150 maires interpellent le gouvernement

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150 maires -dont celui de La Seyne- interpellent le gouvernement et lancent l’appel de Grigny

Près de 600 participants -dont 150 maires de toutes sensibilités- de villes concernées par les problèmes des quartiers sensibles se sont réunis lundi 16 octobre à Grigny pour y tenir les États généraux de la politique de la ville.

Élus locaux, animateurs de la vie associative ont fait entendre avec force leur colère, face aux dispositions prises par le gouvernement portant atteinte aux populations les plus fragiles vivant dans ces quartiers jugés prioritaires depuis 40 ans.

Cette journée d’une tonalité très offensive a été ouverte par le maire PCF de Grigny, Philippe Rio dont l’expérience et les propositions qui ont donné lieu à un rapport interministériel sur les objectifs à atteindre d’ici 2030, témoignent de sa volonté de prendre à bras-le-corps la spécificité de ses quartiers que la crise frappe encore plus durement avec des populations jeunes et un taux de chômage à plus de 25%, un seuil de pauvreté touchant 40% des familles.

Les maires ont lancé un appel unanime visant à reconstruire une politique de la ville par ses acteurs à partir de deux objectifs : l’un immédiat, les mesures d’urgence à inclure dans le budget 2018 en cours d’élaboration, à commencer par la suspension immédiate de la réduction des contrats aidés, leur maintien et leur renouvèlement ainsi qu’un fonds d’urgence de 100 millions d’euros pour 100 quartiers confrontés aux plus grandes difficultés.

Ils demandent le doublement du budget de la ville à 1 milliard d’euros, un plan national de solidarité établi dans un délai de trois mois. Voir l’appel solennel en 10 points (1)

Les associations d’élus se sont adressées au président de la République dès le 1er août : pas de réponse. Une tribune d’élus et de collectifs d’associations parue le 17 août, également sans réponse.

Quelques jours après tombent les mesures qui font déborder le vase :
-Baisse des dotations de l’État aux communes dramatique pour les Villes les plus pauvres
-Fin des contrats aidés
-Réduction immédiate en cours d’année des aides à la politique de la ville – c’est-à-dire, pour l’essentiel, aux actions sociales, éducatives et de proximité ; une première dans notre histoire
-Baisse des APL.
-Enfin, le Congrès HLM s’est mal passé.
Par delà leurs sensibilités politiques, les maires ont insisté sur le bien-fondé de leur alerte solennelle au gouvernement, qu’ils soient communistes comme le maire de Grigny ou celui d’Allonnes, LR comme la maire de Montceau-les Mines ou celle de Chanteloup-les-Vignes, d’anciens ministres centristes comme J-L Borloo, Yves Jego, socialistes comme Marc Vuillemot président de l’association « Villes et banlieues ».

Le maire de La Seyne devait intervenir au tout début des États généraux mais la mort violente d’un homme à la cité Berthe, vendredi soir, a modifié son emploi du temps. Il avait confié son intervention à son collègue maire d’Allonnes, dans la Sarthe.(2)

Il témoignait notamment de « ces centaines et centaines d’exemples de belles réponses conçues, imaginées, expérimentées, évaluées, confortées — parfois non sans mal — qui attestent d’un potentiel optimiste des hommes et des femmes qui vivent nos quartiers ou y agissent. » Tout en dressant un constat très réaliste de la réalité.

« La misère, la perte de repères sociaux, l’impression de stigmatisation, certains médias donnant à voir le pire sans jamais valoriser le meilleur. L’image dégradée de soi-même et de son environnement de vie, le déficit d’éducation, scolaire autant que populaire, la déculturation freinant l’éveil des consciences, l’odieuse inégalité discriminante d’accès à l’emploi, même — et presque surtout — pour les plus diplômés, en particulier les jeunes adultes, victimes de leur patronyme ou de leur adresse, les freins communautaires parfois guidés, les fractures sanitaires.

Le sentiment, souvent fondé, faute de moyens et d’expérience, d’une police et d’une justice vécues comme inopérantes, la stratégie méthodique de criminels s’ingéniant à empêcher l’éradication des espaces de non-droit où ils exercent leur méfaits, constituent autant de barrières infranchissables contre lesquelles se heurtent de plus en plus rudement les initiatives pourtant innovantes et efficaces des porteurs de projets institutionnels, associatifs, sociaux et économiques… »

D’où cette détermination à ne pas baisser les bras, à ne pas laisser compromettre les acquis, déjà insuffisants mais à y développer une solidarité permettant à la créativité et à l’aspiration au vivre ensemble de se concrétiser.

« L’effort doit être constant, permanent, en évolution en fonction des nouvelles problématiques… » conclut l’appel. D’autres rendez-vous attendent les maires, les associations, les citoyens qui veulent se faire entendre de la puissance publique.

Pour le président de « Bleu, blanc, zèbre », autre association d’élus organisatrice, Jean-Philippe Acensi, « on ne peut plus se contenter de discours fumeux… »

La balle est dans le camp du « premier de cordée ».

René Fredon

 

(1) http://www.ville-et-banlieue.org/appel-de-grigny-suite-aux-etats-generaux-de-politique-de-ville-16-octobre-2017-22913.html

(2) http://data.over-blog-kiwi.com/1/45/44/92/20171016/ob_fa3cde_171016-intro-etats-gen-v-g-l.pdf

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