Un Premier Ministre LR : tout un symbôle !

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En nommant le député-maire du Havre LR, Edouard Philippe au poste de premier ministre, Emmanuel Macron a voulu conforter les libéraux, sociaux-démocrates, de droite ou du centre qu’il entendait bien diriger la France dans la même direction, au service des marchés financiers, de la mondialisation capitaliste, d’une Europe soumise aux mêmes critères de rentabilité dont il veut renforcer l’autorité politique au détriment de notre souveraineté.

Après le ralliement de Bayrou, il s’efforce d’élargir la base politique de son mouvement/parti en vue des législatives, en espérant diviser les LR, très affaiblis par les résultats de la présidentielle, les ralliement à Macron et les fuites vers le FN. Et désormais un Juppéiste à la tête du gouvernement et de la campagne législative d’En Marche.

Cela pour disposer d’une majorité de députés, ce qui est loin d’être acquis. Certains y voient un choix de cohabitation entre des forces antagoniques que le nouveau président aurait l’audace et l’intelligence de rassembler ? Pas du tout, E. Macron a les coudées franches désormais pour concrétiser les ambitions de F. Hollande, Valls et autres adeptes de la cohabitation permanente avec la droite décomplexée.

Sarkozy n’avait-il pas appelé, B. Kouchner, F. Amara, M Hirch…classés à gauche pour montrer le peu de différences dans les options politiques avec le même souci d’élargir ses soutiens pour rester au pouvoir sans que rien ne change véritablement. Simple alternance.

C’est ce qu’on a vécu avec Hollande, très content de son bilan global qu’une majorité de Français n’appréciaient pas, mécontentement qui s’est exprimé notamment par une montée en puissance du vote FN à un niveau jamais atteint. Et par l’émergence d’un bloc de gauche incarné par la FI et ses soutiens.

Le premier discours du président qui pèse ses mots, il manie aisément la langue française et même la langue de bois habituelle quand il dit, par exemple « croire aux institutions de la Vè République », ça paraît aller de soi mais il a annoncé recourir aux ordonnances dès juillet pour aller encore plus loin dans le démantèlement du code du travail, ou quand il parle de « refonder la solidarité nationale », ne faut-il pas entendre la réforme de la sécurité sociale, telle que la conçoivent le patronat et les « experts » à son service : baisse des prestations, hausse des cotisations salariales, moins de couverture des risques maladie, vieillesse, accidents, retraites à la traîne. Conditions de travail aggravées, salaires et retraites insuffisants…

« Il faut lui faire confiance, entend-on ici et là, il est jeune, quelle chance… » une journée de passation de pouvoirs, non stop à la télé…Pas un sacre de roi n’a connu une telle audience en direct ! Un peu comme si le jeune surdoué arrivait de nulle part, découvrait la politique et tout émerveillé, promettait de transformer la citrouille en carosse !

Il n’est pas entré dans le détail, certes, il l’a fait durant toute la campagne…mais que retient-on parmi cette masse de chiffres, de statistiques, si ce n’est quelques directions ? La réduction des déficits publics ? Entendez des dépenses publiques, c’est-à-dire moins de services publics, davantage d’aides aux entreprises sans contrepartie pour plus de profits aux patrons, moins de recettes fiscales par la tolérance de la fraude sociale et fiscale à grande échelle (60 à 100Mds d’euros par an tout de même !), le dumping, les travailleurs détachés, les normes environnementales pas respectées…le chômage qui explose avec les inégalités sociales et de territoires.

Le programme d’E. Macron n’a recueilli que 24 % au 1er tour, c’est ça l’adhésion à sa politique. Et il ne connaîtra pas d’état de grâce car, ce qu’il a décidé de poursuivre est bien perçu comme l’aggravation de ce qui a précédé. Enjolivée de belles formules : « les citoyens seront écoutés.. oui mais certains plus que d’autres », comme disait Coluche. Devinez lesquels ?

Autre exemple : la « simplification…l’administration sera plus clémente pour l’individu comme pour l’entreprise ? elle sera plus dans le conseil et l’accompagnement que dans la sanction… » Avec les suppressions d’effectifs aux finances, on fait rentrer moins d’argent et on pénalise moins les entreprises…il y a une cohérence ! Où sont l’éthique et l’efficacité ?

Voilà qui promet une bataille résolue pour les législatives pour la FI et ses alliés communistes qui ne se résolvent pas à l’absence d’union qui limitera les conquêtes de sièges. Ni à l’attentisme, ni à l’isolement mais à l’offensive et au rassemblement le plus large concrétisé par le plus de candidatures communes possibles dans chaque circonscription.

Ils ne laisseront pas le nouveau président « endormir » les citoyens alors que le quinquennat s’ouvre sur une déclaration de guerre aux catégories populaires et de renforcement d’une Europe politique en désintégration.

Le tout enrobé des meilleures intentions du monde portées par des têtes nouvelles (pour partie, quelques-une sincères et/ou naïves) mais sous la direction de politiciens patentés qui s’efforcent de camoufler une réalité pas prête de disparaître : la lutte des classes, tout simplement. La lutte pour la possession des richesses, pas seulement pour un meilleur partage, pour la maîtrise de la finance, de l’économie, des équilibres écologiques
et…des moyens de communication de masse. Pour une information vraiment pluraliste.

Bref, pour l’humain d’abord !

René Fredon

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