pillant tout le Var sur leur passage. Mais la victoire royale était totale. Toulon sortira meurtri de ce siège. La ville mit longtemps à panser ses plaies. Aux alentours, vignes et vergers, tout était ravagé. Paradoxalement le Maréchal de Tessé à qui l’on doit la victoire tomba en disgrâce  car il laissa s’échapper le duc de Savoie qui avait trahi le roi de France. Louis XIV ne le lui pardonna pas. Mais les toulonnais, eux, baptiseront de son nom glorieux la belle artère de la ville qui conduit à la Gare.

Jean François Principiano

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