Macron : lettre ouverte et débat fermé

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On n’avait pas besoin d’un tel cadrage pour sentir que le « débat national » promis sous la pression des gilets jaunes, avait pour seul objectif de mettre fin aux manifestations de rue qui durent depuis plus deux mois, émaillées de violences très minoritaires attribuées au mouvement lui-même, qui, pour regrettables qu’elles soient, n’ont pas suffi à les isoler dans l’opinion publique.

Parce qu’ils portent des revendications partagées bien au-delà de ce qu’ils représentent et que le pouvoir continue à être dans le déni. Ils dérangent parce qu’ils ne sont pas structurés et n’ont pas de programme précis et cohérent, disent ses détracteurs. Ils se méfient des récupérations politiciennes, bien que très courtisés.

Ils tiennent bon et Macron a durci la répression sans rien lâcher de ses choix politiques inégalitaires jetant des millions de familles dans la précarité quand ce n’est pas dans la détresse.

Répondant en cela aux exigences d’une Europe arrimée aux marchés financiers, écrasant les peuples et privilégiant le capital, au détriment du travail.

Pour celles et ceux qui auront lu jusqu’au bout ce texte consistant, ils auront remarqué son côté exhaustif et très directif, une nouvelle leçon qui nous est adressée, justifiant les choix qui, justement, ne passent pas et que le monarque n’a pas l’intention d’abandonner. Les exemples abondent, le plus significatif étant le refus de reconsidérer l’abandon de l’ISF, symbole des privilèges aux premiers de cordée.

Un exercice de pédagogie et de tentative de reprise en main d’une situation de crise profonde, sociale, politique, démocratique…qui lui échappe et qui bouleverse son calendrier, après avoir reculé et fait des promesses très limitées pour désamorçer le mouvement qui a surgi et qui a repris de la vigueur.

À supposer que les citoyens s’emparent des questions énoncées par le président et que certaines réponses ne lui conviennent pas ou soient carrément opposées aux siennes et sortent du cadre, que va-t-il en faire ?

Ce n’est pas le flot de professions de foi trop souvent entendues auxquelles ils veut rester fidèle qui convaincra de l’évolution possible de sa pensée et de ses choix politiques bien arrêtés. Il exclut de revenir sur les réformes réalisées : « Nous ne reviendrons pas sur les mesures que nous avons prises…pour encourager l’investissement…nous ne pouvons poursuivre les baisses d’impôts sans baisser le niveau global de notre dépense publique… » !!

De quoi va-t-on parler puisque c’est ça le problème central : le pouvoir d’achat, la justice fiscale, les services publics, la réduction des inégalités…Il attend quoi : que nous décidions nous-mêmes des moyens de nous serrer la ceinture. Sans jamais évoquer les centaines de milliards qui s’évadent et n’entrent pas dans les caisses de l’État ? Pendant que l’indécence des très riches s’étale comme le fruit du mérite individuel ! Quel mépris pour tous les autres.

C’est prendre les citoyens pour des imbéciles que de croire qu’un tel débat biaisé va occuper l’espace médiatique pendant deux mois pour nous faire oublier le quotidien et calmer les ardeurs revendicatives ? Les actes attendront ! C’est ce qui entretient la méfiance.

Rien n’empêche que s’expriment toutes les opinions et propositions possibles sur les cahiers de doléances et dans les débats publics « en même temps » (comme dirait quelqu’un) que les luttes sociales continuent de se développer avec le souci de gagner en ampleur et en convergences.

René Fredon

 

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